Les premières minutes du film plantent le décor : le système judiciaire américain est faillible. Pire même, c'est une pièce de théâtre dans laquelle la mise en scène prime sur l'argument, la manipulation et la corruption l'emportent sur le témoignage sous serment et la rhétorique est maîtresse. Bref, une vision cynique de la justice qu'on retrouve incarnée dans le héros, Mick (Matthew McConaughey) un avocat comme on en a vu des dizaines d'autres. Magouilleur et bonimenteur, brillant et rompu aux subtilités du barreau, il ose même se morfondre autour d'un verre de scotch en se lamentant sur son divorce d'avec la mère de ses enfants...une procureur ! Bref : un cliché en puissance qui pourrait lasser si c'était là son principal sujet.

Avocat chargé de défendre Louis Roulet (Ryan Phillippe), un gosse de riche présumé coupable d’un crime, Mick va vite se rendre compte que son client le manipule, devenant au fur et à mesure son principal adversaire. Le classique coup de l'arroseur arrosé mais qui, ici comme toujours, fonctionne plutôt bien. Mieux même : Matthew McConaughey (révélé par Le droit de tuer dans lequel il jouait également un avocat)  s'avère brillant, charismatique et bien plus séduisant dans son jeu que dans ses dernières innombrables et plates comédies romantiques (Hanté par ses ex, L’amour de l'or ou encore Playboy à saisir.) Servi par une mise en scène haletante, au montage vif et sans fioritures et un casting impeccable (Marisa Tomei, Ryan Phillippe, William H. Macy, John Leguizamo...), la Defense Lincoln maitrîse plutôt bien son sujet, notamment lors des classiques batailles d'arguments filmées en tribunal.


Malheureusement, quelques impardonnables ratés l'empêchent pourtant d'atteindre la catégorie des grands films "de procédures": une fin tentant laborieusement de résoudre des conflits évasivement amorçés deux heures auparavant, de trop rares scènes d'actions sans grandes prises de risque, un scénario à tiroir un peu classique et d'abondants Flashbacks empruntés aux Experts : la défense Lincoln est un bon film qui, esperons-le, mènera Brad Furman, dont ce n'est ici que le deuxième long-métrage, vers un chef d'oeuvre, du genre ou pas.