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Mensonges d’Etat

Le 23/10/2008 à 07:44
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Notre avis
4 10

Ce n'est pas vraiment nouveau, mais il arrive à ce bon vieux Ridley Scott d'avoir des coups de mou. Et dans ''bon vieux'', il y a vieux... Disons qu'elles paraissent désormais un peu loin, ses idées de mise en scène totalement inspirées et décadentes qui ont littéralement bouleversé le cinéma, le bonhomme préférant de plus en plus filmer ses histoires avec un certain retrait. Modestie ou flemmardise, on ne sait pas vraiment puisque sa carrière en dent de scie nous offre parfois le meilleur comme le moins meilleur. Mais s'il y a un vrai reproche à faire à ce Body Of Lies, c'est qu'il n'est juste bon qu'à se laisser suivre, confiant à ses deux ou trois scènes d'action (pas trop mal foutues) le soin d'écraser ce qui lui reste d'inspiration. Où comment lorgner un peu plus du côté de G.I. Jane que de La Chute du faucon noir, notamment dans le propos sur le terrorisme au Proche Orient qui a dix ans de retard, là ou ce dernier portait un regard intéressant sur les conflits en Afrique. Un défaut fatidique, surtout pour un film sortant un an après Le Royaume.


Critique Mensonges d’Etat

Peut-on réellement parler de déception ? Non. Pas plus qu'il est devenu de moins en moins évident de cerner un réalisateur ayant le mérite de s'octroyer une totale liberté, mais au risque d'avoir parfois faux sur toute la ligne. Sans aller jusqu'à dire que le bonhomme s'est petit à petit éloigné de la liste de ces réalisateurs mythiques dont on attend chaque œuvre comme le messie. Une filmo un peu bosselée (notamment l'abyssale Une Grande année) avec ce qu'il faut de chefs d'œuvre impérissables (la liste est facile) comme de jubilatoires plaisirs coupables injustement incompris (Hannibal), mais avec laquelle on ne sait plus vraiment où il souhaite aller. Si ce n'est que depuis trois films, Scott affirme ouvertement une véritable maturité dans le sens ''sage'' du terme, laissant les extravagances formelles et rhétoriques de côté. Pourquoi pas, il n'est jamais trop tard pour se lancer des défis. Le hic, c'est que dans son propos, Body Of Lies ne peut pas prétendre à la même incursion personnelle que son précédent American Gangster. On adore l'argument de l'anti-James Bond hyper réaliste sur la façon dont un espion souffrant de son anonymat pénètre secrètement les réseaux terroristes grouillant en Orient. Mais on s'extasie nettement moins devant la manière dont le réalisateur n'explore que trop peu cet aspect pour privilégier sa narration (bateau au possible avec ses gentils et ses méchants) allant d'un point A à Z sans aucun détour.

 

Critique Mensonges d’Etat

 

Le gros point faible de Body Of Lies est donc d'avoir des idées de départ intéressantes, à niveaux multiples, et de ne jamais chercher à en développer un aspect quelconque. Un film de Ridley Scott sans la moindre inspiration, ce n'est pas du Ridley Scott ! Le pitch est mou (un gentil traque un méchant en multipliant les intermédiaires), tourne en rond (les liens se font, se défont, se refont, se redéfont, etc) et n'essaye d'apporter un relief qu'à quelques liens de complicités entre des personnages dont on a aussi très vite fait le tour. DiCaprio et son boss, DiCaprio et sa copine, DiCaprio et son contact... C'est comme ça pendant deux heures, arrivant très facilement à joindre les bouts d'un scénario sans vraie finesse que le film semble trainer derrière lui comme un boulet. Voilà qui éclipse d'autant plus ce qu'aurait vraiment pu être Body Of Lies avec l'antithèse de ses deux têtes d'affiche. D'un côté un homme de terrain, excellent agent secret mais encore trop emprunt d'humanité pour être pleinement efficace, et de l'autre un bureaucrate sans scrupule ayant compris qu'il doit totalement se déconnecter du moindre sentiment pour faire son job. Au lieu de cela, Scott succombe à quelques ficelles pas très fines et propose un chevalier blanc qui parle de Hamburgers avec des enfants jordaniens tandis que l'autre ventripotent néglige tout et tout le monde pour ne s'intéresser qu'aux films projetés dans les avions lors de ses déplacements. Peu convaincant.

 

Critique Mensonges d’Etat

 

Non, Body Of Lies n'est pas un mauvais film, d'autant plus que son comédien principal tient sans problème tout le projet sur épaules (et c'est peut-être là le souci), mais il n'apporte strictement rien par rapport à d'autres productions évoluant dans un univers proche, telles que Le Royaume. Une œuvre qui arrive avec dix ans de retard et que l'on peut se contenter de suivre passivement. Et s'il n'y a finalement rien de très intéressant à raconter dessus, c'est parce qu'il n'a lui-même rien d'intéressant à vendre. On peut tout juste relever quelques maladresses d'écriture ou quelques acteurs moins bons. Pour ce qui est de l'histoire, tout le monde passe à côté d'un sujet qui avait tout pour plaire. Dommage.







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