La Ville fantôme
Le 27/02/2009 à 13:25Par Michèle Bori
Remplacez Greg Kinnear, Ricky Gervais et Téa Léoni par Michael Keaton, Jeff Goldblum et Geena Davis au casting de La ville fantôme, et vous pourriez avoir un film de la fin des années 80, dont la jaquette VHS entraperçue il y a 15 ans dans un rayon de vidéoclub vous semblerait vaguement familière. Mais non, le film de David Koepp sort bel et bien en 2009. Trip nostalgique ? Film en retard sur son temps ? La ville fantôme est un peu des deux. Une comédie fantastique qui se consomme et se digère vite, et qui apporte le minimum syndical de bonne humeur et de bons sentiments pour passer un agréable moment. Pas de quoi réveiller les morts néanmoins.
Certainement le scénariste le plus connu (et reconnu) d'Hollywood, pour son travail sur des films aussi variés que Jurassic Park, L'Impasse, Panic Room, La Mort vous va si bien, Spider-Man et on en passe, David Koepp enfile pour la quatrième fois de sa carrière la casquette de réalisateur et signe avec La ville fantôme sa première incursion en tant que metteur en scène dans la comédie pure et dure. Avec son pitch teinté de fantastique, La ville fantôme rappelle étrangement quelques essais qui firent succès dans les années 80 et 90, Un jour sans fin (pour le côté quidam antipathique et misanthrope amené à s'ouvrir aux autres en vivant une aventure surréaliste) et Ghost (pour l'histoire de fantôme) en tête. En y regardant de plus près, le film de Koepp pourrait s'apparenter à une relecture de celui de Jerry Zucker, qui se placerait du côté de Whoopi Goldberg plutôt que de celui de Moore et Swayze. Et en y regardant d'encore plus près, on se rend compte qu'un film quasi similaire a été fait en 1993 par Ron Underwood, qui s'appelait Drôles de fantômes, et qui racontait l'histoire d'un Robert Downey Jr. contraint d'aider quatre spectres à trouver la lumière blanche qui les amènerait au paradis. Cela étant, ce n'est pas pour autant que nous n'attendions pas La ville fantôme, curieux que nous étions de découvrir ce que le réalisateur d'Hypnose et Fenêtre secrète (deux histoire de ... fantômes) allait faire d'un pitch permettant aux lémures de sortir d'un carcan cinématographique qui les cantonnait depuis quelques années à faire "bouh" derrière un miroir embué (avec si possible les cheveux gras et sales).
Hélas, loin de dépoussiérer le mythe du revenant, La ville fantôme est une petite comédie inoffensive, qui se regarde certes sans déplaisir, mais qui n'apporte pas grand-chose à ceux qui ont vu les films précédemment cités. Drôle et enjoué, très bien rythmé, disposant d'une brochette de comédiens sur la même longueur d'onde (ça cabotine pas mal, surtout Greg Kinnear, mais sans jamais plomber les dialogues), le film de Koepp ne souffre pas de défauts majeurs, mais aurait certainement gagné en potentiel attractif si une recherche d'originalité avait été faite. Car malgré toutes ses qualités, on ne pourra s'empêcher de trouver que l'ensemble demeure bien inoffensif et surtout très prévisible. De plus, comme la mise en scène très académique de Koepp ne vient jamais apporter une once de folie au métrage, on se retrouve face à une bobine sympathique certes, mais dont on ne gardera qu'un très vague souvenir dans quelques mois, voire dans quelques semaines. Comme Drôles de fantômes en fait ... vous vous rappelez de Drôles de fantômes vous ?