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Les Derniers jours du monde

Le 28/07/2009 à 15:58
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Notre avis
7 10 Loin des codes hollywoodiens du film apocalyptique, les frères Larrieu proposent une vision de fin du monde un peu folle, plus spirituelle que démonstrative, où "fin du monde" se conjugue avec "fin d'un amour". On entre dans la salle moqueur et certain de la franchouillardise de l'entreprise, on en ressort estomaqué par son universalité.

Critique du film Les derniers jours du monde des frères Larrieu Critique du film Critique du film Les derniers jours du monde des frères Larrieu des frères Larrieu
Démarrons par une question bête : de combien de films apocalyptiques (ou post-apocalyptique) le cinéma français a-t-il accouché ? De mémoire de cinéphage, seuls trois films nous viennent en tête : Malevil de Christian de Chalonge (dont Pierre Delorme vous dira le plus grand bien), Le Dernier Combat de Luc Besson et Le Temps du Loup de Michael Haneke. Et quand bien même ceux-ci appartiennent pleinement au genre, on est encore très loin des canons hollywoodiens ultrafriqués, l'humanité y étant en effet plutôt dépeinte au milieu de blocs de béton délabrés ou dans une campagne austère et triste (perdu au milieu d'un décor pauvre) qu'enclavé dans un monde dévasté exhibé à grands coups d'effets spéciaux spectaculaires. Budgets étriqués, ambition de raconter une histoire sombre à échelle humaine ou partisans du "quand on sait pas, on fait pas", les raisons sont multiples.

Critique du film Critique du film Les derniers jours du monde des frères Larrieu des frères Larrieu
En adaptant le roman Les derniers jours du monde de Dominique Noguez, les frères Larrieu vont même encore plus loin puisque cette fin du monde aussi redoutée qu'elle soit est présentée de manière tout à fait anodine. Personne ne semble en effet réellement se soucier au quotidien des soucis géo-politiques et écologiques de la planète tandis que Robinson (Mathieu Amalric), rongé par ses échecs sentimentaux, se laisse dragouiller par Ombeline (Catherine Frot) sur les terrasses de café ensoleillées de Biarritz. Quelques légers dérèglements météorologiques et petites cohues par-ci par-là mais nada en ce qui concerne grands mouvements de panique et catastrophes à échelle globale. Ce n'est pas ici qu'on verra l'élysée se faire écraser par le Charles de Gaulle. Car après tout, la vie doit poursuivre son cours. Tous les personnages, de Mathieu Amalric qui part à la recherche de sa maîtresse perdue à Ombeline abandonnée frustrée par un mari qui peinait à la satisfaire, en passant par Théo (Sergi Lopez) chanteur d'opéra qui s'est amouraché de son ami de Robinson, tous cherchent la plénitude amoureuse (ou tout simplement physique) avant le grand incendie. Mais, la fin du monde approchant, se remémorer ses amours perdues et s'armer de deux bouteilles de rouge comme kit de survie avant de prendre la route, serait-ce là la vision de l'apocalypse à la française ?

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La première demi-heure est en ce sens assez effarante de franchouillardise si bien qu'on se met à sérieusement redouter les 90 minutes qui vont suivre. Et pourtant, dès que Robinson prend la route, Les derniers jours du monde s'embranche alors sur une toute autre tangente. Chaque étape de son voyage picaresque devient un instantané d'un monde qui s'atrophie, des visions d'une fin de monde un peu folles, plus spirituelles que démonstratives et qui impriment durablement la rétine : des attentats troublant au milieu d'une feria, un château où se sont reclus une bande de bourgeois select pour une orgie sexuelle et culinaire aux réminiscences de La Grande Bouffe, un suicide passionnel en plein opéra, un camp de réfugié sommaire installé façon Enfants de Don Quichotte, les hallucinations lumineuses d'une femme agonisante, la libido qui chez tous s'éveille ("c'est fou ce qu'on baise quand ça va pas" dira Karin Viar), une traversée à poil dans un Paris plongé dans une inquiétante obscurité, le tout se concluant sur une déflagration Hiroshima-esque, les amants enlacés, Léo Ferré qui entonne des mots d'amour. Les frères Larrieu ne proposent au final absolument pas le film apocalyptique attendu (heureusement d'ailleurs) mais un sacré beau film sur l'agonie d'un monde sans amour.

"Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton style c'est ta loi quand je m'y plie salope !
C'est ta plaie c'est mon sang c'est ma cendre à tes clopes
Quand la nuit a jeté ses feux et qu'elle meurt
Ton style c'est ton cœur c'est ton cœur c'est ton cœur
"
- Léo Ferré -







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