La Proposition
Le 07/08/2009 à 09:31Par Michèle Bori
Lorsqu'on va voir un film qui s'appelle La Proposition, mis en boîte par celle à qui l'on doit 27 Robes et avec Ryan Reynolds et Sandra Bullock dans les rôles principaux, on sait quand même clairement à quoi s'attendre. Bingo, voilà une comédie romantique on ne peut plus classique, pas originale pour deux sous, bien anecdotique et inoffensive, mais qui a au moins pour mérite de ne pas tromper sur la marchandise. Un bon petit date-movie, un peu guimauve, un peu cliché, mais pour autant loin d'être déplaisant.
Margaret est une business woman sans cœur, dévouée entièrement à son travail. Andrew est son jeune assistant, plein de bonne volonté, qui doit subir au quotidien les supplices de sa patronne. Margaret est canadienne et elle est menacée d'expulsion à cause d'une sombre histoire de visa. Margaret n'a donc plus qu'une solution envisageable : pousser Andrew à l'épouser. Il acceptera, et sera contraint d'emmener cette dernière aux 90 ans de sa grand-mère, dans un petit village de l'Alaska, histoire de rendre la supercherie crédible aux yeux du gouvernement.
En voilà un beau pitch de comédie romantique comme on les aime, plein à ras-bord de tous les incontournables du genre, de tous les ingrédients indispensables pour faire un bon petit film du dimanche après-midi, ceux qu'on voit en amoureux avant d'aller manger des gaufres au bord d'une fontaine. Aller voir La proposition, c'est comme commander une glace vanille-chocolat ou une crêpe au sucre : pour en avoir mangé un millier avant, on sait très bien quel goût ça va avoir. Qu'importe, c'est bon quand même. Simple, classique, mais bon. Ici, c'est pareil : en rentrant dans la salle, on devine très bien ce à quoi on aura droit pendant 1h50. Et c'est justement pour ça qu'on y va !
On trouvera alors, comme dans bien d'autres films, deux personnages antagonistes obligés de cohabiter malgré leurs différences (une méchante manipulatrice, un gentil idéaliste), un huis-clos exotique (petit village en Alaska), des personnages secondaires délirants (une grand-mère qui a la pêche, un Mexicain à tout faire), une jolie blonde, un chien rigolo et un méchant habillé en costume. On trouvera aussi un schéma de narration on ne peut plus classique, avec des séquences un peu débiles envoyées toute les 10 minutes pour réveiller le chaland (le chien se fait enlever par un aigle, la grand-mère danse du rap, l'héroïne se fait payer un strip-tease). On aura aussi le droit à la fameuse scène où l'on croit que tout est fini, mais en fait non, car il reste encore une bobine ! Bobine dans laquelle on aura le plaisir de voir débouler la fameuse conclusion fleur bleue qui... on vous laisse deviner, ce n'est pas bien difficile. Bref, La proposition est un produit calibré, formaté et cliché. Mais pour autant, pas ennuyeux ni déplaisant. Parfois drôle même grâce à ce Ryan Reynolds qui n'en finit plus de se montrer sympathique (tenons-nous là un nouveau Brendan Fraser ?) et cette Sandra Bullock qui se paye une cure de jouvence en minaudant comme une adolescente. Un film qui ne révolutionne absolument pas le genre, mais qui le respecte, ce qui est déjà pas mal. Et en écrivant ces lignes, nous nous rendons compte que c'est exactement ce que nous avions dit au sujet de 27 Robes, le précédent film d'Anne Fletcher, autre comédie romantique "prêt-à-porter" qui nous avait tout de même laissé avec un souvenir pas désagréable. La preuve qu'en cinéma, comme ailleurs, on est prêt à pardonner beaucoup de choses tant que ce que l'on a sous les yeux n'essaye pas de se prendre pour ce qu'il n'est pas !