La Conquête
Le 19/05/2011 à 09:50Par Maxime Chevalier
On se rappellera surtout la très bonne performance des comédiens de La Conquête qui, malheureusement, ne nous apprend pas grand chose - si ce n'est rien – sur l'ascension de Nicolas Sarkozy (ni même sur les arcanes du pouvoir) et se pose au final comme une reconstitution un brin scolaire de quelques instantanés de la vie de notre actuel Président. Pour paraphraser Dominique De Villepin dans cette Conquête, Xavier Durringer nous a offert un film à l'image de son personnage central : petit. Découvrez ci-dessous notre critique du film La Conquête.
CRITIQUE LA CONQUETE
Si comme nous, vous pensiez que La Conquête allait tout dévoiler sur l'ascension fulgurante de Nicolas Sarkozy, sur les coulisses de l'UMP et de L'Elysée, sur l'affaire Clearstream et sur son idylle avec Carla Bruni, vous allez tomber de haut. Car le problème de La Conquête, c'est qu'il ne nous apprend rien que nous ne savions déjà. D'une part, parce qu'il faut vraiment être un jeune perdreau pour s'étonner encore que la politique soit rythmée par les mensonges, manipulations et autres coups bas des uns et des autres. D'autre part parce que les événements relatés ayant tous moins de 10 ans, ils sont encore frais dans les mémoires. Et l'analyse qui en a été faite par les médias/spécialistes aussi. Dès lors, le film de Xavier Durringer ressemble moins à un décorticage en règle des arcanes du pouvoir qu'à une succession de reconstitutions (plus ou moins fidèles) de petits moments de la vie politique et familiale de Nicolas Sarkozy. Hélas, la seconde n'ayant à l'écran que trop peu d'influence sur la première (malgré la volonté du réalisateur de nous prouver le contraire), La Conquête passera largement à côté de son intention première qui était de livrer le portrait d'un homme ayant dû s'isoler pour atteindre les sommets (certains oseront une comparaison cavalière avec The Social Network, et ils n'auront pas tout à fait tort).
Ni engagé, ni instructif, ni passionné, ni passionnant, La Conquête finit par ennuyer, faute d'avoir un véritable point de vue (militant ? cinématographique ?) à proposer. Pire, sa narration simpliste et sa bande originale parfois agaçante en font par moment une œuvre extrêmement scolaire. Seul très bon point : la performance des comédiens ne se limite pas au simple pastiche. Que ce soit Denis Podalydès (Nicolas Sarkozy), Florence Pernel (Cécilia Sarkozy, le meilleur personnage du film) ou le tandem Bernard Lecoq / Samuel Labarthe (qui incarnent un duo Chirac / De Villepin souvent très drôle), tous dépassent l'imitation et parviennent presque à nous faire oublier les "originaux" qu'ils incarnent. Un moindre mal pour ce film très inégal, peut-être arrivé trop tôt pour pouvoir véritablement dresser un portrait subjectif de Nicolas Sarkozy.