FilmsActu.com

Harry Potter et l'Ordre du Phénix

Le 01/10/2007 à 14:39
Par
Notre avis
7 10 Il n'était pas gagné qu'une saga aux enjeux commerciaux aussi colossaux parvienne à garder son intégrité par rapport à l'œuvre originale. C'est pour l'instant le cas de Harry Potter, comme on le constate avec ce cinquième opus certes loin d'être irréprochable mais qui n'en est pas moins attachant. David Yates fait un choix narratif judicieux en focalisant l'intrigue sur le personnage central, tout en remplissant joliment son cahier des charges à travers une mise en place efficace des thématiques amenées à prendre de plus en plus d'importance, un traitement réussi des personnages secondaires (Dolores Ombrage en tête) et des séquences d'action particulièrement spectaculaires.

Critique Harry Potter et l'Ordre du Phénix

Critique Harry Potter et l'Ordre du Phénix

 

Quatrième réalisateur à s'attaquer à la saga Harry Potter, David Yates se voit confier la tâche ardue d'adapter le tome le plus difficile à appréhender de tous. Episode de transition par excellence, Harry Potter et l'Ordre du Phoenix amorce un changement de ton définitif faisant suite au retour de Lord Voldemort à la fin de Harry Potter et la Coupe de Feu. Le jeune sorcier quitte l'univers naïf et un peu fou-fou de son enfance et voit sa perception du monde s'élargir. Prenant conscience de son environnement politique, il est amené à réagir face à la menace qui frappe le monde des Sorciers et à s'engager à travers des actions concrètes. Une épreuve pour le moins difficile pour un adolescent encore plein de doutes et d'incertitudes, surtout lorsque ses repères affectifs vacillent brutalement, à commencer par les figures paternelles qui l'ont toujours inspiré. Sous-estimé par la critique, le tome 5 n'est pas exempt de quelques défauts, principalement un début qui traîne en longueur, mais s'avère à y regarder de plus près particulièrement riche dans son contenu, tant sur le plan des enjeux globaux que sur celui de l'évolution du personnage principal. L'écriture du film nécessitait de la part de David Yates et de son scénariste Michael Goldenberg (Peter Pan) un énorme travail de tri parmi les multiples sous intrigues d'importance variable qui s'entremêlent dans le roman. Une tâche dont ils s'acquittent finalement plutôt bien, d'autant que ce travail d'adaptation s'accompagne d'une mise en scène fluide et d'une ambiance visuelle soignée. On obtient un cinquième opus imparfait mais réussi à plus d'un titre, distillant une certaine mélancolie au-delà de ses prouesses techniques.

 

Critique Harry Potter et l'Ordre du Phénix

 

Alors que l'on pouvait craindre d'assister à un simple enchaînement de saynètes superficiellement abordées, le film s'en tient judicieusement à l'essentiel sans jamais trahir l'esprit de l'œuvre de J.K. Rowling. Après une superbe séquence d'ouverture (le face-à-face bref mais marquant entre Harry et Dudley, l'attaque des Détraqueurs), l'intrigue reste résolument centrée sur le point de vue et le ressenti du héros, au point que ses deux meilleurs amis, Ron (Rupert Grint) et Hermione (Emma Watson), paraissent légèrement mis en retrait. Le métrage conserve la touche "teen-movie" du quatrième opus à travers certains dialogues très bien sentis - on pense notamment à la conversation plus vraie que nature entre les trois héros suite à la charmante scène de baiser. En revanche, on aurait aimé voir davantage de place accordée à la relation complexe entre Harry et Dumbledore, l'agressivité du jeune garçon se voyant largement mise en sourdine par rapport au roman. C'est à travers ce genre de concession attestant d'un certain manque d'audace que l'on reconnaît avoir affaire à une production aux enjeux commerciaux conséquents. L'émotion est cependant au rendez-vous tout au long du métrage, notamment dans les dernières séquences où l'intensité dramatique va crescendo et se voit soulignée par un emploi judicieux de la composition musicale de Nicolas Hooper. La direction d'acteurs se montre perfectionniste de bout en bout, et à ce titre, on ne restera pas indifférent devant la prestation de Daniel Radcliffe, dont le jeu a considérablement gagné en nuances et en intensité au fil des années.

 

Critique Harry Potter et l'Ordre du Phénix

 

Si l'on pourra reprocher un rythme un tantinet rapide dans la seconde partie du film - les non habitués de l'univers de J.K. Rowling devront s'accrocher ! - les personnages secondaires phares bénéficient d'un traitement à la hauteur des attentes. Parmi eux, on citera bien entendu l'incontournable Dolorès Ombrage (Imelda Staunton) qui instaure progressivement son pouvoir tentaculaire, voire totalitaire, au sein de Poudlard. Campée par Imelda Staunton (Vera Drake), excellente avec ses minauderies insupportables et autres faux toussotements (les fameux "hum... hum..."), Ombrage n'incarne pas uniquement le cauchemar professoral de notre enfance mais aussi l'avènement d'une idéologie pernicieuse proche du nazisme - l'Ordre du Phoenix et l'Armée de Dumbledore devenant alors de claires allusions à la Résistance. Le comique des interventions d'Ombrage fait mouche, tout en revêtant un sens nouveau dès lors que celle-ci déploie soudainement son sadisme à travers les scènes malsaines de retenue. Le personnage fait alors réellement froid dans le dos. On compte deux autres bonnes surprises côté rôles secondaires, à commencer par une Luna Lovegood (Evanna Lynch) étrange et évanescente comme il se doit. Enfin, si Voldemort apparaissait quelque peu grand guignol dans l'opus précédent, il prend ici davantage de charisme et de noirceur grâce à un beau travail sur la gestuelle et les intonations de voix effectué par Ralph Fiennes.

 

Critique Harry Potter et l'Ordre du Phénix

 

Bien entendu, David Yates remplit pleinement son cahier des charges en termes d'action spectaculaire sans pour autant que Harry Potter et l'Ordre du Phoenix ne verse dans la surenchère. Si le frère de Hagrid s'avère être un ratage (mais suscitait-il vraiment l'intérêt dans le roman ?), le film s'achève sur un final dantesque et esthétiquement superbe au cours duquel le Ministère de la Magie en prend pour son grade. Reste à espérer que Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé ne fera l'impasse ni sur le côté horrifique ni sur la dimension tragique du sixième tome, l'un des plus populaires de tous.






Depuis 2007, FilmsActu couvre l'actualité des films et séries au cinéma, à la TV et sur toutes les plateformes.
Critiques, trailers, bandes-annonces, sorties vidéo, streaming...

Filmsactu est édité par Webedia
Réalisation Vitalyn

© 2007-2024  Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.