Largo Winch 2
Le 15/02/2011 à 10:10Par Arnaud Mangin
Les grosses machines françaises qui mettent le paquet sont rares. Largo Winch a tenté l'essai il y a un peu plus d'un an et n'a atteint son objectif qu'à moitié. Le second s'inscrit dans son exacte lignée : même s'il s'avère un peu moins pénible à suivre et plus soigné dans le domaine du spectaculaire, il demeure coincé au niveau du "sans plus", la faute à une envie d'écrire une intrigue carrée mais finalement peu trépidante. Dans les faits, Largo Winch 2 est donc, comme son prédécesseur, un vrai blockbuster à l'américaine. Mais il ne parvient toujours pas à en avoir réellement l'étoffe.
Découvrez ci-dessous la critique de Largo Winch 2
Critique Largo Winch 2
Deux ans et quelques semaines plus tard, la tiédeur du premier Largo Winch est encore palpable et c'est avec une approche toute relative que nous attendions le second épisode. Au final, si la recette ne fonctionnait qu'à moitié - parce que l'approche du divertissement efficace est encore à revoir chez ses scénaristes - ses instigateurs n'ont pas hésité à remettre grosso-modo le couvert dans cette suite foulant le même sol. A ce détail près qu'une fois écarté le laborieux exercice consistant à introduire le personnage et son univers aux intersections multiples, il est plus aisé ici de raconter une histoire d'aventure à part entière. Et donc plus agréable à suivre pour le spectateur. Alors qu'il est désormais à la tête d'un empire financier dépassant toute décence, Largo Winch est la victime d'un complot visant à jeter le discrédit sur lui en l'accusant de crime contre l'humanité, lors des massacres birmans. Juste ce qu'il faut pour faire chuter la côte boursière de son entreprise afin que cette dernière soit rachetée à prix d'or... Voilà pour un pitch global pas trop vilain dans l'absolu mais qui aurait gagné à aller à l'essentiel (comme dans le premier, tiens) sans remuer sempiternellement ses thèmes sur la loyauté et ses revers, jusqu'à plus soif.
A l'instar du premier opus, Largo Winch 2 jongle avec les flash-back (3 ans plus tôt, 3 ans plus tard, 3 ans plus tôt, 3 ans plus tard, etc.) pour dépeindre la progression du personnage dans sa confiance dans le genre humain. Déconstruction et reconstruction familiale, collègues et ami fidèles au poste, complots financiers appâtés par le gain, vengeance, rédemption etc. C'est bien joli, c'est plutôt généreux et audacieux dans la démarche mais, à défaut d'être pesant et incompréhensible comme l'était le précédent, ça manque encore de réelle patate et d'un rythme suffisamment soutenu pour nous maintenir éveillé. A force de vouloir proposer un spectacle épique et un univers d'une grande richesse, Jérôme Salle met beaucoup trop de temps à sortir son film de la torpeur dans laquelle il l'installe avec bienveillance. Et sur deux heures, le déséquilibre se fait lourdement ressentir. Quand à ses irrégularités globales, on pourra toujours piocher ses approximations dans le premier film : quelques guests pour le prestige (Sharon Stone qui perd 20 ans rien qu'en défaisant son chignon), le majordome coincé, des interventions posthumes un peu maladroites de Laurent Terzief (qui meurt quasiment à l'écran, revient et sort "Vous m'avez redonné gout à la vie", ouille.) et quelques bricoles du même acabit.
Néanmoins, la médaille a son bon côté. Pas vraiment de quoi élever le film aux steppes auxquelles son énorme budget aimerait le brandir, mais cet opus a le mérite de se démarquer de l'aspect "fait pour la télévision" dont souffrait le premier et dispose d'une imagerie de cinéma qu'on ne peut nier. Outre ses spectaculaires scènes d'action (dont une poursuite en voitures introductive), le film offre une restitution de cadres exotiques sauvages de la Birmanie et de la Thaïlande parfois somptueuse et à la hauteur des ambitions. C'en est presque du "beau décor pour du beau décor", mais on ne pourra pas retirer aux français l'envie de bien faire et de concevoir un spectacle à l'américaine avec un vrai professionnalisme. Si ça avait été moins ronflant, on aurait même trouvé ça vachement bien.