La Famille Wolberg

Premier long métrage d'Axelle Ropert présenté en Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, La Famille Wolberg dresse le portrait d'une famille en crise dans un contexte tragique puisque le père, Simon (François Damien), est atteint d'un cancer du poumon et se refuse à dévoiler sa condition à ses proches. Continuant d'exercer ses fonctions de Maire, il entretient des rapports conflictuels avec ses deux enfants mais aussi avec sa femme (Valérie Benguigui), dont il découvre qu'elle a une liaison avec un autre homme (Jocelyn Quivrin). Si Axelle Ropert manifeste de bonnes intentions, ne serait-ce qu'en traitant un sujet à fort potentiel émotionnel, celles-ci ne suffisent malheureusement pas à tirer son film vers le haut. Pour une comédie dramatique centrée sur la fragilité des rapports familiaux, La Famille Wolberg possède certes une base de scénario intéressante mais manque singulièrement de subtilité. Dans les moments comiques l'humour tombe presque systématiquement à plat, et dans les moments dramatiques les dialogues sont beaucoup trop écrits pour être crédibles, explicitant bêtement ce qui devrait être suggéré par les images.

Ce qui désole véritablement dans La Famille Wolberg, c'est l'absence totale d'ambition artistique de la réalisatrice. Car enfin, avec un tel sujet, le film aurait dû faire monter la tension dramatique afin de susciter l'empathie du spectateur, de lui suggérer les non-dits entre les différents protagonistes, notamment les deux parents qui traversent justement une crise de couple. Or la réalisatrice se repose entièrement sur le jeu de ses comédiens sans effectuer de son côté aucune recherche formelle, aucune mise en valeur. Soit, il n'est pas forcément nécessaire de bourrer un film d'artifices de montage ou de musiques larmoyantes pour lui conférer puissance et subtilité. Mais encore eût-il fallu, dans ce cas, faire la démarche de diriger avec précision ses acteurs, au lieu de les laisser tourner en roue libre. La Famille Wolberg se présente comme une accumulation de scènes jouées par des acteurs visiblement peu impliqués qui se contentent de réciter leur texte sans qu'aucune alchimie ne naisse à l'écran. Seule Leopoldine Serre semble habitée par son rôle d'adolescente, tirant son épingle du jeu au sein d'un casting pourtant prometteur (Valérie Benguigui, Jocelyn Quivrin, habituellement bons mais peu inspirés ici...). Au final, La Famille Wolberg fait partie de ces films dont on se demande pourquoi ils passent par la case cinéma au lieu d'arriver directement à la télévision. On s'étonne encore que l'objet ait pu figurer dans une sélection cannoise.