Le Siffleur
Le 30/12/2009 à 18:10Par Michèle Bori
Découvrez ci-dessous la critique du film Le Siffleur
L'année dernière, nous avions eu Cash d'Eric Besnard. En 2009, La loi de Murphy de Christophe Campos. Leurs points communs ? S'empêtrant dans des histoires de gangsters à la petite semaine s'inspirant tantôt de Soderbergh tantôt de Guy Ritchie (mais sans jamais trop s'éloigner de l'héritage bavard et cliché de quelques maitres français du genre) et cherchant à se montrer plus cool qu'ils ne l'étaient vraiment, ces deux films sacrifiaient leurs sympathiques postulats de départ sur l'autel de la vanne facile et de la pose ringarde et se retrouvaient à l'arrivée les deux pieds dans le lourdingue.
Comme tout le monde, nous avons alors tiré des conclusions hâtives et nous pensions que faire une comédie de truands décontractée et rythmée était chose impossible en France. Et voilà donc pourquoi nous avions quelques appréhensions à l'idée de voir Le Siffleur, dont l'histoire et le style pouvaient laisser présager d'une énième tentative échouée. Et comme souvent dans ces cas-là, nous avions tort.
Soyons clairs: nous aurions certainement le nez qui pousse si nous disions que Le Siffleur esquive gracieusement tous les clichés et lieux communs du genre qu'il aborde. Oui, il y a du bavardage "à la Audiard" (ou plutôt en l'occurrence, à la Laurent Chalumeau, auteur du livre dont est tiré le film). Oui, on y voit des seconds couteaux débiles (Fred Testot par exemple). Oui, il y a une séquence en split-screen et oui, à la fin, il y a un twist où l'on croit que le héros s'est fait avoir, mais en fait non parce qu'il avait tout pensé depuis le début. En clair, le premier film de Philippe Lefebvre ne cherche pas à éviter les figures imposées, ni à leur tordre le coup. Au contraire - et c'est là que le film fait fort - il parvient à les enchainer de manière fluide et enjouée, tout en maintenant une certaine forme de suspense et de bonhommie sur 90 minutes. On ne criera certainement pas au génie ni à la révolution, mais on appréciera néanmoins de passer un agréable moment en compagnie de quelques comédiens qui semblent s'amuser ensemble devant la caméra, François Berléand et Thierry Lhermitte en tête, dans cette histoire de faux-semblants. De son côté, Philippe Lefebvre signe des débuts convaincants avec sa nouvelle casquette de metteur en scène (il est plus connu entant qu'acteur et scénariste), soignant ses plans et son montage pour offrir au public un produit, certes calibré, mais pas dénué de saveur. Un agréable petit film.