Sex and the City 2
Le 30/05/2010 à 13:20Par Michèle Bori
Sex and the city 2 a fait mourir quelque chose en nous : l'amour que nous portions à Carrie Bradshaw et ses aventures de cœur. Certes, après le médiocre premier épisode cinématographique, cet amour battait déjà de l'aile. Alors, comme elle l'a elle-même si souvent fait avec Big, nous lui avons laissé une seconde chance. Une chance de nous reconquérir. Une chance de nous prouver que cette parenthèse sur grand écran était juste un accident de parcours. Las, Sex and the city 2 a porté l'estocade de cette relation affectueuse qui dura plus de 10 ans. L'héroïne qui nous a faite rêver pendant tant d'année est devenue ce qu'elle a toujours fuie, ce qu'elle et ses copines ont toujours pointée du doigt durant leurs brunchs dominicaux : une gourde superficielle, hystérique et puérile, une caricature de nouvelle riche qui pourrait avoir sa place dans un film de Nancy Meyers. RIP Carrie. Tu aurais dû rester à New York. Hollywood t'a tué.
Découvrez ci-dessous la critique de Sex and the City 2
Critique Sex and the City 2
En nous rendant à la projection de Sex and the city 2, difficile de dire sans mentir que nous avions des aprioris positifs sur cette suite sur grand écran des aventures de Carrie Bradshaw et ses copines. Deux choses jouaient en sa défaveur : un premier opus plus que décevant et une campagne promo qui, plus d'une fois, nous avait fait écarquiller les yeux. En effet, en nous pondant des affiches photoshopées immondes et autres bandes-annonces interminables qui semblaient nous dévoiler les pires moments du film, les marketeux de chez New Line ont truffé de plomb les ailes de leur poule aux œufs d'or. Pourtant, un espoir demeurait. L'espoir de voir renaitre sur grand écran le grain de folie et la qualité d'écriture qui faisaient tout le charme de la série. On savait plus ou moins que les questions que se poserait Carrie seraient peu ou prou les mêmes que dans le show d'HBO. Qu'après avoir épousé Big, elle aurait du mal à se faire à sa nouvelle situation d'épouse et qu'elle irait voir ses copines pour se demander si elle est vraiment faite pour le mariage, et patati et patata. On le savait, on savait même qu'elle en serait la conclusion ! Mais qu'importe, ce qui nous intéressait, c'était le "comment". Comment allait-elle en venir à s'interroger ? Et à travers quelle petite histoire allait-elle obtenir les réponses à ses questions ? Car plus encore que par ses histoires gentiment fleur bleue, c'était bien par sa narration, d'une fluidité exemplaire, que brillait la série télévisée. Et aussi parce qu'il se dégageait de son quatuor d'amie un capital sympathie énorme, qui faisait que le spectateur pouvait accepter tout et n'importe quoi de leur part. Hélas, force est de constater que sur ces deux points précis, Sex and the City 2 se pose en antithèse complète de la série.
A l'instar du premier épisode, Sex and the City 2 dure 2h15. C'est long. Beaucoup trop long. Plus encore que dans le premier opus (qui pouvait s'apparenter à un enchainement de plusieurs épisodes, puisque les problématiques changeaient toutes les 25 minutes), cette suite souffre d'un manque de rythme flagrant - ainsi que d'une carence en intrigues secondaires - qui font que l'on a l'impression d'assister à un épisode de la série étalé sur plus de deux heures. Ainsi, tous les moyens sont bons pour faire durer le bouzin : des scènes d'interminables logorrhées, des séquences musicales pour caser les morceaux de la BO dans leur intégralité (dont un improbable show où l'on peut voir la dépouille de Liza Minnelli danser sur Single Ladies de Beyonce), des ralentis extrêmes pour nous montrer les décors luxuriants de New York et d'Abu Dhabi (accompagnés d'une musique façon Lawrence d'Arabie), on en passe et des pires. Le summum étant atteint dans quelques enchainements de plans complaisants sur les costumes des héroïnes, tous signés de grands couturiers (on parle ça et là d'un budget de 10 millions de dollars alloués aux costumes !) qui donne au film des allures de défilé de mode en décors réels. Et si le premier S&TC irritait déjà par son étalage de luxe, celui là va encore plus loin, frôlant parfois le n'importe quoi (Carrie qui traine à la maison en robe du soir à 3000$ ou qui visite un Souk oriental avec un T-shirt "J'adore Dior").
