P.S. I Love You
Le 05/02/2008 à 19:33Par Caroline Leroy
Après Ecrire pour Exister, on attendait mieux de la nouvelle collaboration du réalisateur Richard LaGravenese et de l'actrice Hilary Swank. Malgré de bonnes prestations de la part de ses deux acteurs principaux, P.S. I Love You échoue à transmettre l'émotion contenue dans son sujet en or de par une mise en scène trop lourde et codifiée. C'est d'autant plus dommage que la deuxième partie du film située en Irlande, recelait un vrai potentiel.
Drame romantique dans la plus pure tradition du genre, P.S. I Love You avait tout pour plaire. Un pitch alléchant adapté d'un livre de la romancière irlandaise à succès Cecelia Ahern, un réalisateur doué, Richard LaGravenese, un casting de choix dominé par les excellents Hilary Swank et Gerard Butler... La réussite de la précédente collaboration du cinéaste et de son actrice principale, Ecrire pour Exister, laissait présager d'un film de bonne tenue, non exempt de quelques tics hollywoodiens - c'est là le principal reproche que l'on pouvait adresser à celui-ci - mais allant doit au cœur avec la même sincérité et capable, pourquoi pas, de nous embuer les yeux de quelques larmes. Or c'est tout l'inverse qui se produit à la vision de ce film maladroit et longuet, qui peine à transmettre un message pourtant tout à fait louable.
Hilary Swank incarne Holly Kennedy, jeune veuve qui ne parvient pas à accepter le décès soudain de son mari Gerry, interprété par Gerard Butler. Richard LaGravenese nous introduit de manière assez intéressante à la vie de ce couple aussi fusionnel qu'orageux par le biais d'une scène d'introduction d'inspiration très théâtrale, qui voit les deux tourtereaux rentrer chez eux pour se disputer violemment puis se réconcilier un peu plus tard après s'être à peu près tout dit. On retrouve Holly dans la scène suivante à l'occasion de l'enterrement de Gerry, dont on apprend qu'il a été emporté entre temps par une malade foudroyante. Jusqu'ici, P.S. I Love You semble tenir ses promesses en ménageant un certain mystère et une pudeur appréciable. Les choses se gâtent lorsque le premier colis expédié par son défunt mari parvient à Holly, dévoilant partiellement les intentions de celui-ci par l'intermédiaire d'un message enregistré sur un dictaphone. Le fait que la jeune femme soit très maternée par ses amies, qui toutes s'inquiètent de la voir sombrer dans la déprime puis s'accrocher désespérément à ce nouvel espoir, aurait pu devenir intéressant si ces personnages secondaires n'étaient pas brossés avec aussi peu de subtilité. Alors que Holly est un personnage sensible et spontané auquel on s'attache immédiatement, il n'en va pas de même pour ses copines très caricaturales campées par Lisa Kudrow et Gina Gershon, particulièrement irritantes. A cela il faut ajouter l'insistance déplacée d'un soupirant faussement discret, Daniel Connelly (Harry Connick Jr.), dont les interventions sont amenées avec tout aussi peu de pertinence.
Le résultat, c'est un film balisé qui ne parvient jamais à distiller l'émotion contenue dans son sujet. Il y a bien ce voyage en Irlande qui donne un peu de piment à l'aventure, mais encore une fois, quelque chose sonne faux dans la façon dont le réalisateur s'y prend pour donner du souffle au parcours sentimental et psychologique de son héroïne. Les messages en voix off de Gerry, au ton très paternaliste, ne sont sans doute pas étrangers au détachement que suscite progressivement l'ensemble. Et ce n'est pas cette scène qui revient sur la première rencontre des deux amoureux en tentant de nous faire croire que Gerard Butler et Hilary Swank peuvent passer pour des jeunes de vingt ans à peine, qui risque de donner du poids à leur histoire d'amour tragique par-delà la mort. La musique sirupeuse et omniprésente de John Powell - que l'on a connu plus inspiré - achève encore d'alourdir le propos bien plus qu'elle ne le transcende, en surlignant chaque réplique potentiellement émouvante des comédiens. En fin de compte, la relation la plus émouvante de P.S. I Love You est celle qui unit Holly à sa mère, campée avec une grande justesse par Kathy Bates. C'est un peu léger étant donné le peu de temps de présence de cette dernière à l'écran, mais c'est peut-être l'une des seules vraies raisons qui donnent envie de suivre le film jusqu'au bout.