La Forme de l'eau : Guillermo del Toro signe son plus beau film ! - critique
Le 17/02/2018 à 14:00Guillermo del Toro n'est jamais aussi bon que quand il signe des films personnels. La Forme de l'eau en est une nouvelle preuve 12 ans après le Labyrinthe de Pan et 17 après l'Echine du diable.
Récompensé par 13 nominations aux Oscars 2018 et gagnant du prestigieux Lion d'Or au dernier festival de Venice, cette histoire d'amour avec un monstre amphibie mérite tous les superlatifs.
On a toujours aimé le réalisateur mexicain. Autant pour ses films, pour l'univers qu'il défend, pour son amour des monstres, du fantastique et des séries B que pour sa personnalité de bon vivant et la générosité communicative qui se dégage de son cinéma.
Néanmoins, ses dernières productions nous avaient déçu. Que cela soit Crimson Peak, qui malgré sa beauté visuelle s'avèrait creux, ou encore Pacific Rim, qui en dehors de ses combats titanesques manquait sincèrement d'âme et du petit plus qui aurait pu le propulser au delà du simple blockbuster... des semi déceptions qui nous ont fait regretter que plus amèrement tous les projets non aboutis du cinéaste (Le Hobbit, Tintin, Pacific Rim 2, les Montagnes Hallucinées...).
Avec la Forme de l'eau (The shape of water), Guillermo del Toro signe à 53 ans ce qui restera peut-être comme son plus beau film. Le réalisateur de Blade 2 y revisite son thème préféré, celui du monstre. Le cinéaste continue de filmer l'humanité des monstres et la monstrosité de l'homme. Mais avec une approche plus adulte cette fois-ci. Et bien plus riche en émotion.
Dans un laboratoire en 1963, une femme de ménage muette passionnée de comédie musicale tombe amoureuse d'une créature amphibie (rappelant Abe Sapien de Hellboy) prisonnière et torturée par un impitoyable agent du FBI (génial Michael Shannon).
La Forme de l'eau compile tous ce qui caractérise le cinéma de del Toro depuis plus de 25 ans. Mais ici rien n'est forcé ou mécanique. Tout est au contraire fluide et riche en émotions que cela soit la mise en scène en mouvement perpétuel ou encore le traitement des deux personnages principaux muets à qui il donne la parole avec une tendresse merveilleuse.
Ce conte de fées pour adultes qui flirte entre l'horreur et le merveilleux (comme souvent chez Del Toro) bénéficie d'un cast de qualité avec Sally Hawkins (vue chez Mike Leigh et Woody Allen), Michael Shannon (Boardwalk Empire, Midnight Special), Richard Jenkins (Six Feet Under), Octavia Spencer (Les figures de l’ombre) et Doug Jones (Hellboy I et II, Le Labyrinthe de Pan). Impossible aussi de ne pas évoquer la bande originale d'Alexandre Desplat qui sublime les séquences les plus magiques.
Fascinant et envoûtant, enveloppé par une nostalgie enivrante et une imagerie lovecraftienne, La Forme de l'eau célèbre le cinéma qu'il soit fantastique, muet, horrifique en passant par la série B, la comédie musicale et le thriller le plus noir. Une réussite totale et certainement le film que l'on attendait tous de Guillermo del Toro dont le talent va enfin pouvoir être reconnu et célébré au delà de la sphère des geeks et adorateurs de créatures que nous sommes.