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La Fenêtre

Le 04/05/2009 à 09:58
Par
Notre avis
6 10

Nouveau film de Carlos Sorin à qui l'on doit le plebiscité Bombon El Perro, La Fenêtre s'attarde sur les dernières heures d'un vieil homme à l'article de la mort. Avec un style dépouillé presque dénué d'artifices, Carlos Sorin sculpte finement son univers visuel et sonore pour nous faire vivre intensément cette ultime journée d'apparence banale, à laquelle il instille une portée onirique inattendue. Le film faiblit légèrement dans sa dernière partie mais demeure une expérience riche et émouvante.


Critique La Fenêtre

Critique La Fenêtre

 

Les dernières heures d'un vieil homme avant sa mort. Un sujet au premier abord peu attrayant et pourtant riche en possibilités que le cinéaste argentin Carlos Sorin (Historias Minimas, Bombon El Perro) explore avec simplicité dans La Fenêtre, drame poignant qui plante son décor dans une hacienda située au nord de la Patagonie. Plutôt que d'envisager le thème de l'abandon des personnes âgées sous un angle social, comme l'auraient certainement fait nombre de ses confrères de la nouvelle vague argentine, Sorin décide de privilégier l'expérience subjective en adoptant le point de vue du vieil homme et en s'attardant sur ses sensations. La fenêtre dont il est question dans le titre est ainsi tout simplement celle qui se trouve dans sa chambre, à quelques mètres de son lit de mort, celle qui le relie au monde extérieur en laissant filtrer les rayons du soleil et les senteurs de la nature. Divisé en trois actes, La Fenêtre nous immerge tout d'abord dans l'univers restreint du quotidien d'Antonio, vieille demeure hantée par le son obsédant du pendule de l'horloge et dans laquelle s'agitent les aides-soignantes qui infantilisent leur patient avec les meilleures intentions du monde, tandis qu'un accordeur de piano oeuvre tranquillement dans le salon. A l'exiguité des décors d'intérieur s'oppose l'immensité des champs jaunis par le soleil qu'Antonio parcoure lors de son escapade désespérée vers le monde du dehors, vers la liberté, la beauté des images se voyant soutenir par un formidable travail sur les sons qui confère à l'expérience une rare puissance onirique. Enfin, la troisième partie marque une rupture de point de vue avec le retour du fils, devenu pianiste de renom et qui se reconnecte peu à peu à son enfance, cette part oubliée de lui-même que lui rappelle son père.

 

Critique La Fenêtre

 

Pour un film évoquant la solitude précédant la mort, La Fenêtre n'a rien de sordide ou de déprimant. Carlos Sorin évite judicieusement le pathos en introduisant quelques notes d'humour bienvenues dans cet univers qui sent pourtant la mort à plein nez dans ce qu'elle a de plus banal. Outre la prestation touchante d'Antonio Larreta, la force de La Fenêtre est de parvenir à faire vivre intensément ces dernières heures alors qu'il ne s'y passe finalement presque rien, mais aussi de suggérer le passé affectif de ses personnages au moyen de quelques détails en apparence anecdotiques. Le piano, auquel on doit les seules musiques du film, s'apparente presque à un personnage de l'histoire. Ainsi de cet instrument révélateur de souvenirs et d'émotions réémerge à la surface les résidus oubliés de l'enfance que sont les petits soldats usés et décolorés par le temps. Le film ne faiblit que dans sa dernière partie, en partie ternie par le personnage grotesque de la belle fille, caricature de la citadine dont la superficialité confine tellement au cynisme qu'elle en devient irritante. Une petite faute de goût qui s'accorde mal avec les notes poétiques qui chantent sur tout le reste du film mais qui n'amoindrit pas pour autant la portée émotionnelle de ce petit bout de vie.






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