No Pain No Gain : L'abdo-minable rêve américain [Critique]
Le 09/09/2013 à 14:41Par Jonathan Butin
Michael Bay s'attaque à la comédie noire en portant très librement à l'écran un fait divers qui s'est déroulé dans les année 90 à Miami. Daniel Lugo (Mark Wahlberg) est coach à Sun Gym, un club de fitness. Pour lui, le rêve américain est un devoir qui se base sur deux principes intangibles : un corps d'athlète et un compte en banque bien rempli. Chez Lugo, c'est ce dernier point qui pêche. Un constat d'autant plus frustrant pour lui qui côtoie tous les jours la partie manquante de ce rêve, lorsqu'il s'occupe des riches (et flasques) clients qui fréquentent l'établissement. Se sentant meurtri dans son égo de patriote, il décide avec Adrian (Anthony Mackie) et Paul (Dwayne Johnson), deux amis aux cerveaux aussi atrophiés que le sien, d'extorquer l'argent de ses clients les plus naïfs. Pour cela ils sont prêt à tout. Enlèvement, torture, meurtre, rien ne leur fait peur.
C'est l'histoire de trois mecs...
Attention, la bêtise des trois personnages principaux de No Pain No Gain est proportionnelle à leur musculature (on vous laisse imaginer la détresse psychologique du personnage de Dwayne Johnson, LA véritable réussite du film...). Oubliez le bon goût, le sens moral et jusqu'au moindre soupçon de décence. Ce trio criminel est tellement «particulier» (ici euphémisme pour « vraiment ignoble et totalement idiot ») qu'il fallait des acteurs en roues libres pour les interpréter. A ce petit jeu, Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie ont la combinaison gagnante. Tous trois sont simplement « taillés » pour leurs rôles respectifs. Cependant, l'aventure tourne vite à la surenchère de violence gratuite, sans véritables enjeux dramatiques, à tel point qu'on ne se sent jamais vraiment impliqués dans cette hystérie collective. On sourit, certes, mais uniquement parce que l'on a à faire à un enchaînement de situations plus improbables les unes que les autres. L'intérêt se résumant alors à se demander ce que ces trois crétins vont nous pondre ensuite. Pour donner un ordre d'idée, l'histoire, bien que romancée, est à ce point incroyable que le réalisateur s'est senti obligé de rappeler au beau milieu du film que « ceci est toujours une histoire vraie... » !
Gros muscles, gros style
Dans No Pain No Gain Michael Bay dresse le portrait critique d'une Amérique dégénérée, bouffie d'orgueil, de confiance et d'argent. Celle-là même dont le réalisateur d'Armaggedon et de la saga Transformers, en adepte du gigantisme, semblait être le VRP assumé. On appréciera l'ironie même si, à bien y regarder, qui d'autre que ce metteur en scène excessif dans tout ce qu'il entreprend aurait pu faire correspondre à ce point la forme au fond. Car si le sujet de No Pain No Gain se prête moins aux explosions et aux menaces venues de l'espace que les thèmes de prédilection de Michael Bay, le style outrancier du réalisateur s'y exprime néanmoins sans ambages. Du montage nerveux, bien qu'un peu moins épileptique que d'habitude, aux incontournables ralentis, No Pain No Gain est un Bay pur jus, avec ces atouts (réalisation léchée) et ses faiblesses (film qui traîne en longueur).
Au final, ce nouveau long-métrage de Michael Bay n'est qu'à demi convaincant. Si No Pain No Gain s'impose comme le Bay le plus "conscient" jamais réalisé, il n'est ni assez profond, ni assez bien écrit pour être plus qu'une simple illustration d'un fait divers qui, lui, en dit long sur cette boulimie globale mieux connue sous le nom de "rêve américain".