La Révélation
Le 17/03/2010 à 17:45Par Caroline Leroy
Découvrez ci-dessous la critique de "la révélation".
Avec cette coproduction européenne ambitieuse réunissant l'Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas, le réalisateur Hans-Christian Schmid et Bernd Lange, tous deux co-auteurs du scénario, se lancent résolument dans une entreprise périlleuse, sur un terrain jusqu'alors assez peu fréquenté au cinéma. Ce n'est pas la première fois que la guerre de Bosnie est abordée à l'écran, toutefois La Révélation (ou plutôt Storm, son titre original, qui lui sied singulièrement mieux) se démarque par son approche originale en situant son intrigue au sein des rouages complexes d'un Tribunal international, en l'occurrence celui de La Haye. Le drame est à la fois traité sur les plans juridique et politique mais aussi et surtout à travers un point de vue très humain, en ce qu'il s'intéresse davantage aux blessures laissées par les exactions commises qu'aux raisons de cet interminable conflit dont aucune image ne nous est d'ailleurs montrée ou presque.
Sur le fond, Hans-Christian Schmid entrelace brillamment ces deux dimensions en les enrichissant de développements intéressants. D'une part, parce que le scénario, même s'il relate une histoire fictive, est très bien écrit et remarquablement documenté. Si tout le monde se fait une vague idée de la manière dont sont menés ces grands procès pour crimes de guerre, le réalisateur se fait un plaisir de nous éclairer sur le difficile compromis sur lequel ils reposent, entre une volonté réelle de faire justice et les limites imposées par la précarité de leur financement, qui impliquent un pragmatisme fatalement décevant voire révoltant. Inspiré de la procureure allemande Hildegard Uetz-Rezlaff, le personnage de la procureure Hannah Maynard possède une réelle épaisseur, qualité que l'on doit aussi à l'interprétation extrêmement juste de Kerry Fox (Intimité). On peut en dire autant de Mira Arendt et de son interprète Anamaria Marinca (4 mois, 3 semaines et 2 jours), comédienne intense et authentique. Ne serait-ce que pour le traitement nuancé de son sujet délicat et pour le jeu des deux actrices, La Révélation en vaut la chandelle.
Toutefois, malgré ces qualités évidentes, malgré l'intérêt que suscitent le contexte, le traitement et l'interprétation, le film manque de cette flamme, de ce sens du suspense haletant qui font les grands thrillers - car il s'agit bel et bien d'un thriller. Difficile de reprocher quelque chose de concret à la réalisation propre et nette de Schmid, mais il est certain qu'elle n'éblouit pas non plus. Certains moments qui auraient le potentiel d'être intenses s'avèrent être un peu plats, rompant momentanément le rythme de l'ensemble. A force de rechercher à tout prix le réalisme, le cinéaste en oublie parfois de transcender visuellement son sujet, nous laissant un peu sur notre faim en dépit de la certitude d'avoir découvert une œuvre riche et intelligente.