Mariage à l'italienne
Le 19/10/2007 à 15:33Par Yann Rutledge
Notre avis
En produisant Mariage à l'italienne, le but premier de Carlo Ponti était de faire éclater sur le grand écran les talents d'actrice de sa femme, la bellissima Sophia Loren. Après le film à sketch Hier, aujourd'hui et demain de Vittorio de Sica produit l'année précédente selon les mêmes intentions, il propose au réalisateur du Voleur de Bicyclette d'adapter la pièce de Eduardo De Filippo Filumena Marturano. Un portrait de femme oscillant entre la comédie de boulevard et le mélodrame et dans lequel Filumena Marturano (Loren), agacée qu'après vingt ans de concubinage - pendant lesquelles elle a dirigé la boutique et s'est soustraite aux tâches ménagères - Domenico Soriano (Marcello Mastroianni) ne lui ait pas demandé sa main, décide de lui faire croire qu'elle est mourante pour le pousser à s'exécuter...
Cela peut sembler paradoxal, mais on sort terriblement dépité de Mariage à l'italienne. Non pas que le film soit un drame larmoyant ou pire une abominable honte plaquée sur pellicule, mais on se prend simplement à tomber dans le réactionnisme primaire "bon sang, mais c'était mieux avant !". Vittorio de Sica parvient étonnamment à ficeler le jeux débridé et les joutes verbales imposés par le matériaux théâtral original (les deux comédiens prennent un plaisir évident à grimacer, s'esclaffer et s'exclamer) avec un cinéma plus dramatique et attentif, en phase avec l'image que nous avons du cinéaste chantre du néo-réalisme avec Roberto Rossellini. Reposant quasi exclusivement sur le couple glamour vedette Loren/Mastroianni, Mariage à l'italienne est aussi l'occasion de dresser en arrière-plan un panorama sur l'Italie, de sa sortie de la guerre complètement ravagée par les bombardements à sa reconstruction durant les années 60. Assurément, une très grande comédie mineure (non les deux ne sont pas antinomiques).