Le Monde de Narnia : L'Odyssée du Passeur d'Aurore
Le 09/12/2010 à 10:01Par Elodie Leroy
Découvrez ci-dessous la critique du Monde de Narnia : L'Odyssée du Passeur d'Aurore
Critique Le Monde de Narnia : L'Odyssée du Passeur d'Aurore
Si Le Monde de Narnia : le Prince Caspian avait remporté un fier succès en France, attirant près de 3 millions de spectateurs dans les salles obscures et dépassant The Dark Knight, il n'en fut pas de même aux Etats-Unis. Loin de là. Le film d'Andrew Adamson fut pour ainsi dire un véritable four commercial au pays de l'Oncle Sam, entraînant en décembre 2008 le désengagement pur et simple des studios Disney pour ce troisième chapitre. Pendant plusieurs semaines, le sort de la production est donc resté en suspens, jusqu'à ce que la Fox reprenne finalement les droits de la franchise en janvier 2009. Producteur du film, Andrew Adamson laisse le fauteuil du réalisateur à Michael Apted, à qui l'on doit entre autres Le Monde Ne Suffit Pas de la franchise James Bond. Avec tous ces changements et coups de théâtre, la saga inspirée des romans de C.S. Lewis conserve-t-elle sa magie ? Sommes-nous face à une production calibrée pour les plus jeunes à l'occasion des fêtes de fin d'année ou, à l'instar du second volet, à un bon film d'aventures destiné à remporter l'adhésion des adultes comme des enfants ? Les deux à la fois.
Rappel des faits. Dans le précédent chapitre, les quatre enfants Pevensie étaient appelés pour venir en aide aux Narniens, menacés par les soudains désirs de conquête du Royaume de Telmarin. Celui-ci avait fait l'objet d'un coup d'état, à savoir l'assassinat de son souverain, obligeant le Prince Caspian, héritier de la couronne, à prendre la fuite. La mission des enfants Pevensie consistait ainsi également à soutenir ce dernier dans sa reconquête du pouvoir. Après moult péripéties, notamment une impressionnante bataille à grande échelle, Prince Caspian s'achevait par un happy end teinté d'une note mélancolique puisque les deux plus âgés de nos héros, à savoir Susan et Peter, avaient accompli leur passage à l'âge adulte et ne devaient plus revenir dans le Royaume de Narnia. Comme prévu, L'Odyssée du Passeur d'Aurore met en avant les deux plus jeunes, Lucy et Edmund, à présent livrés à eux-mêmes. Hébergés par la famille de leur cousin Eustache, un insupportable morveux dépourvu d'imagination, les deux enfants rêvent de retourner dans leur royaume. Par la magie d'un tableau représentant un navire voguant sur les flots, ils sont à nouveau appelés à se rendre à Narnia, embarquant malencontreusement avec eux leur cousin.
Si l'action change de décor en projetant ses héros sur les mers, plaçant le film directement en concurrence avec le prochain Pirates des Caraïbes 4 prévu dans quelques mois, l'univers de conte dessiné dans les précédents Narnia demeure fidèle à lui-même et l'on retrouve très facilement ses marques. Les humains côtoient comme si de rien n'était des animaux parlants, chaque individu assumant une fonction précise dans l'équipage tout en affirmant son identité. Voyage initiatique sur des mers agitées recélant des pièges et des créatures magiques, L'Odyssée du Passeur d'Aurore met à l'honneur des valeurs classiques telles que l'héroïsme, l'entraide mais aussi le développement de l'imaginaire. Les enfants s'y retrouveront à coup sûr. Mais au contraire de Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique, qui se compromettait dans la niaiserie avec une thématique religieuse trop appuyée, au point de verser dans la propagande, L'Odyssée du Passeur d'Aurore met à l'instar de Prince Caspian cette dimension en retrait pour la réduire à quelques répliques inoffensives à la fin du métrage. Le film conserve ainsi les valeurs de l'œuvre de C.S. Lewis tout en les adaptant à notre époque, pour se concentrer davantage sur le parcours des personnages dans un esprit très bon enfant.
Toujours campés par Georgie Henley (qui a beaucoup grandi !) et Skandar Keynes, Lucy et Edmund Pevensie prennent les commandes de l'aventure et voguent vers de nouveaux horizons, afin de parfaire leur initiation loin de la protection de Peter et Susan, réduits à l'état de souvenirs. Ben Barnes revêt quant à lui de nouveau le costume de Caspian (ou plutôt les costumes puisqu'il en change environ toutes les dix minutes) et paraît toujours tout droit sorti d'un conte de fées. Du côté des animaux, nous retrouvons quelques bobines familières, mais si Liam Neeson prête toujours sa voix profonde au lion Aslan, Eddie Lizzard est remplacé par Simon Pegg pour doubler la souris Ripitchip, toujours aussi fière et intrépide. Mais le personnage central s'avère contre toute attente être le cousin Eustache (Will Poulter), qui assure de prime abord le ressort comique du film, pour évoluer ensuite et accomplir lui aussi son propre parcours, s'imposant comme le personnage le plus réussi et volant la vedette à Lucy et Edmund.
Sans atteindre l'ampleur et le souffle épique de Prince Caspian, Michael Apted s'acquitte honorablement de sa tâche en délivrant un spectacle efficace et particulièrement riche en péripéties. Soutenues par de jolis effets visuels (notamment un dragon au design chiadé), les scènes d'action ont à ce titre pour qualité de servir habilement le récit en confrontant les personnages à leurs faiblesses, plutôt que de se résumer à de simples prétextes pour jouer la carte de la surenchère - le défaut qui ruinait justement les suites de Pirates des Caraïbes. En somme, L'Odyssée du Passeur d'Aurore séduira sa cible sans pour autant faire bailler les adultes, proposant un cocktail d'aventures et de merveilleux destiné à tous les amateurs du genre, quelque soit leur âge. Le charme opère toujours.
Date de première publication : 1er décembre 2010 à 0h01