Expendables : Unité Spéciale
Le 18/08/2010 à 12:00Par Arnaud Mangin
On l'attendait cet Expendables : Unité Spéciale, et ce depuis que le film avait été annoncé il y a deux ans. On voulait l'aimer ! Mais à notre grande déssaroi, cette brochette de massifs rocheux a accouché d'un mulot un brin cynique qui, à force de trop vouloir s'enorgueillir de fun, de nostalgie et de camarades qui se tapent dans le dos, n'a pas du tout pensé à l'œuvre elle-même. Un peu comme dans les 80's, finalement, où les producteurs voulaient bénéficier de la meilleure affiche possible en se contentant de proposer un mauvais film d'action. Ce n'est sans doute pas cet hommage là que l'on espérait. Et ce ne sont pas ses quelques moments sympas et rigolos avec Arnold et Willis qui parviendront à l'élever au rang du film culte qu'il voudrait être. Dommage...
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Critique Expendables : Unité Spéciale
Expendables : Unité Spéciale est un film que l'on aurait sincèrement voulu aimer jusqu'au bout des ongles s'il s'était lui-même donné la peine de s'ouvrir à son public. Certainement l'un des films les plus attendus de l'année - si ce n'est LE plus attendu - depuis son annonce et faisant suite à un revival de Sylvester Stallone derrière la caméra d'abord très convaincant (Rocky Balboa) puis percutant (John Rambo), au point d'accumuler la bave des cinéphiles sur la commissure de leurs lèvres. En bref, le projet phare par excellence dont les délicats adorateurs de bourineries pouvaient rêver, surtout lorsque l'on repense à l'hallucinante fusillade finale de son film précédent... Le problème c'est que, sans être tombé dans le cynisme, le réalisateur semble être parti un peu trop confiant en provoquant sa folie (généralisée) des grandeurs. De buzz en effets d'annonces divers, cette bobine de rêve semble ne s'être construite qu'autour du fantasme qu'est sa note d'intention et s'y suffire totalement. Sorti de là, il ne nous propose plus rien d'autre. Rocky Balboa et John Rambo sont des films conçus avec le cœur. Expendables : Unité Spéciale semble n'avoir été fait qu'avec la tête.
Donc oui, on peut clairement parler de déception, au moins à la hauteur de l'attente suscitée. Au point que résultat lui-même est beaucoup moins excitant et jubilatoire que la simple évocation que ce film puisse voir le jour. En tout cas à des années lumière du sentiment ressenti lors de sa première annonce. Alors oui, tout le monde est là, c'est la grande foire, Bruce Willis et Arnold Schwarzenegger nous refont un tapis rouge collégial pour l'ouverture d'un Planet Hollywood et Mickey Rourke joue le grand pote. Mais tout ceci semble n'être là que pour faire la farce. De simples apparitions gadgets pour le prestige, voire très décevante lorsque l'on voit la prestation catastrophique du gouverneur Schwarzy et la facilité des allusions autour de lui, une scène plus embarassante qu'autre chose. Tombé dans l'excès de noms qui font du zèle et de caméos super cools, Expendables : Unité spéciale ne parvient pas exister outre via ses petites figures racoleuses posées ça et là, au détour de gags faciles et surtout navrants. Et pour le coup, le film donne surtout la sensation d'avoir totalement raté le coche. Un film avec Sylvester Stallone, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Jet Li et Dolph Lundgren n'a pas le droit de ressembler à un vulgaire direct-to-video, à une bobine mineure, où l'action est illisible et où les plus grands noms ne font que de la figuration... C'est malheureusement le cas.
C'est donc une sensation de gâchis qui émane du visionnage du film tant la réunification historique tant attendue semble avoir été sacrifiée au profit d'une tentative torchée par-dessus la jambe, comme un essai désespéré mis en boite tant qu'il était encore temps. Une blague, sans véritable style, trahissant pour la première fois un Stallone qui s'est cru plus malin que son œuvre au point de la négliger (techniquement c'est très moche, les effets visuels sont abominables) et dont l'hommage aux actionners bourrin des 80's ressemble... à un mauvais actionner bourrins des 80's qu'on peut trouver sur les nouvelles chaines de la TNT. On n'espérait pas spécialement une révolution, mais au moins quelque chose d'aussi transcendant et sincère qu'avait pu l'être John Rambo. On se retrouve à la place avec un machin qui fait très pauvre et très vieillot, pas vraiment intéressant à suivre, lardé de personnages sans vie (à côté, L'Agence tous risques c'est du Woody Allen) franchement mal mis en scène (la scène de combat impliquant Jet Li est illisible) et qui s'appuie beaucoup, beaucoup trop sur la nostalgie déconnante sans chercher à aucun moment à essayer de faire du cinéma.
Evidemment tout n'est pas à jeter, puisqu'en cherchant à absolument faire du Bis, il y parvient régulièrement, via des situations aussi gratuites et stupides (le premier coup de feu est jouissif, la séquence où Sly s'agrippe à la porte de son avion en plein décollage mérite le déplacement), son interminable et amusant bazar final ou bien encore des méchants gratinés (Dolph Lundgren en Averell Dalton psychopathe sous stéroïdes, on adore), mais cette façade light ne cache finalement rien. On attendait clairement beaucoup plus de ce pauvre film d'action bien bourrin et étiré, certes, mais indigne de ses talents associés.
Article publié le 5 août 2010