Fast and Furious 4
Le 07/04/2009 à 21:11Par Caroline Leroy
Huit ans après Fast and Furious de Rob Cohen, la team de choc Paul Walker/Vin Diesel est de retour, devant la caméra de Justin Lin, réalisateur de l'opus le plus récent et le plus frais de la franchise, Fast and Furious : Tokyo Drift. Un retour aux fondamentaux, en quelque sorte, dont on attend du spectacle particulièrement musclé et vrombissant à la hauteur de ces retrouvailles calibrées pour être explosives. Le premier constat qui s'impose est évidemment celui de l'inversion des rôles des deux stars. Vin Diesel/Dominic Toretto reste le hors la loi du tandem, mais l'acteur, qui n'avait que Pitch Black à son actif en tant que film d'action grand public au moment de la sortie de Fast and Furious, a acquis entre temps une renommée qui dépasse largement celle de son partenaire. Il occupe par conséquent le premier plan, Paul Walker se retrouvant un peu malgré lui à jouer les faire-valoir. Ceci mis à part, Fast and Furious 4 se positionne effectivement dans la continuité du premier film en mettant l'accent sur l'intrigue policière sur fond de courses illégales forcément associées à des trafics douteux. Ce cocktail qui avait fait mouche il y a près d'une décennie est-il toujours aussi efficace aujourd'hui ? Pas sûr.
L'effet de surprise Vin Diesel n'étant plus de mise avec ce nouvel opus, Justin Lin écope de la lourde tâche d'insuffler un semblant d'originalité à l'entreprise. Or passé le plaisir de retrouver le casting original du premier film - dont Michelle Rodriguez et Jordana Brewster -, Fast and Furious 4 n'a pas grand-chose à proposer qui n'ait été déjà fait auparavant, souvent en mieux. L'argument du polar, très mince, repose sur le meurtre de Letty (Michelle Rodriguez), qui plonge Toretto dans des abîmes de souffrance rentrée appelant à la vengeance féroce. Pendant ce temps, comme par hasard, Brian O'Conner (Paul Walker) se retrouve contraint d'infiltrer précisément le gang qui abrite l'assassin. Un gang dont le chef affectionne plus que tout les courses de voitures illégales organisées en grande pompe dans les avenues de Los Angeles. Le manque de conviction des deux acteurs principaux, qui se contentent tous deux du minimum syndical en roulant des mécaniques, aurait presque tendance à laisser penser qu'ils ont tout simplement passé l'âge de ce genre de comédie. Si l'on ajoute à cela des dialogues d'une rare finesse, dont Vin Diesel se fait le champion toutes catégories ("Pussy !" lance-t-il, dédaigneux, à ses adversaires malheureux), des gros bras pas futés dont on voudrait nous faire avaler qu'ils sont des as du volant (Laz Alonso, pas vraiment à son avantage) et les traditionnels plans de coupe sur des paires de fesses moulées dans des mini-shorts, on est loin du film de l'année. Mais soyons francs : ce que l'on attend d'un Fast and Furious, c'est de l'action, de la vitesse, du frisson !
Justin Lin, qui pouvait compter avec Fast and Furious : Tokyo Drift sur l'exotisme du décor tokyoïte et surtout sur la carte en or de la nouveauté représentée par ce sport automobile incroyablement cinégénique qu'est le drift, n'est pas aussi bien servi avec ce quatrième film faussement nostalgique. Les courses de voitures ne sont pas une rareté dans le cinéma américain, loin s'en faut, et les blockbusters sont légions qui repoussent les limites du genre. Si la scène d'ouverture du film mettant en scène Vin Diesel, Michelle Rodriguez et Sung Kang à la poursuite d'un camion de plusieurs tonnes au milieu d'un paysage vertigineux, s'impose sans conteste comme le morceau de bravoure du film avec son sens du timing et ses cascades impressionnantes, la suite, sympathique au demeurant, ne déploie pas suffisamment d'inventivité pour enthousiasmer totalement. La course sur route ouverte dans les rues de L.A. manque de lisibilité et de surprise et ne fait pas le poids face à celle du récent Wanted, pourtant plus invraisemblable encore. L'idée la plus originale et la mieux exploitée consiste en la traversée à toute berzingue d'un tunnel à la frontière des Etats-Unis et du Mexique.
Le verdict est malgré tout sans appel : en termes d'action, Justin Lin était nettement plus inspiré sur le précédent opus que sur celui-ci. Bien que les courses-poursuites restent plaisantes à regarder, aucune d'entre elles n'est vraiment jouissive, aucun plan en particulier ne frappe l'imagination durant Fast and Furious 4. Pire, ces scènes se font beaucoup trop rares, perdues au milieu d'une intrigue policière sans grand intérêt. Quant aux voitures, elles ne sont pas mises en valeur comme elles le mériteraient (la très belle Nissan Skyline R34 bleue pilotée par Paul Walker, notamment), voire castées en dépit du bon sens esthétique (l'horrible Subaru Impreza STI du climax, quand les modèles antérieurs à 2008 auraient autrement mieux fait l'affaire). Reste un film qui se laisse voir sans ennui, et qui est même susceptible de provoquer quelques sourires - à ses dépends. C'est trop peu.
Première publication de cette critique : 12 Mars 2009