Le Choc des Titans
Le 30/03/2010 à 00:01Par Arnaud Mangin
Découvrez ci-dessous la critique du film Le Choc des Titans
CRITIQUE LE CHOC DES TITANS
Entre ceux qui peuvent, ceux qui veulent et ceux qui doivent, Hollywood est devenu un gigantesque empire carnassier bien loin de l'univers féérique des années folles à travers lequel les créatifs mènent un combat pour atteindre un certain idéal. Sur un plan rhétorique, on n'est même pas très loin du sujet qui nous intéresse, avec ses patrons de major perchés au sommet de l'Olympe qui malmènent du bout du doigt les quelques inspirés tentant de se frayer un chemin dans un monde rempli de monstres, de rêves et de désillusions. Dans le lot, il y a Louis Leterrier. Persée. Mi-homme parce qu'il est français... Le commun des mortels. Mi-Dieu, parce qu'il est américain dans l'âme, enchéri d'ambitions à la limite du biblique et une véritable envie de proposer du cinéma mastodonte comme il aime regarder et retransmettre. En tout cas, il veut en être et signer une forme de revanche sur l'idée générale voulant que les petits restent de leur côté et les grands du leur. Comme un titan qui monte au front contre les tyrans.
Sauf que Leterrier fait partie des rares cinéastes en provenance du pays du camembert, avec Alexandre Aja, à avoir pigé qu'on ne bataille pas contre Hollywood comme le rebelle du fond de la classe. Si on aime ce genre de cinéma, on n'attaque pas et on ne concurrence pas ceux qui sont les mieux placés pour le mettre en boite. On en prend part, avec lucidité, en sachant exactement quand courber l'échine et quand brandir son glaive. Homer Simpson, le plus américain des américains a dit ''On n'ouvre pas sa gueule avant d'être absolument sûr que les autres sont d'accord''. Ayant parfaitement pigé le système, le réalisateur français signe avec Le Choc des Titans un produit calibré dans des directives similaires à celles de L'Incroyable Hulk : trouver son propre plaisir dans la tache qu'on lui a octroyé. Fournir à l'employeur ce qu'il demande, pour mieux y inclure ses propres envies perso. Là où certains aimeraient afficher leur talent de force, Louis se ''contente'' d'exploiter son savoir faire. Le résultat relève forcément plus du consommable que du chef d'œuvre mais, en accomplissant correctement sa tache, se montre plus efficace que casse gueule.
Dès lors, il faut prendre Le Choc des Titans pour ce qu'il est et uniquement ce qu'il est : un gros défouloir virevoltant bourré d'action, d'un bestiaire un peu fou et d'effets visuels lourdement démonstratifs sans la moindre autre intention que celle de divertir avec le plus de générosité et de sincérité possible. La relecture mythologique n'est bien évidemment qu'une belle façade de bois pour donner plus de gueule au roller-coaster qui se cache derrière, bien qu'il demeure un prétexte relativement fendard pour remplir la galerie de bestioles et décors plus biscornus les uns que les autres. Ca ne va évidemment pas plus loin, mais ça ne creuse pas plus bas pour autant. Quitte à trouver un peu de plaisir autant qu'il soit immédiat, même si estompé dans la foulée, histoire de mieux apprécier un spectacle solidement torché. Une séquence comme l'affrontement contre la Méduse est à elle seule un petit plaisir de gamin (tant pour celui derrière la caméra que pour le spectateur dans son fauteuil) et équilibre la balance d'un pour/contre sans surprise pour un tel film de studio.
Mads Mikkelsen est charismatique là où Ralph Fiennes nous remake la sorcière de La Belle au bois dormant... L'histoire n'est pas vraiment immersive tandis que le spectacle mène la danse à titre technique. Du bien, et du moins bien... En gros, du pop corn vivant avec son temps et qui a le mérite d'être archi honnête dans sa démarche. C'est déjà titanesque.