Iron Man 2
Le 27/04/2010 à 09:02Par Arnaud Mangin
Iron Man 2 a beau charger les batteries à plusieurs reprises, cette suite se montre finalement bien moins efficace et convaincante que le premier opus. La faute à un effet de surprise estompé et un sens du spectaculaire qui n'est pas le point fort de son réalisateur. Demeure néanmoins un divertissement rapidement oubliable, mais dont le minimum syndical fait illusion pendant 120 minutes. Le premier était chouette tout le temps, le second uniquement par moments...
Découvrez ci-dessous la critique du film IRON MAN 2
Noyé dans la kyrielle de blockbusters hollywoodiens programmés pour les semaines à venir, Iron Man 2 suscitait des attentes plus accentuées que la concurrence. D'abord parce que Marvel a le chic pour proposer des castings de fous (et que celui de Iron Man 2 semble parfois échappé d'un Woody Allen) mais surtout parce qu'il s'agit de la suite d'une des très grosses surprises de 2008. On n'attendait rien d'Iron Man... et on attendait surtout beaucoup d'Iron Man 2. Finalement, le retour de flamme est proportionnel à ces fameuses attentes : on ne va pas en mourir, mais Iron Man 2 est tout même moins bon que son prédécesseur. Moins fun, moins punchy, moins rythmé, moins rock'n roll (malgré le renfort de l'illustration musicale)... et malheureusement moins riche en action, alors qu'il s'agissait du principal défaut du premier opus ! Des petites chtouilles qui n'en font pas nécessairement un mauvais film, d'autant que celui-ci est bien emballé dans son ensemble, mais qui n'en font rien de plus que n'importe quel divertissement hebdomadaire sitôt vu, sitôt oublié.
Mais qu'est ce qui bloque dans ce film qui avait tout pour être sympathique ? Le premier était pourtant très fun... Il faut croire que Jon Favreau se confronte difficilement aux enjeux de toute suite qui se respecte. Si, par le plus grand des paradoxes, l'ouverture que constituait le premier film confirmait le bonhomme comme faiseur idéal pour livrer un produit ni contrariant, ni débordant, il semble soudainement ne pas avoir les épaules pour franchir l'échelon supérieur. Parce que pour rendre Iron Man 2 plus bouillant qu'Iron Man premier du nom, il en fallait un peu plus qu'un simple film en mode automatique. Par conséquent, le film s'apparente à une copie à peine variée du premier opus, en mettant en avant plus que jamais tout ce qui avait plu : l'humour décontracté, des personnages disposés à l'empathie, des thèmes ni bêtes, ni prise de tête. Le tout en tirant sur la corde pour remplir les deux heures réglementaires sans se soucier du reste. Pour le côté bigger and louder on repassera. Malheureusement.
Autre pépin, narratif cette fois, l'intrigue s'attarde trop (beaucoup trop) sur ce que l'équipe du film considérait comme essentiel, à savoir Robert Downey Jr, déjà surexposé dans le premier film et qui envahit l'écran de façon boulimique au point d'effacer à peu près tout le reste du casting. Ceux qui trinquent le plus sont bien évidemment les petits nouveaux : Don Cheadle apparait moins à visage découvert que en armure, Scarlett Johansson n'est là que pour la castagne (et dont le montage charcute les cascades étonnantes qu'elle effectue pourtant elle-même) tandis que Sam Rockwell fanfaronne dans la peau d'un méchant un poil trop balisé pour lui. Le vrai regret concerne bien évidemment Mickey Rourke, pour qui le rôle de Wisplash a été refaçonné sur mesure pour en faire un vrai monstre charismatique (physiquement, ça en jette) mais qui ne demeure qu'un prétexte, comme pouvait l'être Octopuss dans Spider-man 2, parce que "il fallait absolument un méchant". Sorti de la bonne grosse gueule de cinéma, sa présence épisodique et ses trois pauvres lignes de dialogues (où il passe son temps à réclamer son perroquet adoptif) en font le personnage le moins caractérisé de tout le film. Dommage, parce qu'avec ses gros fouets électriques et sa dégaine de bucheron, on tenait là un antagoniste bien badass, façon Mad Max 2, élevant normalement ce type de divertissement vers le haut.
Un constat d'autant plus regrettable que Favreau a le mérite d'avoir cerné quelques tics de séries B bien plaisants lorsqu'il s'agit de rebondir dessus, mais dont la forme soutient à peine le fond. On aime les allégories pesantes du narcissisme américain face à la vétusté russe (on pense à Rocky 4) ou le concept des grosses upgrade foirées supposées rendre désuet ce qu'on a trouvé génial dans le premier (on pense à Robocop 2) mais ça ne déchire pas autant que ça devrait ! Du coup, Iron Man 2 se laisse suivre passivement, nous arrachant quelques rires timides ça et là, mais peine à maintenir notre attention tout du long. Outre un avant dernier acte plus pesant que la moyenne qui s'égare à trop vouloir creuser là où la façade suffit (Stark est malade, Stark a des problèmes à régler avec son père - qui se révèle être Walt Disney en personne , Stark tient moyennement l'alcool, Stark n'est plus dans le coup, Stark se met tout le monde à dos...), même l'affrontement final ne brise pas une noix. Passé sa première heure, qui trouve son apogée dans une efficace séquence monégasque, le bazar peine à redécoller par la suite, lesté par trop de longueurs...
Mais Iron Man 2 conserve quand même dans son escarcelle quelques qualités qui n'en font pas un produit honteux. Outre la fameuse scène à Monaco évoquée plus haut et des intentions louables (ne pas accoucher d'un film con) même si pas concluantes (on s'ennuie parfois), on s'éclatera toujours devant des comédiens collégialement au top qui jouent le jeu à fond et surtout sur ce qu'est finalement ce film : un prélude aux Vengeurs. Si cet opus ne fait clairement plus le moindre détour (Samuel L. Jackson revient à la charge quinze fois en rentrant presque trop dans les détails) et que les clins d'œil sont souvent plus poussifs que de raison, c'est probablement ce qu'on en retiendra le plus. Entre Tony Stark qui se sert du bouclier de Captain America comme cale-meuble et l'apparition d'un invité surprise (SPOILER - sans son marteau ni son casque, mais bon), Marvel donne du grain à moudre aux fans sans retenue.
Contrairement aux rumeurs, la version du film que nous avons vue en projection de presse ne contenait aucune scène supplémentaire après le générique. Néanmoins celle-ci avait déjà été retirée à la projection de presse du premier film pour finalement être bel et bien présente à partir du jour de la sortie. Confirmation mercredi 28 !