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Les Cavaliers de l'Apocalypse

Le 27/03/2009 à 08:21
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Notre avis
1 10 Malgré ses emprunts esthétiques flagrants à l'indétrônable Se7en, Les Cavaliers de l'Apocalypse s'inscrit davantage dans la lignée du douteux Intraçable que dans celle du film de David Fincher. Ce thriller d'épouvante platement réalisé échoue à instiller une tension macabre à son enquête policière pour s'achever véritablement en eau de boudin, en plus de se compromettre dans de la psychologie de bazar agrémentée d'un propos fumeux (et fumiste) sur les dérives de l'Internet. Ajoutons à cela la prestation risible de Zhang Ziyi, bien mal employée en Hannibal Lecter version jeune fille.

Critique Les Cavaliers de l'Apocalypse

Avec un titre aux accents mythologiques tel que Les Cavaliers de l'Apocalypse, le risque était fort que l'objet se fourvoie dans des considérations pseudo mystiques censées justifier la batterie de meurtres sanglants prévus pour se succéder à l'écran. Pourtant, ce n'est pas exactement ce qui se produit dans ce second long métrage de Jonas Åkerlund (Spun), qui se revendique finalement comme un thriller d'épouvante dénonçant le fanatisme religieux chez les jeunes, dans un décor urbain cruel où la cellule familiale est décidément en crise. Sur le papier, les intentions paraissent louables, d'autant que le film ambitionne de mêler le genre du polar à celui du drame familial en voyant son enquête court-circuitée par l'histoire personnelle de son protagoniste principal, Aidan Breslin (Dennis Quaid), le flic chargé de résoudre cette sombre affaire de meurtres en série. Le résultat, malheureusement, ne suscite que l'indifférence. Ou pire, la lassitude.

 

Critique Les Cavaliers de l'Apocalypse

 

 

Depuis un peu plus d'une douzaine d'années, nombreux sont les films qui ont tenté de réitérer le choc produit par Se7en. A défaut d'être originaux, tous ne sont pas nécessairement des nanars, comme en témoignait en 2002 le sympathique thriller coréen La 6e Victime qui croisait les références au film de David Fincher avec les influences en provenance du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. Avec Les Cavaliers de l'Apocalypse, Jonas Åkerlund mise sur la même combinaison mais va encore plus loin puisqu'il pompe sans vergogne l'esthétique macabre à connotation religieuse des scènes de crime de Se7en (les maquillages sont à ce titre plutôt réussis), tout en agrémentant l'enquête de Breslin d'une série de confrontations avec un psychopathe charismatique censé mettre le flic sur la voie à travers des propos énigmatiques et provocateurs. L'interprète de ce sombre personnage n'est autre que... Zhang Ziyi. Sérieusement. Et en anglais. Or on s'aperçoit bien vite que confier à Zhang Ziyi le rôle d'une version fille de Hannibal Lecter, c'est un peu comme si l'on demandait à Marion Cotillard de revisiter le personnage du Joker. On obtient un résultat assez surréaliste, parfois embarrassant, la plupart du temps risible. Une vraie faute de goût. A la décharge de l'actrice chinoise, dont nous avions plutôt l'habitude de faire l'éloge, Les Cavaliers de l'Apocalypse ne constitue que sa seconde performance dans la langue de Shakespeare après Mémoires d'une Geisha, et qui plus est dans un rôle très bavard.

 

Critique Les Cavaliers de l'Apocalypse

 

 

A un scénario mal fichu et des personnages maladroitement écrits, ou risibles comme nous l'avons vu, il faut ajouter un propos fumeux (et fumiste) sur les dérives de la jeunesse. Pour être dans le vent (et accessoirement entrer dans les préoccupations actuelles de certains dirigeants politiques), le coupable tout désigné n'est autre que l'Internet, ce lieu maudit où se forment de dangereuses communautés virtuelles marquant l'avènement de quelques désaxés bien décidés à bouleverser l'ordre public - quand ils n'ont pas pour projet de détruire le monde. Ce genre de discours n'est pas sans évoquer le très douteux Intraçable de Gregory Hoblit, avec lequel Les Cavaliers de l'Apocalypse a plusieurs points communs (héros dépressif, visions d'horreur très graphiques) et qui à grand renfort de meurtres abominables en profitait pour plaider à fond les manettes la surveillance policière - on n'est pas prêts d'oublier le dernier plan du film, monumental.

 

Critique Les Cavaliers de l'Apocalypse

 

 

Pourtant, et c'est là le plus grave, le principal handicap de ces Cavaliers de l'Apocalypse ne vient même pas de son discours. Ni même des considérations de psychologie de comptoir associées aux jeunes. Non, le problème est beaucoup plus simple. En vérité, si encore Jonas Åkerlund était allé jusqu'au bout de son idée et avait mis en scène le désastre promis, on aurait pu adhérer à une certaine forme d'excès flirtant avec le jusqu'auboutisme d'un Kairo (Kiyoshi Kurosawa) ou d'un Suicide Club (Sono Sion), la réflexion en moins. Mais il se trouve que pendant les 1h50 que dure Les Cavaliers de l'Apocalypse, on l'attend finalement de pied ferme, cette Apocalypse. Et on attend pour rien. Le semblant de suspense créé par la succession de meurtres atroces retombe tel un soufflé lors d'un final résolument anecdotique qui ne parvient même pas à inspirer une once de compassion pour les personnages impliqués. C'est ce qui s'appelle une belle arnaque.









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