Jennifer’s Body
Le 16/09/2009 à 18:13Par Arnaud Mangin
Découvrez ci-dessous la critique de Jennifer's Body
Rarissimes sont devenus les bons teen movie ces dernières années pour la bonne et simple raison que, par définition, ils s'adressent aux adolescents des années 2000... avec la complaisance culturelle de rigueur qui pousse Hollywood à cheminer leurs produits vers le bas comme on creuse un puit de pétrole. Peut-être à raison, on ne sait pas... En tout cas, par respect pour les fans de vampires romantiques, on ne citera pas d'exemple. Alors forcément, Jennifer's Body sonne un peu comme une bonne nouvelle. Peut-être parce que ses créateurs avaient envie de prendre autant de plaisir devant leur film que le public auquel il s'adresse, peut-être parce qu'il ne s'adresse peut-être pas tant que ça aux moins de 18 ans, mais surtout parce qu'il transcende avec une certaine furie les codes les plus éculés du genre pour faire de ce qui aurait pu être une série Z super craignos, un regard sur la recherche d'identité sexuelle (en l'occurrence ''Lesbienne ? Pas lesbienne ?'') avec une multitude de degrés de lecture réjouissants et surprenants. Si l'on devait chercher un comparatif, on lorgnerait plutôt du côté d'un Teeth.
Ne nous méprenons pas, Jennifer's Body n'est pas non plus le messie de l'horreur et à l'heure où nous écrivons ces lignes, nous en avons déjà probablement oublié la moitié pour cause de maladresses narratives flagrantes qui le font souffrir de quelques passages à vide. Mais on apprécie ce respect envers le spectateur justement et surtout l'étrange inventivité qui lui offre un ton brut de décoffrage. Etonnant de la part d'un studio "plus-mainstream-tu-meurs" (le personnage de Megan Fox, dans un élan de vulgarité parmi tant d'autres, racontera sa première sodomie), de jouer avec des attitudes nymphettes ne brossant franchement pas son cœur de cible féminin dans le sens du poil, parce qu'on pourrait en conclure, via quelques jolies esquisses caricaturales, que quand on est jeune, on est un peu con. C'est ce qui différencie le parcours intéressant d'une Karyn Kusama (titulaire d'un CV improbable avec Girlfight, Aeon Flux et donc ce Jennifer's Body) sur le ressenti des jeunes filles en fleur, d'une Catherine Hardwicke (Thirteen puis Twilight) oeuvrant elle aussi dans cette thématique sacrée, dans un cadre réaliste puis jumelé à un cinéma de genre.
Car avant tout, et malgré un discours de fond dont la gravité est certes désamorcée mais vraiment prise au sérieux, Jennifer's Body est un film de genre. Un film d'horreur bien sanglant, aux tendances bisseuses qui n'auraient rien à envier à une séance endiablée lors d'un festival spécialisé et plutôt inventif dans sa forme comme dans sa narration. Couplé à une direction d'acteurs aussi poussive que juste (Megan Fox cabotine comme une bouilloire) le film s'impose comme un divertissement pas toujours au top de sa forme, mais fourmillant de bonnes idées et surtout très loin d'un formatage qui aurait été épuisant. Une sorte d'ovni rafraichissant, excitant, drôle, inspiré, parfois cradingue et surtout imprévisible. Rien de monumental en soi, surtout que c'est assez inégal, mais vraiment très plaisant !