Ma compagne de nuit

Lorsqu'une quadragénaire atteinte d'un cancer décide de quitter son lit d'hôpital pour vivre ses derniers mois chez elle aux côtés d'une aide-soignante rebelle avec qui elle tissera des liens extrêmement forts, cela donne Ma compagne de nuit. Présenté comme ça, le film d'Isabelle Brocard laisse clairement présager d'un gros mélodrame... Un de ces films à voir impérativement avec une boite de kleenex sur les genoux. Et pour cause : c'en est un, un vrai, qui sent les larmes et la douleur, qui nous met la boule au ventre et laisse les yeux humides. Certes, les clichés du genre ne sont pas tous évités. On pourrait en effet regretter ça et là quelques caractérisations hasardeuses de seconds rôles et l'utilisation de ficelles lacrymales un peu grosses. De même, la réalisatrice (dont c'est ici le premier film) aurait sans doute pu donner un peu plus de rythme à son premier acte, juste histoire de nous immerger plus rapidement dans son récit. Mais au delà de ces menus défauts, comment ne pas avoir la gorge nouée devant la prestation des comédiennes principales, Emmanuelle Béart et Hafsia Herzi, qui tiennent du bout de leurs frêles bras ce périlleux projet. Dans des rôles extrêmement difficiles, voilà deux actrices imprégnées jusqu'à la moelle, qui forment sous nos yeux un duo poignant, juste, sincère. La caméra de Brocard, discrète, ne vient jamais prendre le dessus sur cette performance de jeu qui, malgré le gris du script et une grosse pluie de larmes, fait naitre au cœur du spectateur une petite fleur rare. Une fleur appelée émotion.