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Etrange Festival : Postal de Uwe Boll

Le 07/09/2009 à 02:04
Par
Notre avis
4 10

Ce n'est plus du lion que mange le malade mental Uwe Boll, c'est toute la savane ! Projet casse-gueule (enfin, pas plus casse-gueule que tout ce à quoi il s'est attelé) que le réalisateur traîne depuis des mois derrière lui, parcourant festivals, monts et montagnes, Postal représente clairement une face cachée du réalisateur. Une face dont nous n'avions vu jusqu'à aujourd'hui qu'un seul côté, parfaitement pourri, et qui lui avait valu à juste titre le statut de maître ès nanars modernes. Une carrière cheapos que le bonhomme assume moyennement, bien que méritée, et qui lui aura fait gravir l'échelle d'une folie latente, parsemée de courroux, de coups de gueules, de coups de sang et même de coups de poings gaiement entretenue. Sa face cachée, c'est donc ce truc là. Un film poussif et gratuit à charge contre les Etats-Unis, sorte de caprice exutoire où il décharge d'une traite tout ce qui les lui brise menu comme une diarrhée fulgurante. Dans cette haine qui vient du fond des tripes, le bougre arrive tout de même à signer paradoxalement son meilleur film. Parce que si dans son cynisme, le bonhomme est toujours d'une maladresse extrême, on ne s'ennuie pas et on rigole même pas mal... Que ce soit délibéré ou non.

Découvrez ci-dessous la critique de Etrange Festival :Postal

 

Postal : Qu est-ce que c est que ce film ?


Etrange Festival : Critique de Postal

C'est vrai que le temps n'a pas fait de cadeau à ce bon Docteur Boll. Ni le temps, ni Internet, ni les gens qui s'intéressent un temps soit peu au cinéma. De quoi emmagasiner une rancœur au fil des ans (quelques années seulement durant lesquelles il a enchaîné 15 films, un record) dont la réponse s'est souvent soldée pas des idées et des réactions plus connes les unes que les autres : Boll joue les pleureuses sur son budget, Boll donne rendez-vous aux geeks d'IMDB qui allument ses films pour leur casser la gueule comme dans Jay et Bob contre-attaquent, Boll insulte ouvertement ce qu'il considère comme de la concurrence (Michael Bay, pour ne pas le citer, qui l'ignore et énerve donc encore plus notre intéressé du jour)... Semonce ultime, il allume même Indiana Jones 4, avec qui il partageait des dates d'exploitation en prédisant que son film allait être meilleur. Pour certains, le pronostic était d'ailleurs exact.

 

En bref, Uwe est un pauvre type dénué de talent, une boule de nerfs renfrognée qui se débat comme une carpe hors de l'eau, un bougre dopé aux hormones (une émission de Tracks qui lui était dédiée il y a quelques jours sur Arte en parlait très bien) qui a basculé dans le mépris pur et simple de l'être humain, conservant ses dernières onces de sentiment pour les animaux. Les seuls êtres qui font soudainement de ce Gargamel un gentil Bisounours. D'ailleurs pas un clebs n'est tué dans l'incroyable foutoir Postal, où pourtant ni rien ni personne n'est épargné. Pour l'anecdote, il a même enregistré le commentaire audio d'Alone in the Dark avec ses deux bergers allemands...

 

Etrange Festival : Critique de Postal

 

C'est clair que le mec est un sanguin, s'étant longtemps cherché pour répondre à ses contradicteurs avec la maladresse la plus grande. Pas glop l'attitude de l'artiste cinéphile maudit à qui on ne laisse pas la moindre chance. Et puis soudain, la colère, c'est une sorte d'illumination. Bon, ça craint un peu qu'il ait mis autant de temps pour comprendre qu'un réalisateur pouvait s'exulter à travers une oeuvre mais, mieux vaut tard que jamais, Postal sera son petit coup de boule contre ce qui l'emmerde profondément. En bon germanique parvenant difficilement à faire son trou au pays de tous les espoirs, son message est clair : les Américains sont tous des gros cons, des connards profonds xénophobes traitant leurs immigrés comme de la merde, des malades dangereux en puissance à qui l'on autorise l'usage des armes, des gros porcs qui ne s'entretiennent plus, des fanatiques religieux aussi barrés que les autres, les bougnoules afghans... C'est fin, très fin, et ça s'engloutit sans faim. Allez hop, histoire d'enfoncer le clou, cette nation cramoisie mérite autant ce qui lui arrive que lui. Les gens allument ses films, les Twin Towers se payent un double crash : donnant-donnant.

