Hunger Games

HUNGER GAMES : LA CRITIQUE

On a longtemps présenté Hunger Games comme un sous-Twilight. Faux ! Et les fans du livre de Suzanne Collins seront contents de ne plus être associés à ceux de Stéphenie Meyer ! Gary Ross réalise un tour de force : une adaptation qui se transforme en vraie création cinématographique, avec notamment une forte élaboration des personnages. Ils sont tour à tour présentés plutôt finement et les rôles secondaires se révèlent (ou se confirment) être très bien joués pour la plupart. On pense notamment à Elizabeth Banks dans le rôle d'Effie - à la fois première représentante d'une société oppressive, et effrayée par celle-ci et par le rôle qu'elle y joue - ou encore à la petite Rue, jouée par la jeune Amandla Stenberg (saisissante de justesse) à la fois innocente jetée dans l'arène et jeune esprit un brin espiègle. Le personnage de Katniss est le point central autour duquel gravite l'intégralité de ce monde et des personnages. Gary Ross parvient à la rendre touchante et distante à la fois. On s'attache à son histoire et son apparente froideur révèle une force physique et mentale à toute épreuve. Dans ce rôle, Jennifer Lawrence nous offre un jeu naturellement cohérent - quoi qu'hélas peu nuancé - mais qui se révèle petit à petit efficace dans cet univers bien ficelé.

Hunger Games dévoile une société mise en scène de façon séduisante, intelligente, une société exhacerbée mais crédible, une métaphore des frasques et des risques du monde dans lequel nous vivons. Le mérite en revient à l'auteur Suzanne Collins qui a imaginé en premier lieu ce monde futuriste mais aussi au réalisateur Gary Ross, qui a su le retranscrire. Par exemple, le contraste entre le grand espace sauvage de l'arène et la technologie qui le contrôle est puissant. Gary Ross nous fait faire des va-et-vient entre l'intérieur de l'arène et l'extérieur (les populations des Districts devant leurs écrans, les dirigeants du Capitole, le "game maker" en plein contrôle du jeu etc...), le tout en permanence relié à Katniss. Le spectateur est successivement, dans le jeu et hors du jeu, dans le film et hors de lui, grâce à une mise en scène alternativement intime et distante, assez juste pour ne pas suffoquer devant la durée du film. Quelques longueurs émergent par moments (la multiplication des plans sous différents angles, quelques rares dialogues, non pas trop long mais peu pertinents) mais elles sont la plupart du temps justifiées et nécessaires, nous permettant de respirer. La longue mise en place des Hunger Games, infiniment nécessaire, est bien heureusement respectée et une fois le jeu commencé, le scénario se révèle à la fois très dense et économe sur ces scènes de "traques" qui risquaient de surcharger inutilement le film. D'autres scènes de calme et d'alliance sont particulièrement appréciables : on savoure un instant d'air frais, sans jamais quitter complètement la compétition.

On évite donc le pire : pas (trop) de dialogues larmoyants, des scènes d'action maîtrisées, des acteurs dans l'ensemble convaincants. Hunger Games se révèle être bien plus qu'un film de teenagers, en manque de saga à dévorer : un véritable périple nuancé et subtil, avec quelques points noirs certes, mais globalement efficace et réussi. Le final par exemple n'est pas martelé ou trop lourd, le film s'échappe en douceur, on ne s'y attend presque pas et on en redemande presque... Que l'on soit fan des livres ou non, Hunger Games permet à chacun d'y trouver son bonheur et on peut d'ores et déjà s'attendre à une trilogie réussie, si le réalisateur et l'auteur continue de travailler ensemble avec cette cohérence étonnante. L'adaptation du roman de Suzanne Collins s'impose comme un événement. Emmenez-y vos neveux, nièces, frères et sœurs, ils apprécieront le spectacle, et laissez-vous aussi prendre au jeu...