Pour les producteurs du film, on sent vraiment que Sex and the City est une vitrine pour caser un maximum de produit de luxe qui seront étalé dans la presse spécialisée en long en large et en travers. Mais pire que tout, ils sont parvenus à justifier l'ensemble en faisant de leur quatre héroïnes des nanties oisives au discours nauséeux. Un exemple ? Attablées autour d'un brunch dans un sublime restaurant New-Yorkais (devant une table tellement chargée qu'elle pourrait sustenter un village africain), fringuées en Dior, Gucci, Channel et cie, les quatre amis discutent de leur éventuel départ aux Emirats Arabes Unis. "Y'en a marre de cette crise, allons chez les riches !" dit l'une d'entre elle, sans second degré aucun. Une réplique qui fera certainement grincer des dents ceux qui ont eu un pincement au cœur en déboursant 10 euros pour voir le film. Un autre exemple ? A la fin du film, désireuses d'arriver vite à l'aéroport pour rentrer aux Etats-Unis, Miranda harangue ses amies "Dépêchez-vous, si on arrive en retard, on sera déclassé et on voyagera en classe éco !". En voilà un problème grave, qui démontre qu'avec le temps et l'argent, nos quatre héroïnes sont devenues bien superficielles. "Superficiel", c'est d'ailleurs un adjectif qui convient bien à ce film ... et à son personnage principal.
Sur 2h15 de film, 80% de l'histoire sera accaparée par les aventures de Carrie, Charlotte, Samantha et Miranda étant souvent reléguées au statut de boniches juste bonnes à commenter ce qu'il se passe. Un choix vraiment regrettable, puisqu'on ne pourra s'empêcher de penser que les scènes les plus drôles sont à mettre au crédit de Samantha, et les plus touchantes à celui de Charlotte et Miranda (dont notamment une poignante discussion - avinée - sur la maternité). Bref, Carrie est au centre de tout, tout le temps, elle accapare la pellicule comme Zahia les médias et nous donne donc l'occasion de dresser un petit bilan sur son personnage, devenu au fil du temps de plus en plus insupportable. Mais où est donc passée la Carrie des premières saisons de Sex and the City ? Celle qui trainait en pyjama dans son petit appartement, en écrivant ses articles sur un ordinateur moisi. Celle qui avait du mal à joindre les deux bouts en fin de mois. Celle qui culpabilisait après avoir acheté une paire de Manolo à 400$. Celle qui apprenait de ses erreurs ... Il faut croire qu'en passant à Hollywood, la New-Yorkaise a quelque peu changé son image. A 35 ans, elle est devenue une "femme de", qui a deux appartements, un placard de fringues de la taille d'un studio parisien et lorsqu'elle passe devant une boutique de haute couture, elle ne fait plus de complexes. Bref, Carrie a palpé sévère en épousant Big.
Mais quels sont ses problèmes aujourd'hui ? Les mêmes qu'il y a 10 ans. Elle a envie de sortir dans des soirées branchées alors que son mec préfère regarder la télé tranquillement (une dispute qu'elle a déjà eue avec Aidan dans la saison 3). Elle veut avoir la possibilité d'avoir son appart' à elle, pour être tranquille deux jours si elle veut, mais tombe des nues lorsque son mari lui propose de faire la même chose. Elle sait qu'elle a un cœur d'artichaut et qu'elle peut succomber encore et encore aux charmes de ses ex, mais tend quand même le bâton pour se faire battre en acceptant un diner avec l'un d'entre eux. Bref, Carrie ne semble n'avoir rien retenu de ses six saisons télévisuelles et continue imperturbablement à commettre les mêmes bourdes. Et c'est bien là le souci : elle a fini par nous lasser. Carrie est devenu un personnage stéréotypé, une gourdasse hystérique, bling-bling, puérile et nombriliste totalement exaspérante, qui ne se gène pas pour réveiller ses amies en pleine nuit quand ca va mal, même après leur avoir balancé les pires vacheries possibles. Et autant dire que de la voir s'embourber dans des questionnements d'ado attardée pendant plus de deux heures est on-ne-peut-plus ennuyeux, pour ne pas dire énervant. Une véritable Carrie-cature !
Ainsi, en sacrifiant totalement son (ses) personnage(s), Sex and the City 2 dégoutera certainement les fans de la série (que nous sommes). Et que dire des néophytes, qui seront certainement consternés par tant de guimauve et n'auront hélas donc pas l'envie de découvrir ce qu'est le "vrai" Sex and the City, à savoir la série. C'est bien dommage.