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Le Pensionnat

Le 04/10/2007 à 18:29
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Notre avis
8 10 Succès surprise dans son pays et dans les festivals internationaux, ce joli film fantastique thaïlandais de Songyos Sugmakanan contourne les facilités habituelles du genre pour nous immerger dans une atmosphère inquiétante et se doter d'une charge émotionnelle inattendue. Une belle allégorie sur l'entrée douloureuse dans l'adolescence qui doit beaucoup à sa mise en scène classieuse et à des comédiens très attachants.

Critique Le Pensionnat

Après My Girl, qu'il cosignait avec cinq autres cinéastes, Songyos Sugmakanan change certes de registre en s'attaquant au genre du fantastique, mais poursuit ses chroniques sur l'enfance. Joli succès surprise lors de sa sortie en 2006 sur le territoire thaïlandais, Le Pensionnat fait rapidement le tour du monde à travers les festivals en raflant notamment le Prix Cannes Junior la même année et l'Ours de Cristal à la Berlinale quelques mois plus tard. Une aura amplement méritée puisque Le Pensionnat s'avère être une très belle surprise, une œuvre à la fois angoissante, émouvante et rafraîchissante qui confirme le talent d'un réalisateur décidément prometteur.


Critique Critique Le Pensionnat

 

L'immense qualité du film de Songyos Sugmakanan est de respecter pleinement le genre auquel il prétend appartenir, et par la même occasion le public auquel il s'adresse, tout en s'agrémentant d'une dimension psychologique menée avec une rare finesse. A des années lumières des clichés ayant par trop tendance à envahir les films de fantômes asiatiques actuels (et a fortiori les films américains qui les copient), Le Pensionnat ne joue aucunement sur les facilités habituelles, telles que les effets de sursaut à répétition, mais mise davantage sur un scénario plus subtil qu'il n'y paraît et surtout sur une atmosphère visuelle et sonore qui suffit à elle seule à faire naître la tension. Pour cette raison, Le Pensionnat s'inscrit davantage dans la lignée de réussites récentes comme L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona) que des éternels avatars de Ring. Centré sur le quotidien de Chatri (Charlie Trairat), un garçon d'une dizaine d'années fraîchement intégré au pensionnat et sujet à des phénomènes surnaturels, le récit adopte une approche subjective qui favorise l'immersion dans ces dédales inquiétants où circulent des légendes stimulant l'imagination. Se substituant volontiers aux dialogues, la superbe composition musicale joue la carte du lyrisme et évolue au gré des émotions que les personnages se révèlent inaptes à formuler, qu'il s'agisse du professeur Prani (Jintara Sukaphatana), dont la tristesse hante véritablement les lieux, ou de Chatri lui-même. A ce titre, la scène du cinéma en plein air s'impose comme l'une des plus impressionnantes et des plus poétiques du film, suscitant un réel vertige lorsque le ton bascule subitement du burlesque (le film projeté dans la salle évoque de près Mister Vampire) vers un mélange de drame et d'effroi.

 

Critique Critique Le Pensionnat

 

Le Pensionnat comporte bien sûr son lot de scènes à suspens, des moments d'une efficacité indéniable mais qui ne constituent finalement pas l'aspect le plus novateur du métrage. Pas plus que l'idée du pensionnat hanté par le fantôme d'un élève, un thème qui n'est pas sans rappeler L'Echine du Diable (Guillermo Del Toro). En fait, l'intérêt des séquences à connotation surnaturelle ne réside pas tant dans leur capacité à faire monter le trouillomètre que dans la nature des peurs qu'elles réveillent. A travers les légendes urbaines que les élèves transmettent aux nouveaux arrivants, tel un rite initiatique, Le Pensionnat fait resurgir un univers étrangement familier, celui des peurs enfantines. Des peurs qui, dans le vécu de Chatri, viennent se confondre avec des préoccupations d'ordre plus existentiel, telles que le sentiment d'abandon voire de rejet lié à son placement dans le pensionnat, et bien sûr le conflit douloureux qu'il traverse avec son père. Et si le petit twist du film se situe à mi-parcours et s'avère en fin de compte assez prévisible, c'est parce que l'histoire ne dévoile que dans sa seconde moitié ses véritables intentions, celles de causer de remise en question de la cellule familiale tout en offrant une allégorie sur l'entrée dans l'adolescence et la fascination pour la mort qui en découle. Là où Le Pensionnat est une vraie réussite, c'est dans sa faculté à émouvoir quelque soit le niveau de lecture choisi sur l'amitié entre le garçon et le fantôme de Wichien (Sirachuch Chienthaworn), une histoire très touchante qui doit beaucoup à la fraîcheur des deux jeunes acteurs. Dans les deux cas, le film de Songyos Sugmakanan est une merveille de sensibilité et de justesse.








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