ETRANGE FESTIVAL : Villemolle 81
Le 09/09/2009 à 10:42Par Arnaud Mangin
Impossible dessin animé live un peu fourre-tout, dans lequel sont rentrés de force Messages à Caractère informatif, Les Carnets de Monsieur Manatane, Evil Dead, le cinéma d'Ed Wood et de George Romero, Groland et Télébocal (ouf), Villemolle 81 aborde le cinéma de genre français sous l'axe le plus inattendu qui soit. Un gigantesque boxon où une certaine lourdeur païenne côtoie une cinéphilie Z des plus réjouissantes pour ce qui demeurera l'un des films de zombies les plus atypiques du genre. Et pour le coup, puisque c'est français, l'un des films les plus atypiques tout court ayant vu le jour chez nous !
Découvrez ci-dessous la critique de Villemolle 81
Les BDphiles les plus aguerris ne seront pas passé outre les œuvres remarquables de Winshluss, qui nous a gratifiés récemment d'une splendide réinvention du mythe de Pinocchio, moins mainstream que Walt Disney, mais beaucoup plus inventive. Pourtant, malgré sa participation à Persépolis et son amour indéniable pour le cinéma populaire de tous âges dont il renchérit ses planches de références, on n'attendait pas le porte étendard des éditions des Requins Marteaux derrière une caméra. On veut dire, une VRAIE caméra, de cinéma (même si Villemolle 81 reste en fait un fignolage DV bien pensé) histoire de mettre en action la plus improbable des aventures pouvant se dérouler en France - encore plus improbable dans le Tarn, d'ailleurs - baignant dans un relent de cinéma fantastique des années 50 fagoté avec trois bouts de ficelle. Carrefour pas possible où s'encastrent les uns dans les autres des univers qui n'auraient même pas du s'effleurer, Villemolle 81 est sans nulle doute la surprise la plus déconcertante du moment et surtout l'un des plus gros OVNIS du cinéma français... Le genre de truc à avoir vu au moins une fois avant de porter un jugement définitif sur le cinéma de genre hexagonal.
Comment raconter le développement la chose... Imaginez-vous, une nuit d'insomnie devant votre téléviseur, tomber accidentellement sur une émission cheap sur les jolies régions de France mis en boite par un journaliste aux dents longues pour peu qu'il n'ait pas d'autres ambitions que la couverture de la foire à la patate. C'est ainsi que débute le film, suivant sur près d'une bonne heure les pérégrinations d'un Maire et de ses fidèles administrés qui essaient de revigorer le patrimoine culturel de Villemolle, bled dont tout le monde se fout, en reconstituant la célèbre battaille (oui, avec deux T) qui aurait fait rage quelques siècles plus tôt lors de l'invasion anglaise. Marc Chambaz, envoyé spécial un peu dandy, tente tant bien que mal de monter un documentaire un tant soit peu intéressant, malgré les ondes über ploucs qui rodent autour de lui, l'obligeant à broder un reportage à mi-chemin entre Télébocal et Groland, à son grand désespoir. Entre les dégénérés, les artistes féministes, les fausses épouses expatriées des pays de l'est, les ringards, les ivrognes, les écolos, les nymphomanes et les allumés spirituels qui ont construit leur propre soucoupe volante en cas de jugement dernier, le reporter trouvera son vrai salut dans un évènement inattendu : un météore s'écrasant à quelques mètres de lui... Enfin un scoop !
Le problème, c'est qu'uriner sur un caillou de l'espace sans connaitre sa provenance peut être très maladroit, et pour cause, puisque cela transformera la moitié de la population en zombies démembreurs affamés. Dès lors, s'organise un commando improvisé avec les moyens du bord pour affronter une armée de monstres plus étonnants les uns que les autres. Jusque là, le film jouait à fond sur les tics de la télévision vintage (impossible de ne pas penser à Nico et Bruno devant la plupart des intermèdes), mais sitôt l'aventure purement fantastique mise en route, Villemolle 81 se boit comme du petit lait pour les amateurs d'étrangetés qui vont chercher leurs sources dans un dépoussiérage intensif du genre. A mi-chemin entre Sam Raimi et Ed Wood, se combinent des outils de mise en scène plus antinomiques les uns que les autres (les modèles réduits côtoient le bidouillage numérique de fortune) au service d'une atmosphère very old school (noir et blanc et artefacts chimiques en veux tu, en voilà) qui sent bon une idée du cinéma de genre qu'on a bêtement oublié aussi vite que possible. En tout cas, dans le genre sketch à rallonge qui connait et respecte son sujet, on ne pouvait pas espérer mieux et les amateurs de slapsticks improbables y trouveront largement leur compte. Ceux de saucisses de hamsters aussi...