Comment tuer son boss ?
Le 16/08/2011 à 13:40Par Camille Solal
CRITIQUE DU FILM COMMENT TUER SON BOSS
Même si le film démarre de manière un peu pataude et redondante (le cycle très 'sketch' des trois scènes de travail distinctes suivie d'une scène commune dans un bar), le prologue de Comment tuer son boss ? (Horrible Bosses en V.O.) amuse néanmoins par le caractère féroce et l'humour acide déployés par une galerie de personnages hauts en couleurs. Le psycho, la nympho et le blaireau (dixit l'affiche française) forment ainsi l'atout principal du film: Kevin Spacey intrigue par son tempéramment imprévisible, Jennifer Aniston fascine en MILF très coquine et Colin Farrell amuse en jouant avec son éternelle image de beau gosse. En face, le trio Bateman-Sudeikis-Charlie Day tente de leur tenir la dragée haute mais force est de constater que leurs personnages manquent de relief et souffrent d'une caractérisation beaucoup trop formelle. Ainsi, si chacun d'entre eux a déjà prouvé son talent par le passé (Jason Bateman dans Arrested Development, Charlie Day dans It's Always Sunny in Philadelphia et Jason Sudeikis dans le Saturday Night Live), il n'en demeure pas moins que l'idée de s'axer sur ce trio au détriment de certains personnages (celui de Jennifer Aniston, de Colin Farrell et de Jamie Foxx notamment) n'est clairement pas la plus judicieuse qui soit.
Si le scénario tient dans sa main un casting de luxe, des personnages bien trempés et une idée pour le moins originale, il bazarde pourtant le tout aussi rapidement qu'il n'en faut pour dire "myrtilles". A partir du moment où la question de "Comment tuer son boss?" est posée entre deux "se faire harceler sexuellement par une femme sexy n’est pas une raison valable pour tuer" (oui parce que visiblement, ne pas avoir de promotion et voir son patron sniffer de la coke à longueur de journée sont, au contraire, des raisons légitimes), les scènes vont alors s'enchaîner sans réelle structure ni cadence. Le scénario arpente ainsi un chemin qui délaisse certains personnages, à l'humour qui retombe comme un soufflet et dont le rythme se prend de méchants plombs dans l'aile (même avec la séquence de course-poursuite). Au final, le film se paie même le luxe de retomber bien gentiment sur ses pattes, en sortant de nul part la carte Caisse de Communauté "morale à l'américaine" au moment même où il se dotait -assez péniblement- d'un rythme plus soutenu et d'un nœud un tant soit peu dramatique.
A l'évocation de son titre, on pouvait attendre de Comment tuer son boss ? une comédie à l'humour un poil irrévérencieux et aux situations un brin sulfureuses. Que nenni puisque le film de Seth Gordon ne franchit jamais le seuil du politiquement correct qu'il se plaît pourtant, bien souvent, à contempler de manière pressante. De par son côté trop sage et inoffensif, on lui préférera largement Very Bad Trip 2, l'autre récente comédie 'rated R' (interdiction au moins de 17 ans aux Etats-Unis) qui a su, même en reprenant à l'identique la recette du premier opus, offrir au spectateur un film dynamique, sans temps mort ni compromis. Pas déplaisant et même parfois amusant, Comment tuer son boss ? ne dépasse toutefois jamais son statut de simple comédie potache. Un comble à la vue de son casting 5 étoiles composé, entre autres et pour l'anecdote, de deux acteurs de la série The Wire dont le fameux Wendell "Shiiiiit" Pierce en... Eh bien, en détective bien sûr !
Critique de Comment tuer son boss ? publiée le 30 juillet 2011.