La Momie 3 : La Tombe de l'Empereur Dragon
Le 26/07/2008 à 13:59Par Elodie Leroy
Accumulant les invraisemblances scénaristiques, La Momie 3 : La Tombe de l'Empereur Dragon surenchérit avec des scènes d'action désordonnées, des effets spéciaux inégaux et un humour lourdingue qui ne fonctionne qu'à moitié. On obtient un film bancal qui ne réussit que sporadiquement à divertir grâce à la cote sympathie de son acteur principal, Brendan Fraser, et la présence de quelques outsiders charismatiques, même si l'on a connu Jet Li et Michelle Yeoh dans des rôles plus consistants. Le déclin de la saga ?
Sept ans après Le Retour de la Momie, Rob Cohen (Fast and Furious, xXx) prend la suite de Stephen Sommers aux commandes de La Momie 3 : La Tombe de l'Empereur Dragon. On l'aura compris à la lecture du mot "Dragon" dans le titre, ce troisième épisode tente de surfer sur la vague chinoise. Il fallait donc que l'affaire exploite quelques sujets locaux de fascination, tels que les soldats en terre cuite du Premier Empereur Qin ou encore la Grande Muraille. Si le synopsis flairait la succession de clichés à plein nez, l'entrée en scène aux côtés de Brendan Fraser de stars chinoises telles que Jet Li, Michelle Yeoh et Anthony Wong ne pouvait qu'attiser une certaine curiosité. Et puis, le cru des blockbusters américains de l'été étant plutôt bon cette année, on avait envie de croire que Rob Cohen nous avait lui aussi concocté un bon film d'aventures, si décérébré soit-il. Malheureusement, La Momie 3 : La Tombe de l'Empereur Dragon fait non seulement figure de mauvais de la classe en cette saison mais semble annoncer le déclin d'une franchise jusqu'alors bien sympathique.
Pour commencer, même si l'on accepte l'idée que le pitch d'un tel film ne constitue qu'un pur prétexte à des aventures délirantes, on ne pourra pas passer à côté de quelques emprunts flagrants. La Momie 3 débute en effet en nous plongeant plus de 2000 ans en arrière, aux côtés d'un empereur ambitieux (Jet Li) en quête d'immortalité et qui devient fou de jalousie lorsqu'il découvre que la femme qu'il convoite, la sorcière Zi Yuan (Michelle Yeoh), entretient une liaison avec son général (Russell Wong). La conséquence est une malédiction qui les transforme tous, ou presque, en soldat de terre cuite. Une introduction certes romantique mais ressemblant comme deux gouttes d'eau, la poésie en moins, à celle d'un autre film intitulé Terracota Warrors et réalisé à Hong Kong en 1990 par un certain Ching Siu-Tung, avec Gong Li dans le rôle principal. Pour l'originalité, on repassera. Si la suite des événements nous ramène rapidement à l'univers connu de la franchise, l'intrigue s'avère bien trop minimaliste pour être crédible et accumule les facilités scénaristiques, au point que le film finit par ne reposer que sur les pitreries de ses personnages. Certaines sont drôles, d'autres moins. Il faut dire que la saga perd quelque peu de sa saveur en raison du changement radical d'une partie du casting. On retrouve bien entendu en tête d'affiche Brendan Fraser, dont la cote sympathie reste intacte - et sans lui, il n'y aurait tout simplement plus de Momie. Mais l'acteur, un peu en retrait cette fois, s'avère nettement moins bien accompagné puisque la pétillante Rachel Weisz est ici remplacée par l'irritante Maria Bello qui ne parvient jamais à dégager une quelconque fantaisie. De toutes les actrices hollywoodiennes, n'y avait-il que celle-ci de disponible ? Le couple O'Donnell n'est donc plus ce qu'il était, tandis que John Hannah se voit relégué au rôle du bouffon de service, avec un humour qui tombe bien souvent à plat. Et ce n'est pas la jeune génération qui va prendre la relève, Luke Ford (un peu âgé pour être le fils de Fraser et Bello) et Isabella Leong rivalisant d'insipidité dans leur tentative de faire croire à une romance téléphonée. De leur côté, Jet Li et Michelle Yeoh n'ont pas à rougir de leur prestation mais ne suffisent pas à sauver la mise.
Avec des personnages ennuyeux, un scénario accumulant les facilités et les punchlines ratées, que faire ? Surenchérir dans les scènes d'action, bien sûr. D'un film comme celui-ci, on attend avant tout du spectacle, ce genre de spectacle qui fait renouer chacun d'entre nous avec son âme d'enfant, ce que La Momie et Le Retour de la Momie réussissait sans difficulté à faire, reprenant presque le flambeau d'Indiana Jones. Il est vrai que La Momie 3 n'est pas avare de situations et de courses-poursuites rocambolesques, mais il ne suffit pas de faire exploser des feux d'artifices, de faire gesticuler les acteurs et d'ajouter une touche d'exotisme pour faire un bon film d'aventures. Le public doit y croire, telle est la clé de la réussite. La Momie 3 met certes en jeu un bestiaire varié et multiplie les transformations de la momie, mais le résultat n'est pas toujours très agréable à l'œil, quand il n'est pas franchement risible. Il n'y a qu'à voir le ratage que constitue la créature figée et noirâtre censée représenter Jet Li à l'état zombiesque. A côté de cela, les yetis dont la vision inquiétait dans la bande annonce sont loin de constituer le pire des handicaps, voire viennent apporter un zest de fraîcheur bourrine à ce film qui manque par ailleurs singulièrement d'énergie. Car ce n'est pas du côté des affrontements martiaux entre Jet Li et ses opposants qu'il faudra chercher une quelconque jubilation. Filmés et montés avec les pieds, les combats nous renvoient tristement aux premières tentatives d'introduire à Hollywood des scènes d'action à la sauce hongkongaise. Et encore, Jet Li faisait plus forte impression lorsqu'il mettait Mel Gibson au tapis dans L'Arme Fatale 4.