Les Dents de la nuit
Le 06/08/2008 à 15:44Par Arnaud Mangin
Dans son échec artistique quasi-total, Les Dents de la nuit ne regorge que de deux ou trois bonnes choses dont une vraie et bonne nouvelle : il existe enfin, en France, des producteurs qui croient encore au cinéma de genre jusque dans ses déclinaisons les plus foireuses (ici un humour lourdingue) au point d'investir chérot dans des projets en général plus proches de ce que font les Américains ou les Anglais. La mauvaise, c'est que les malheureux financiers ont misé sur les mauvais chevaux pour faire de cet espèce de spoof horrifique un machin plus proche de l'univers des Frères Wyans que de Shaun Of The Dead... Du coup, Les Dents de la nuit s'attaque aux films de vampires la fleur au fusil, sans jamais s'intéresser à aucun moment à la créature ou au genre, mais en masquant surtout ses lacunes de novices par un humour faisandé de dernier de la classe. Attention, c'est comme ça qu'on rate une carrière !
Voilà typiquement donc le genre de projet qu'on aurait adoré soutenir, voire aimer, ne serait-ce que par sa façon de contre-attaquer une culture franchouillarde d'une autre époque. On aurait voulu se laisser avoir par le pitch déconnant, ou aurait voulu être fier d'un vrai film de genre façon Une Nuit en Enfer (qui avait parfaitement réussi à déboussoler les codes les plus établis). On aime bien les premières minutes du film un peu pulp et son générique en dessin animé et on s'était laissé totalement charmer par ses quelques teasers efficaces façon South Park... En gros, on est une fois de plus victime d'un abus de confiance au point d'avoir presque oublié que les bandes annonces ne proposent souvent que le meilleur et que chez nous, lorsque les comédies ne s'adressent pas à des communautés régionales conquises d'avance, elles ciblent des ados nourris au Morning Live.
Rien ne va, ma pauvre dame et Les Dents de la nuit nous rappelle effectivement qu'à force de caresser son public dans le sens du poil, il draine vers les plus profondes catacombes ce que des initiés auraient pu en attendre. Outre de beaux décors, de beaux costumes et de beaux effets spéciaux, ainsi que la présence burlesque des vraiment efficaces Sam Karmann et Tchecky Karyo, c'est surtout l'aventure pas spécialement folle de Vincent Desagnat, Frédérique Bel et Patrick Mille. Soit une série de prestations indépendantes où chacun fait son show dans son coin puisque c'est probablement ce qu'on leur a demandé sur le tournage et surtout ce qui permet de combler très difficilement 1h25 de film. Une bobine qui perd très rapidement une intrigue en or (des bobos fêtards qui tentent tout pour fuir une soirée organisée par des monstres alors qu'ils avaient tout tenté pour y entrer) pour ne finalement proposer qu'une série de sketchs difficilement liés les uns aux autres soit par des mauvais gags, soit par des bons... mais vu chez les ZAZ il y a déjà 20 ans.
Parler de déception serait un peu fort de café parce que l'on aurait dû s'y attendre, mais on regrettera amèrement que dans l'une de leurs rares incursions dans la parodie franche et directe d'un vrai genre, les Français se soient complètement gourés en confiant l'entreprise à des types qui n'ont probablement pas vu assez de films de vampires pour en parler. C'est lourd, c'est chiant, c'est surtout pas drôle (ou très rarement) et ça corrompt sérieusement la future mise en place d'autres exercices de ce type qui pourraient être réussis. En plus, on ne peut même pas accuser Eric et Ramzy sur ce coup-là...