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Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

Le 22/05/2008 à 15:41
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Notre avis
6 10 Soyons clair dès le départ : Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal n'enterrera aucun des opus précédents, la trop forte prédominance de l'action sur le scénario et la comédie pure faisant perdre à la saga un peu de sa saveur. Toutefois, force est de reconnaître que Steven Spielberg délivre un spectacle généreux et se montre très respectueux envers son public, parvenant à retrouver l'esprit de la trilogie voire à raviver un peu de la magie d'origine. Dans le paysage cinématographique actuel, une telle intégrité artistique dans un blockbuster relève de l'exploit. De plus, avouons-le, on ne boudera pas son plaisir de retrouver dans des scènes d'action démentes un Indiana Jones fidèle à lui-même : Harrison Ford n'a rien perdu de son humour et de son charisme légendaires, fort bien entouré qu'il est d'une équipe de choc. Ce quatrième Indiana Jones est donc une bonne surprise.

Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

 

On le sait déjà, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal était attendu au tournant et a reçu lors de sa projection cannoise un accueil en demi-teinte, entre ceux qui avouent s'être laissés séduire et ceux qui prétendent ne pas avoir retrouvé le plaisir procuré par la trilogie. Alors, ces réactions mitigées sont-elles pleinement justifiées ? Ce quatrième opus réalisé sur le tard trahit-il le souvenir laissé par la saga ? Si déception il y a, elle était prévisible. Oui, Indiana Jones a pris de la bouteille et le voir revenir comme si de rien n'était ne nous rajeunit pas. Pourtant, force est d'admettre assez rapidement, et à notre grand étonnement, que la sauce prend plutôt bien. Certes, concept du revival oblige, la saga perd inévitablement un peu de son piment. Mais sans égaler les précédents, ce quatrième opus s'impose tout de même comme un divertissement bigrement efficace. N'y allons pas par quatre chemins : Spielberg n'a pas perdu son savoir-faire en la matière et on prend bien son pied devant ces nouvelles aventures de l'aventurier le plus célèbre du cinéma.


Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

 

D'une tentative de ressusciter une telle légende, on attend avant toute chose une grande fidélité à la mythologie d'origine. Sur ce point, il faut bien dire que les premières minutes de bobine ont de quoi charmer les plus réfractaires à l'idée même du film, ne serait-ce qu'avec l'entrée en matière du héros à travers cet incontournable plan montrant son ombre projetée sur une voiture tandis qu'il réajuste son chapeau. On se croirait revenus vingt ans en arrière. C'est d'ailleurs le but affiché de Steven Spielberg qui, en plus d'user et abuser de thèmes musicaux bien connus de tous, n'hésite pas à recréer une esthétique proche de celle des films des années 80, nous plongeant dans une ambiance 50's bien sentie. Autant dire que la démarche du cinéaste va exactement à l'inverse de celle de son compère George Lucas dans sa nouvelle trilogie Star Wars, blindée d'effets numériques visibles qui chamboulent totalement les codes visuels auxquels nous étions habitués. Bien évidemment, ce quatrième opus d'Indiana Jones bénéficie pleinement des technologies modernes, ne serait-ce que dans son final grandiose et ses scènes d'action bourrées de cascades impossibles à réaliser sans l'aide d'un écran bleu. Mais le numérique n'empêche ici nullement l'image de posséder ce je-ne-sais-quoi d'authentique très old school qui imprègne les décors, ne serait-ce que celui des sous-sols visités par Indy et son nouveau compagnon Mutt Williams (Shia LaBeouf) au milieu du film, un lieu qui nous replonge directement dans l'ambiance qui caractérisait les deux premiers opus et qui stimulait tant l'imagination.