 

Etrange Festival : Critique de Postal

 

Après tout, pourquoi pas... Certains pointent du doigt de vraies déficiences sociales américaines évoquées dans Postal en s'insinuant plus délicatement (sous forme de documentaires, donc) dans les vices cachés du système au point même de gober au passage Césars, Palme d'Or et autres. Dans une autre mesure, le duo Trey Parker et Matt Stone ont aussi les coudées franches dans South Park avec une sévérité aussi légère qu'alarmante. Mais ces gens là ont un truc que le pauvre Uwe galère comme un rameur à obtenir : le talent ! Mais le manque de talent, ça se masque habilement. Derrière la fameuse colère évoquée plus haut, justifiant que pour la première fois de sa carrière le gus fait les choses sincèrement. Deux masques valant mieux qu'un, il impose une géante guignolade qui fait mieux passer la pilule. C'est comme ça qu'après avoir fait du ridicule premier degré, Boll accouche d'un spécimen lorgnant du côté d'une production Troma, le pognon et l'esthétique en plus : de l'humour beauf, crade, facile, scato, crétin mené par un tout petit jeu de fléchettes à charge contre le gouvernement pour faire bien. A ce stade, on choisit son camp en percutant rapidement que le film n'est pas nécessairement plus honteux qu'un Toxic Avenger. Et puis on se fait aussi à l'idée que ça ne volera pas plus haut. Les artifices sont là, très, très, très nombreux, laissant le choix d'adhérer à ce qu'on veut dans cet incroyable bordel.

 

Etrange Festival : Critique de Postal

 

Parce que du bordel, il y'en a dans Postal. Dès son intro, donc, provocante jusqu'au bout des ongles en espérant toucher là où ça fait le plus mal, suivi ensuite par son pitch qui cumule les rebondissement tordus au service d'une intrigue à la con : pour renflouer les caisses, un chômeur organise, avec les membres d'une secte libertine, le braquage d'un stock de poupées quéquettes collector pour les revendre à prix d'or sur Ebay. Des poupées quéquettes qui parlent (avec la voix de Verne Troyer, le Mini-me d'Austin Powers) pour mieux encourager la pédophilie. Le problème, c'est que Ben Laden et toute sa clique veulent aussi récupérer la cargaison de zizis puisque les Chinois (tiens, on les avait oublié ceux-là) y ont planqué des fioles de grippe aviaire. Les derniers cartons étant refourgués à Little Germany, sorte de Parc Asterix version choucroute avec quelques relents nazillons, tout le monde s'y rejoint avant que le conflit ne se transforme en carnage. Du sang partout, des morts par terre... La porte ouverte à toutes les fenster que le réalisateur n'hésite plus à traverser puisqu'il a décidé de jouer la carte de la provoc jusque dans ses derniers retranchements. Fondamentalement, c'est plus débile qu'autre chose, mais s'il y a un truc dont on peut définitivement s'amuser là dedans, c'est l'acharnement déployé pour ces fameuses piques faites au burin. Un acharnement propre au bonhomme, qui a toujours amusé d'ailleurs, bien qu'ici fluidifié dans un aspect slapstick gore, violent et caricatural.

 

Etrange Festival : Critique de PostalEtrange Festival : Critique de Postal

 

En dépassant le stade du second degré (arriver à faire rire d'une mise en place de gags pas drôles, c'est foutrement malin), Uwe Boll a peut-être trouvé sa voie. Celle d'un type d'une potache sincérité dans les films duquel on tue des enfants à la sulfateuse, où les nains se font violer par une armée de singes en rut, où les landeaux se font écraser, où ça partouze n'importe comment (des personnages ne s'étant pas croisés de tout le film se mettent soudainement à baiser ensemble), où ce serait les passagers - croyant bien faire - qui ont écrasé leur avion sur New York alors que pirates de l'air ciblaient les Bahamas et plein d'autres trucs du même tonneau. Point d'orgue du nombrilisme, le bougre fait même une apparition dans son propre rôle où il avoue être financé dans les anciens comptes SS avant de se battre (avec des gants de boxe, évidemment) contre le véritable créateur du jeu Postal, très déçu de l'infidélité dont son œuvre fait l'objet. En s'attardant même sur le générique fin, une scène bonus dévoilera le réalisateur en train de répondre à une petite-fille de déporté, scandalisée de ses propos précédents, que lui aussi à perdu son grand père à Auschwitz... en tombant d'un mirador.

 

Etrange Festival : Critique de Postal

 

Une sorte d'OVNI enjambant la nullité qu'il effleure pourtant de très près, procurant une sorte de sensation vivifiante, coupable, creusant jusqu'à la plus vicelarde de nos cellules grises pour rire grassement d'un spectacle aussi jouissif qu'affligeant. Vous savez, ce rire nerveux de consternation qui émerge devant l'effort vain. Ben là, ça dure tout le temps. En fait, Uwe Boll a certainement réussi avec succès là où, dans un domaine presque similaire, les réalisateurs de Spartatouille et autres Shity-Movie sont encore à la masse. Un exploit ?








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