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Faubourg 36

Le 23/09/2008 à 19:29
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Notre avis
5 10

Bienvenue dans le petit monde de Christophe Barratier. Un monde où les gentils ont des moustaches et les méchants ont des chapeaux. Un monde où l'on pousse la chansonnette comme on va chercher sa baguette. Un monde où les rues du Paris de 1936 ont des pavés nickel-chrome, où les chômeurs qui ont fait le Front Populaire ont tous des chemises bien repassées et où finalement, la morale est toujours sauve. C'est un univers, un parti-pris, une vision romanesque et poétique d'un certain cinéma. Et nous, ce n'est pas que l'on n'aime pas, mais en toute honnêteté, ça manque un peu de sang, de sueur et de larmes pour nous émouvoir. Les chansons sont moins insupportables que dans Les Choristes, c'est déjà ça.


Critique Faubourg 36

Pathé peut se frotter les mains. Après avoir cartonné dans la France entière avec les Ch'tis, Astérix, Into the Wild et Skate or Die (cherchez la blague), la société au coq s'apprête à remettre le couvert pour nous servir ce qui s'annonce comme le troisième gros cartons de cette année : Faubourg 36, le nouveau film de Christophe « Vois sur ton chemin » Barratier. Une chose est certaine : quoique l'on puisse dire, écrire ou hurler sur ce film, rien ne viendra faire dérailler cette mécanique parfaitement huilée et le public viendra à coup sûr en masse applaudir à s'en faire mal aux mains l'histoire de ces trois chômeurs prêts à tout pour sauver un music-hall de quartier. On prend les paris : rien qu'avec son casting (Jugnot, Cornillac et Merad) et sa tagline « Par le réalisateur des Choristes », Faubourg 36 s'assure à la base un minimum d'au moins 2 millions et demi d'entrées.

 

Critique Critique Faubourg 36

 

Christophe Barratier l'a bien compris : contrairement à ce qu'on essaye de nous faire croire, ce ne sont absolument pas les 15-25 ans avec des cartes illimités qui tiennent les rennes du cinéma français. Non, c'est bien cette bonne vieille ménagère de moins de 50 ans, avec son mari et ses trois gosses qui décident du succès (ou non) d'un film français en France. Des exemples ? Bienvenue chez les Ch'tis, Les Bronzés, Les Choristes, Ensemble c'est tout, Je vous trouve très beau, Le Cœur des hommes 2... Tant de films qui ont cartonné dans les quatre coins de la France, mais dont les titres ne diront certainement rien au spectateur de moins de 20 ans qui va à l'UGC de Rosny 2 tous les dimanches pour oublier la dure semaine de cours qui l'attend. Barratier est un malin donc, et avec Faubourg 36, il peigne une nouvelle fois ce public-là dans le sens du poil en nous resservant la même soupe fadasse qui nous avait été offerte en masse il y a quelques années par Jean-Baptiste Meunier et ses potes les petits chanteurs à la croix de bois.

 

Critique Critique Faubourg 36

 

Histoire mignonnette pleine de bons sentiments, contexte historique jouant à fond la carte de la nostalgie d'une époque où les choses étaient plus simples, personnages caricaturaux mais « tellement attachants », imagerie de carte postale qui ferait passer Amélie Poulain pour un modèle d'impressionnisme, bande originale surfant sur l'amour des Français pour les tubes de l'Entre-Deux-Guerres (merci Bruel)... Faubourg 36 respecte parfaitement le cahier des charges de ce que le grand public de notre beau pays, celui qui se lève tôt et qui travaille plus pour gagner plus, veut voir (ou doit voir ?) pour oublier un peu l'augmentation du prix du baril de pétrole et la chute du pouvoir d'achat. En soi, on n'a strictement rien contre (après tout, utiliser le cinéma comme medium pour s'échapper de son quotidien est une chose totalement louable, et bien souvent nécessaire), mais ici, la chose est traitée de manière tellement peu fine qu'on ne peut que le regretter.

 

Critique Critique Faubourg 36

 

Le manque de finesse, voilà le gros point faible de Faubourg 36. Car en l'état, difficile de dire sans faire preuve d'une extrême mauvaise foi que le film de Barratier est mauvais. Le scénario est plutôt bien écrit, la mise en scène est dynamique, les comédiens sont convaincants (un petit mot sur la très belle Nora Arnezeder, qui tient presque la moitié du film sur ces épaules), les décors sonnent un peu faux mais bon, « c'est pas fait pour être réaliste », bref, tout les ingrédients sont là pour faire passer deux bonnes heures au spectateur pas trop regardant sur les finitions. Mais hélas, dès qu'il s'agit de transmettre quelques idées ou messages dans son sous-texte, le film sombre dans la facilité la plus niaise, et tape même souvent à côté de la cible. Un défaut préjudiciable, qui dénote bien d'un manque de conviction dans le cinéma de Barratier, qui se contente souvent de botter en touche lorsqu'il pourrait transformer l'essai. Bref, ce n'est pas avec Faubourg 36 que les collégiens en sauront plus sur le Front Populaire, la lutte des classes et plus généralement le communisme. C'est pas le but ? C'est peut-être ça le problème...

 

Critique Critique Faubourg 36







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