Simon Werner a disparu
Le 22/09/2010 à 15:24Par Arnaud Mangin
Film inclassable jouant tout à la fois la carte du thriller et du teen movie dramatique, Simon Werner a disparu use habilement de son identité incertaine pour se permettre des audaces et des petits effets de surprise bienvenus. On regrettera le manque de soin formel du film, auquel il manque vraiment une texture de cinéma, le résultat se risquant grandement aux comparaisons malheureuses avec un téléfilm de France Télévision. Simon Werner a disparu n'en demeure pas moins un film malin, une curiosité à découvrir...
Découvrez ci-dessous la critique du film Simon Werner a disparu…
Critique du film Simon Werner a disparu…
Présenté au dernier Festival de Cannes dans la sélection officielle Un certain regard, Simon Werner a disparu s'offre une petite programmation pour la rentrée des classes. Période de rigueur puisque ce long métarge situé à la croisée de multiples chemins est l'un des rares films français qui se déroule dans le milieu étudiant et qui tiennent franchement la route. N'ayant strictement rien à voir avec la comédie monstrueusement efficace Les Beaux gosses ou la couverture de magazine LOL, Simon Werner a disparu lorgnerait plutôt du côté du cinéma de genre. De genres même - au pluriel - puisque l'une des forces du film est de ne jamais réellement se définir par l'un d'entre eux et d'enchaîner les effets de surprise là on ne les attend pas. Avec ce petit jeu de cassure de rythme, de ton et d'ambiance, on passe une bonne partie de notre temps à se demander où l'on a mis les pieds. Le tout est ancré dans une vraie/fausse intrigue policière générale qui pourrait s'apparenter à une déclinaison lycéenne de Les Disparus de Saint-Agil, matinée d'un regard sur la vie étudiante qui frôle le documentaire, façon Gus Van Sant...
Un film plutôt malin, donc, qui peut d'une part s'enorgueillir d'un pitch de départ assez mystérieux. Dans une classe sans histoire, un élève manque à l'appel et ne laisse plus aucune trace de lui. C'est ensuite un second qui ne donne plus signe de vie, puis un troisième, etc. S'amusant à piocher ça et là un peu de Club des cinq et de Scream tout en adoptant des codes de sitcom ou des teen movie américains, parfois sombres, Simon Werner a disparu joue avec la carte du Cluedo fantasmé par les ados en quête de sensations (le fantasme du professeur criminel), un principe doublé d'un très bon scénario mais surtout d'une structure narrative chapitrée par traits de caractère. Evidemment, rien de neuf là-dedans, beaucoup sont passés par là (on peut penser à Reservoir Dogs), mais la déconstruction trouve ici un vrai sens dans la résolution d'une intrigue, plus que dans l'exercice de style facile. Car le réel propos de tout ceci est avant tout de raconter le quotidien d'enfants qui se côtoient et s'aiment sans se connaître, et qui tentent d'exister et de s'imposer dans tout ce que le cadre scolaire peut avoir d'éclectique. Comme tous les films d'ados, certes, mais l'enquête, c'est le petit truc en plus qui fait toute la différence.
Si Simon Werner a disparu se laisse agréablement suivre, on regrettera en revanche une mise en scène un peu trop sobre et qui, à force de ne pas trop vouloir basculer dans la démonstration formelle, manque un peu de vie, au point de vouvoyer parfois celle d'un téléfilm. Rien de réellement grave, mais quitte à jouer avec les codes et les genres, le réalisateur Fabrice Gobert (qui signe ici son premier film) aurait pu s'autoriser une petite couche supplémentaire. Toujours est-il qu'en restant convenablement écrit, dialogué et joué, le film s'attire un capital sympathie immédiat.
Article publié le 15 juillet 2010