 

Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

 

Pour le plus grand plaisir des fans, cette fidélité esthétique s'accompagne d'une fidélité thématique. Indiana Jones se retrouve une fois de plus confronté à une quête à la fois mystique et fantaisiste, flirtant avec les secrets enfouis de l'Histoire de l'humanité, et voit ses adversaires tomber dans le piège de la cupidité et de la soif de la connaissance. Les enjeux principaux du scénario mettent cependant un peu de temps à se mettre en place et les scènes d'enquête à proprement parler patinent parfois de manière un tantinet laborieuse (Indiana Jones peinant à trouver le sens d'un mot que le public devine immédiatement). Mais s'il est un succès caractéristique de la saga et que Spielberg parvient joliment à reproduire, c'est cette capacité à faire rêver sur les cultures disparues de ce monde tout en les mêlant avec du fantastique - l'histoire prend ici une tournure extraterrestre et ceux qui vénèrent La Guerre des Mondes ne vont pas s'en plaindre. L'occasion de réaliser qu'aucun film d'aventures récent n'est parvenu depuis à réveiller en nous ce plaisir de la découverte. Pour exemple, une saga comme celle de la Momie tient certes bien la distance en termes de divertissement pur, mais n'arrive jamais à la cheville de n'importe quel opus d'Indiana Jones - y compris celui-ci - en termes de mystère. Alors certes, le scénario n'égale pas celui des Aventuriers de l'Arche Perdue et les péripéties ne sont pas aussi audacieuses que celles du Temple Maudit, mais l'esprit de la saga reste intact et c'est là l'essentiel. D'autant que Spielberg parvient à retrouver la flamme d'antan à travers des personnages charismatiques et attachants, avec ce second degré omniprésent qui s'applique tout autant aux méchants (Cate Blanchett et ses acolytes semblent tout droit sortis d'une bande dessinée) qu'aux compagnons du héros, à commencer par un Shia LaBeouf excellent dans son rôle de frimeur en moto parti à la recherche de sa maman. Cette dernière est d'ailleurs campée par une Karen Allen très pétillante, de retour elle aussi après vingt-sept ans d'absence.


Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

 

La relation d'Indiana Jones avec son jeune compagnon renvoie bien sûr directement à celle d'Indy et son père incarné par Sean Connery dans le troisième opus. Elle constitue aussi pour Harrison Ford une manière d'assumer qu'il n'est peut-être plus le jeune premier qu'il était dans les trois autres films. Cela dit, à l'ère du jeunisme, Steven Spielberg fait un pari des plus audacieux en réalisant un blockbuster dont le héros d'action avoisine les 65 ans. Et il faut bien dire que l'acteur tient décidément bien la route : en plus de ne rien avoir perdu de son sens de l'autodérision, Harrison Ford se donne littéralement à fond sur le plan physique dans les nombreuses scènes d'action qui ponctuent le film. Rappelons à ce titre un aspect contribuant indéniablement à faire le charme du personnage et que l'on retrouve ici : Indiana Jones s'en sort à chaque fois, certes, mais toujours in extremis et pas sans avoir au préalable encaissé pas mal de coups ! Une constante dont on s'amuse grâce un Harrison Ford toujours aussi expressif, notamment lorsqu'il se fait dérouiller. Quant à l'action spectaculaire à proprement parler, autant dire que le film n'en est pas avare. Elle constitue pour ainsi dire plus de 70% du métrage et mettent à l'honneur la démesure et l'inventivité. On retiendra ainsi une course poursuite dantesque dans la jungle, une scène qui implique tous les personnages et qui comporte quelques moments jouissifs de surréalisme (le combat acrobatique à l'épée entre Cate Blanchett et Shia LaBeouf, ou encore ce dernier évoluant dans les arbres au milieu des singes).


Critique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal

 

Paradoxalement, cette générosité dont fait preuve Spielberg constitue à la fois la force et la faiblesse du film. Si ce Indiana Jones se révèle moins savoureux, c'est en grande partie à cause de l'absence de ces moments délicieux de pure comédie qui parsemaient les trois épisodes précédents. C'est peut-être sur ce plan que le cinéaste se laisse contaminer par la tendance actuelle à la surenchère, le film nous laissant tout juste le temps de respirer entre les déchaînements spectaculaires. De même, les échanges dialogués, fort sympathiques au demeurant, ne retrouvent pas le piquant qui faisait le charme de la saga. C'est là certainement le principal défaut de ce Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal qui s'avère au final un peu moins drôle, donc moins culte, que les précédents. Ce qui ne remet nullement en question la très bonne tenue de ce quatrième opus tardif qui s'en tire avec les honneurs et remplit son contrat, celui de faire revivre un mythe et de divertir pendant deux heures haletantes. L'heure n'est donc plus à la mauvaise foi : Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal est un bon film.








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