Picture Me, le journal vérité d'un top model
Le 18/10/2010 à 17:19Par Elodie Leroy
Découvrez ci-dessous la critique du film Picture Me, le journal vérité d'un top model
Critique Picture Me, le journal vérité d'un top model
Un an après The September Issue, qui abordait les coulisses du journal Vogue à travers le point de vue de ses journalistes, voici qu'arrive sur les écrans Picture Me, le Journal Vérité d'un Top Model, un documentaire qui dévoile l'envers du décor du métier de mannequin. A la source du projet, la top model Sara Ziff et son petit ami Ole Schell, le second ayant à l'origine innocemment pris sa caméra pour filmer les débuts de la première lorsqu'elle fit ses débuts dans le métier après avoir été repérée à l'âge de 14 ans. Pris au jeu, les deux jeunes gens ont filmé des images pendant des années, jusqu'à la reconversion de Sara Ziff quelques années plus tard. Si les premières minutes du métrage semblent nous plonger dans un rêve devenu réalité, celui d'une jeune fille propulsée sous les feux des projecteurs pour enchaîner les défilés aux quatre coins du monde, le ton s'assombrit sensiblement par la suite à mesure que Sara Ziff et ses collègues se livrent devant la caméra.
Constitué de scènes filmées à l'arraché sur des années et dans des conditions pas toujours idéales pour une diffusion sur grand écran, Picture Me pourra d'abord rebuter, avec ses images entachées par un bruit vidéo et sa prise de son un peu aléatoire. Il serait cependant dommage de s'en tenir là tant le projet offre un matériau inédit, à savoir des témoignages jusqu'alors ignorés. Le paradoxe veut que les mannequins symbolisent la façade, le caractère glamour du milieu dans toute sa splendeur, alors qu'elles n'ont finalement que très rarement droit à la parole. Sois belle et tais-toi. En un peu moins d'1h30, Picture Me casse le mythe en abordant l'ambiance stressante des coulisses des défilés, l'endettement des mannequins obligées de payer leurs frais de déplacement et des commissions exorbitantes, les abus sexuels perpétrés par certains photographes, la consommation de drogues, la recherche de têtes de plus en plus jeunes par les agences mais aussi l'anorexie des jeunes filles, un thème qui occupe une grande place dans le métrage. Si les interventions des employeurs manquent d'intérêt, celles des mannequins apportent chacune leur pierre à l'édifice pour dresser un tableau peu reluisant du milieu, le tout avec un humour qui témoigne d'un grand recul sur leur métier (mention à Catriona Balfe).
Réalisé a posteriori sans qu'un projet précis ait été mis en place avant le tournage des images, Picture Me manque de par sa nature même un peu de structure, passant d'ailleurs volontiers du coq à l'âne au risque de créer quelques frustrations. Il ne faudra pas y chercher de véritable analyse sur l'industrie, encore moins sur le rapport des femmes à leur image et à leur corps, comme aurait pu le faire un vrai documentaire. Le propos apparait cependant on ne peut plus clairement à l'arrivée, dénué de tout misérabilisme, notamment lorsque les jeunes filles s'interrogent sur leurs perspectives d'avenir dans le dernier chapitre. Autant dire que Picture Me est un film nécessaire qui devrait être montré à toutes les adolescentes qui caressent le rêve de devenir mannequin.