Sans Sarah, rien ne va
Le 15/04/2008 à 23:55Par Michèle Bori
Pour répondre au petit jeu des comparaisons : cette nouvelle production Apatow (en enlevant les films avec Will Ferell, qui sont « des films avec Will Ferell » avant d'être des films d'Apatow) est carrément mieux que 40 ans, toujours puceau, mais quand même moins réussie que Supergrave. Sympathique à défaut d'être révolutionnaire, Sans Sarah, rien ne va est un film qu'on ne saurait trop conseiller de voir, surtout si pour ceux qui ne connaissent pas encore le génial Jason Segel et la délicieuse Kristen Bell.
Judd Apatow, Jason Segel, Kristen Bell. Trois noms qui côte à côte suffisent amplement à convaincre n’importe quel mâle d’entre 18 et 30 ans de se ruer en salle pour voir Sans Sarah, rien ne va (Forgetting Sarah Marshall). Apatow, c’est le réalisateur de 40 ans, toujours puceau et de En cloque, mode d'emploi et le producteur de Ricky Bobby, roi du circuit, La Légende de Ron Burgundy, Disjoncté et surtout de Supergrave, LA comédie débile de l’année dernière. Inconnu il y a encore quelques années, il fait aujourd’hui parti du top du top de la A-list d’Hollywood. Un poids lourd comme on en fait plus.
Jason Segel, c’est le comédien de génie découvert dans les séries Freaks and Geeks et Les Années campus avant d’exploser dans How I Met your Mother où il incarne le rôle de Marchal. Un géant par la taille (il mesure près de 2 mètres) mais surtout par le talent (ses impros devenues célèbres ont beaucoup contribué au succès de How I Met...). Enfin, the last but certainly not the least, Kristen Bell. Aaaah, Kristen... Découverte dans l’excellente série Veronica Mars (dans laquelle elle avait le rôle titre) puis dans la saison 2 de Heroes, la belle blondinette au sourire d’ange est la starlette montante du moment. Et ce ne sont pas ceux qui ont eu l’occasion de voir l’énorme Reefer Madness il y a deux ans (dans lequel Bell joue le rôle d’une petite fille sage qui, après avoir fumé un joint, se transforme en obsédée vêtue de latex) qui diront le contraire.
Trois grands noms de la nouvelle scène Hollywoodienne et trois raisons qui faisaient qu’on attendait Forgetting Sarah Marshall avec une impatience non dissimulée (à tel point que votre serviteur a eu une réaction de midinette hystérique lorsque le carton d’invitation à la projection du film est arrivé à la rédaction). Et s’il faut bien avouer que l’on n’a pas eu affaire à la comédie du siècle, le résultat est loin d’être décevant, et les fans des productions Apatow en auront largement pour leur argent.
Le film raconte les malheurs d’un compositeur de musique de série TV style « Les Experts » (Segel) qui, cherchant à se remettre d’une rupture difficile avec la star du show (Bell), va partir prendre l’air dans un hôtel de luxe à Hawaï. Seul problème : c’est aussi l’endroit où son ex a décidé de passer quelques jours en compagnie de son nouveau boyfriend, un chanteur anglais ultra hype. Un pitch propice au comique de situation si cher à Apatow donc, mais qui arrive quand même à se démarquer de ses précédentes productions grâce à un script très sympathique signé par Segel en personne. Dès les premières images, on se prend d’affection pour le personnage de Peter (un grand benêt romantique proche du rôle que tient déjà le comédien dans How I Met your Mother) et contrairement à un 40 ans, toujours puceau par exemple, où le personnage de Steve Carell devenait vite exaspérant, cette affection perdure tout le long du métrage. Sentiment d’autant plus facilité que la structure du scénario, composé de multiples petits flashbacks nous montrant des instantanés de la vie du héros (choses encore une fois présente dans How I Met...) permet d’en savoir un peu plus sur la personnalité des protagonistes principaux. Et comme c’est si souvent le cas dans les comédies : dès lors qu’on s’attache aux personnages, le travail est à moitié fait. Du coup, quelque soit les gags à l’écran, on se prend au jeu, on a du plaisir, on rigole, on se tape même quelque fois sur la cuisse, et même si les ressorts comiques du film sont vraiment classiques, le résultat est là : c’est drôle ! C’est parfois très con, mais c’est drôle. Et n’est-ce pas là tout ce qu’on demande à une comédie ? Alors oui on pourra regretter une mise en scène vraiment pas terrible (pour ne pas dire carrément laide), un petit coup de mou au début de la deuxième heure de film et un manque de fond qui faisait tout le charme de Supergrave, mais bon, l’ensemble reste harmonieux, simple, efficace, par moment osé et surtout très divertissant. Et en plus ça se moque ouvertement des Experts... Que demande le peuple ?