Love Gourou
Le 18/09/2008 à 14:41Par Yann Rutledge
Notre avis
Après trois épisodes du célèbre espion british Austin Double-O' Behave Powers qui le consacraient comme une valeur sûre de la comédie américaine (commercialement tout du moins), Mike Myers s'est accordé depuis quelques années une petite pause en s'éloignant des plateaux de cinéma, touchant juste son cachet sur la fanchise Shrek, et du personnage qui l'a rendu mondialement célèbre. Tandis que certains de ses confrères (Jim Carrey, Adam Sandler et Steve Carell en tête) enfilent les films dramatiques en se cherchant une reconnaissance artistique (donnez moi un Oscar ! semblent-ils tous supplier), Mike Myers lui veut continuer à faire des films qui lui ressemblent, des films fun à l'humour gras et bas du bide. Ca tombe bien, nous, on demande que ça !
Cinq ans après Austin Powers 3 : Goldmember, nous arrive donc Love Guru pour lequel l'ami Myers troque l'accoutrument disco d'Austin Danger is my middle name Powers pour celui de Pitka, un guru indien aidant les âmes en peine. Désirant plus que tout devenir le gourou le plus célèbre du monde (il n'est que le deuxième) et passer dans l'émission d'Oprah, il se met dans la tête d'aider la propriétaire d'une équipe de hockey (Jessica Alba) à redonner du courage à l'un de ses joueurs (Romany Malco) qui déprime après que sa copine se soit barrée avec Jacques "Le Coq" Grande, un joueur d'une équipe adverse (Justin Timberlake)...
Formant avec Speed Racer le club très fermé des Gros Bides de l'été US 2008, Love Guru arrive dans nos salles qui plus est avec une mauvaise réputation de film raciste et affreusement pas drôle. Rien que ça. Est-ce légitime ? Oui... et non. Eclaircissons déjà un point : non, Love Guru n'est pas xénophobe, en tout cas pas plus que La Party avec Peter Sellers. Myers joue en effet avec l'accent de son personnage et les quiproquos que cela peut engendrer, mais jamais cela ne dépasse la gentille taquinerie. Les amateurs du bonhomme retrouveront leurs marques, Myers s'amusant comme à son habitude avec les noms de ses personnages (Felicity Shagwell dans Austin Powers, le gourou Tugginmypuddha ici - non, nous traduirons pas...) et les jeux de mots foireux (quitte à les expliquer à l'écran). On retiendra surtout sa conférence hallucinée devant un parterre de fans durant laquelle il précise sa philosophie de la vie à coup de dictons (difficilement traduisibles en français sans perdre de leur sens) tels "Intimacy = IntoMe-I-See" ou "from Nowhere to Now Here", ou même "Be Loving & Openhearted With My Emotions" les initiales formant l'explicite Blow me. La touche Myers donc qu'il fait tourner depuis quelques films maintenant. Allergique aux jeux de mots, passez votre chemin !
Le principal souci de Love Gourou est l'omniprésence étouffante de Mike Myers, monopolisant à 99% du temps l'écran. Pas de place pour ses autres personnages qui deviennent finalement unidimensionnels : Verne Troyer (alias Mini-Me) en coach irracible, Alba en propriétaire de club n'assumant pas ses fonctions ou Romany Malco, pourtant au coeur de l'intrigue, en pauvre hockeyeur ne s'assumant pas lui-même. Seul Justin Timberlake se tire du lot dans le rôle du nemesis canadien que l'on surnomme Le Coq, en rapport à son membre, disons avantageux. Le chanteur confirme tout le bien que l'on pense de lui, arrivant avec une rare aisance à passer du drame (Southland Tales ou Black Snake Moan) à ici un rôle plus décalé. Mis à part ce dernier, le casting est entièrement voué à la star Myers lancée à vive allure dans un one man show pendant près de 1h30. Dommage, car la meilleure réussite de Myers (Wayne's World premier du nom) tenait finalement grâce à d'autres personnages que le sien.