Creed 3 : l'uppercut de rage et d'émotion de Michael B Jordan - notre critique
Le 03/03/2023 à 16:47Par Olivier Portnoi
Notre avis
Après un Creed II décevant malgré la promesse d'un nouveau face à face Rocky Balboa/Ivan Drago, Michael B Jordan influe un nouveau souffle à la saga avec un Creed III rentre dedans et personnel.
"Construis ton propre héritage" Apollo Creed
Il était temps qu'Adonis Creed prenne son envol loin de son mentor pour suivre la devise de son père Apollo Creed inscrite sur le mur de son gymnase "Construis ton propre héritage". D'autant plus qu'à la fin de Creed II, Rocky lui déclare « it’s your time » comme si le vieux boxeur décidait de se mettre sur la touche et l'encourageait à tracer seul sa route.
Creed III est l'OPA de Michael B Jordan sur la franchise Rocky. A 36 ans, l'acteur passe à la réalisation pour la première fois de sa déjà riche carrière avec le soutien de Ryan Coogler (le premier Creed, Fruitvale Station et bien sûr les Black Panther).
Jordan en profite pour étoffer Adonis Creed. En explorant ce passé qu’il refoule, son personnage s’émancipe en marge de Rocky.
Oui Creed III a des airs de Rocky III alors que Creed II était bâti en écho à Rocky IV.
Avec sa présence animale, Jonathan Majors est impressionnant. On le sait excellent acteur depuis Da 5 Bloods de Spike Lee et Lovecraft Country. Il incarne avec fureur le personnage très intense de Damian (ce qui rend son incarnation de Kang d'autant plus décevante dans Ant-Man 3).
En prince déchu tentant un comeback impossible, Jonathan Majors est presque le véritable héros de Creed 3. Il symbolise ici le perdant magnifique qui importe tant à Stallone.
La mise en scène de Michael B Jordan sait être intimiste lors des tête-à-tête et percutante sur le ring. L'acteur se permet même de réinventer le légendaire combat final dans une version plus "anime japonais".
Mais plus qu’un énième film de boxe, Creed III a aussi du coeur. Michael B Jordan a compris que les Creed, à l'instar des Rocky, ne sont pas juste des films de boxe. Si Stallone ancrait sa saga dans la culture prolétaire, Jordan lui non plus n'oublie pas les fractures sociales qui secouent l'Amérique.
Qu'importe qu’Adonis soit devenu une superstar richissime (comme Rocky dans Rocky III), en tant que réalisateur, Michael B Jordan entend mettre en avant les fractures raciales, sociales, culturelles qui cisaillent la communauté afro-américaine. Sur ce point, il ne trahit en rien la mythologie Rocky et renouvelle les promesses d’origines.
Sly, ne possèdant aucun droit sur les personnages qu'il a créé en 1976, s'est mis en guerre contre le producteur Irwin Winkler et ses ayant-droits.
A nos yeux, l'histoire de Rocky n'est pas finie (on a encore envie de voir sa démarche cabossée déambuler dans les rues mal éclairées de Philadelphie). Ce qui n’empêche pas Creed III de prendre une hauteur excitante preuve que la franchise peut encore cogner très très fort.
Après s'être approprié le nom de son père, il était normal qu'Adonis s'approprie désormais la franchise de son père spirituel. On aurait juste aimé que cela se passe autrement.
A noter que c'est aussi dans le 3ème film Rocky que Balboa se sépare (malgré lui cependant) de son entraîneur Mickey (terrassé par une crise cardiaque).
par Olivier Portnoi
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