Lesbian Vampire Killers
Le 17/05/2009 à 08:00Par Arnaud Mangin
Attention : arnaque ! Sans son titre Z qui fait sortir les amateurs de cinéma bis de leur terrier comme des chiens de prairie, Lesbian Vampire Killers sombrerait déjà dans l'anonymat qu'il mérite pourtant. En l'état, le film est malheureusement à l'opposé complet de ce qu'il prétend être et s'affiche comme une grosse guignolade plus-populaire-tu-meurs bourrée de fric qui voudrait bien coincer les fans du genre dans ses filets. Une contrefaçon pour morveux. Et parce que le film essaye un peu de se prendre pour les deux, n'est définitivement pas Edgard Wright ou Lloyd Kaufman qui veut !
C'était à prévoir. Alors que les comédies horrifiques anglaises ont provoqué un soubresaut évident dans l'industrie du genre en Europe, solidement épaulé par les très bons Shaun Of The Dead, Hot Fuzz, et les aussi sympathiques Severance ou The Cottage, il fallait bien qu'un retour de bâton se fasse sentir. Il est là, il est arrivé et il nous rappelle que même chez nos amis les britishs, le monde du cinéma est remplis d'opportunistes persuadés qu'il suffit de surfer peinard sur une vague et d'essayer de se la jouer cool pour que le capital sympathie vous tombe tout droit dans le bec. Pas de bol pour Lesbian Vampire Killers puisque non seulement ses intentions faciles sont trop grossières pour tromper qui que ce soit, mais surtout parce que le talent ne suit à aucun moment. Malgré des efforts désespérés et éculés pour nous dire ''Oui, c'est un peu débile, mais c'est pour rire'' en pompant sans vergogne et sans inspiration des gens comme Tarantino ou Edgard Wright, le film se fourvoie dans de la comédie très premier degré de seconde zone qui refuse de s'assumer. Ni cul, ni sang et encore moins de cinéphilie bisseuse.
A mi-chemin entre le Shaun Of The Dead du pauvre (à qui il emprunte carrément les deux personnages principaux) et cette médiocrité bien franchouillarde qu'était Les Dents de la nuit, Lesbian Vampire Killers n'est donc pas le Z néo trash sexy tourné avec trois bouts de carton façon Troma (ou même Le Couvent, on est open) que son titre racoleur essayait de vendre, mais bien un mauvais sketch de Benny Hill friqué et bourré de SFX numériques, lissé comme ce n'est pas permis. Un vrai film de producteurs, qui cible donc une majorité, avec la prise de risque la plus basse possible. Et si le vice atteint son paroxysme en étalant généreusement le sang des créatures d'un blanc laiteux, en voulant nous faire croire à une analogie du sperme, ce sera encore et surtout par un pur esprit de censure. On pourra toujours nous reprocher de faire un caprice immature, parce qu'on veut des trippes bien rouges, des gouines toutes nues, du fish eye, de la musique country et un truc globalement filmé à l'arrache, mais en tant que film à part entière, c'est tout simplement raté. Des gags qui tombent à plat à tour de bras et surtout, surtout, une gestion du rythme assommante au possible. C'est chiant... mais c'est d'un chiant ! Au moins autant que de voir deux gus tourner en rond dans 20 mètres carrés de forêt pendant 1h30... Remarquez, c'est exactement ce qui se passe.
En bref, un gros produit commercial s'adressant à tout ceux qui n'aiment ni rire, ni les films d'horreur et surtout annonciateur de mauvais présage sur un plan purement artistique puisque Grande-Bretagne ou pas, les financiers s'en mêlent, l'épurent, et ça se voit. On voulait voir des lesbiennes, on se retrouve juste avec un film sans couilles... Une contrefaçon, quoi !