Resident Evil : Afterlife
Le 22/09/2010 à 15:25Par Arnaud Mangin
Entre ringardise absolue et onirisme de comptoir qui parvient à nous hypnotiser, Resident Evil : Afterlife est une expérience de cinéma comme on n'en a vu que trop rarement dans le registre des nanars, réalisant l'exploit de nous faire considérablement réévaluer les trois épisodes précédents. Soit le réalisateur Paul W.S Anderson est un génie qui a 25 ans d'avance sur la terre entière (ah ah ah, on plaisante), soit il a perdu un gros pari tant il signe ici la pire chose découverte sur un écran depuis des années. Dans un cas comme dans l'autre, son film est un cas d'école sublimé par l'engourdissement général qu'il provoque chez ceux qui le regardent. A voir au moins une fois dans sa vie pour le croire !!
Découvrez ci-dessous la critique du film Resident Evil : Afterlife
Critique du film Resident Evil : Afterlife
Il a plusieurs catégories de films. Entre autres les chefs d'œuvres, les bons, les moyens, les mauvais...Et puis il y a Resident Evil : Afterlife, extraordinaire expérience de cinéma parfaitement insaisissable qui nécessite que l'on créé une catégorie rien que pour lui. Une catégorie elle-même indéfinissable puisque l'on ne sait même pas si cette chose est mauvaise. Entendons par là que des films mauvais, on en voit énormément (surtout en 2010) mais on arrive à les situer immédiatement en comprenant que leurs créateurs ne nous prennent pas pour des flèches. Mais celui-ci vient d'ailleurs. D'un autre univers, comme échappé d'une faille spatio-cosmique où la nullité aurait des millions d'années d'avance sur ce que nous connaissons. En tout cas on est pris par surprise par cette chose, qui commet l'exploit de ne pas susciter la moindre émotion chez ceux qui la regarde. Une lobotomie filmique, en somme. Ai-je dormi ? Ais-je été hypnotisé ? Impossible de le savoir.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que si l'on a longtemps reproché à Paul W.S. Anderson d'avoir aussi peu d'intégrité artistique que de style, pompant mollement les tendances, le gus s'est ici surpassé dans son genre. On est aux limites de lui faire une standing ovation... N'ayant eu à son actif jusqu'à aujourd'hui que un bon film (parce que Event Horizon, ce n'était pas si raté), il signe ici non pas le fond du panier, mais l'étagère poussiéreuse qui soutient la pile de paniers. En français : il est enfin lui-même, n'écoutant que ses pulsions créatives clairement atrophiées, dévoilant qu'il est un auteur à part entière à la compétence indéfinissable. Son Resident Evil : Afterlife, c'est quelque chose. Ayant bien une bonne décennie de retard (mais qui essayerait encore de surfer encore sur la vague Matrix Reloaded en 2010 ?), le film est une sorte d'Aeon Flux tentant de se travestir sans succès en 2001, L'Odyssée de l'espace. Cherchant à être spectaculaire et hallucinogène à la fois. Les effets de chacun étant inversés.
Continuant dans la foulée des premiers opus, à savoir un monde apocalyptique rempli de zombies pas cool (mais dans lequel Mila Jovovich a trouvé un bon coiffeur pour se faire une nouvelle coupe), une Wonder woman lutte désespérément contre Umbrella. Umbrella, c'est une corporation pharmaceutique immense qui, pour avoir la main mise sur l'économie mondiale, décide d'anéantir l'humanité... Va comprendre, Charles ! Parti de là, Anderson se la joue expérimental à la moindre occasion et tente de transformer chacune de ses scènes d'action comme un remake fumeux de The Fountain, bourrées de ralentis interminables, de bullet-time qui remontent à Mathusalem et de jolis plans oniriques où sa BO tonitruante se hasarde soudainement à enchainer des partitions au triangle tandis que la comédienne n'en fini plus de lever son pied. C'est ainsi que l'on a droit à un gros molosse armé d'une hache de la taille d'une Twingo, sorti de nulle part, retapant une salle de bain façon Modes et Travaux et autour duquel tout le monde virevolte gaiement. Pour varier les plaisirs, on retrouvera également une centaine de zombies qui font une chute libre pleine de poésie en tombant d'un toit comme des lemmings ou bien encore une sublimation de l'avenir de l'humanité qui ferait passer le final de The Island pour du Kubrick. De toute beauté.
Anderson a décidé de faire sa popote comme ça lui chantait, tout seul dans son trip de n'importe quoi, mais aidé par sa super caméra enregistrant à 1000 images secondes qu'il amorti quasiment sur toute la durée du film. Outil qu'il combine avec le Fusion, le système 3D encombrant de James Cameron qui le limite un peu dans ses mouvements. Du coup, chaque scène d'action n'est pratiquement composée que de plans fixes, ce qui n'améliore pas le rythme du film. Entre ça, la brouette de Marie-Jeanne qui trainait dans les coulisses et sa 3D qui tâche (et paradoxalement la seule chose digne d'intérêt là dedans), il nous livre un spectacle aux confins du tordu absolu, à ce point qu'on ne sait même plus quel est le but des personnages, à part rejoindre un pétrolier remplis de dobermans qui se coupent en deux tous seuls. Resident Evil : AfterLife, qui ferait passer n'importe lequel des trois opus précédents pur des bibles cinématographiques, est donc un condensé absolu de tout (mais absolument TOUT) ce qu'il ne faut pas faire dans un film se fantasmant regardable. La palme revenant au grand méchant du film, Wesker, exact copié/collé du personnage du jeu vidéo... donc forcément ridicule s'il venait à être interprété par un mauvais acteur dans un film live. Pas de chance, c'est le cas ici.
Resident Evil : Afterlife est une incarnation du mauvais goût, sans queue ni tête, risiblement poseur, parfois totalement incompréhensible (certains monstres, en explosant, laissent tomber des pièces comme dans Super Mario !!) qui nous laisse clairement baba et qui mérite d'être vu, ne serait-ce que pour faire partie de ceux qui diront "j'y étais"... Avis aux curieux malsains.
Article publié le 10 septembre 2010