Into the Wild

Adapté du Voyage au Bout de la Solitude du journaliste américain Jon Krakauer, Into the Wild s'inspire de l'histoire réellement vécue par Christopher McCandless qui, âgé de 22 ans seulement et fort d'un prestigieux diplôme, décida de tout plaquer afin de prendre la route en solitaire, tournant le dos à la vie confortable promise par un monde sans surprise. La démarche d'une transposition au cinéma était risquée et le cinéaste Sean Penn, qui fait ici son grand retour derrière la caméra et signe ainsi son quatrième long métrage, délivre une œuvre à la fois grandiose et introspective. Loin de se résumer à un pamphlet anti-consumériste, Into the Wild parvient tout à la fois à approcher la complexité de son personnage principal, dont les motivations sont loin d'être évidentes, et à questionner sans arrogance aucune le rapport de chaque être humain à la Nature, à ses pairs, à la vie et à la mort.

Mettant constamment en relation l'ampleur écrasante des décors, splendides, avec l'intimité des sentiments, d'une vérité bouleversante, la mise en scène inspirée de Sean Penn épouse les sensations et émotions de son personnage. A ce titre, Into the Wild révèle l'immense talent du jeune acteur Emile Hirsch qui incarne véritablement McCandless et habite littéralement le film de sa présence. Le comédien partage la vedette avec des acteurs secondaires d'un naturel qu'il est précieux de voir au cinéma et parmi lesquels Catherine Keener brille une fois encore par l'extrême sensibilité de son jeu.

Sans conteste l'un des films de l'année, Into the Wild est un chef d'œuvre absolu, une épopée tragique d'une profondeur et d'une lucidité rares. On ne se lasse pas d'écouter encore et encore la sublime bande originale signée Eddie Vedder, dont la voix et les guitares apportent à cette expérience hors du commun une touche à la fois lyrique, chaleureuse et vivante.