The Descent : Part 2

Rappel des faits : il y a quatre ans, Neil Marshall signait un film coup de poing d'une rare richesse dans l'exploration des différentes facettes de l'horreur, The Descent. De la simple claustrophobie aux déchaînements sanglants de barbarie, en passant par le malaise créé par la peur du noir ou par des apparitions fantômatiques, le film opérait une plongée allégorique et cauchemardesque dans les profondeurs des montagnes Appalaches en compagnie d'une bande féminine de spéléologues un peu trop téméraires. Présenté comme la suite directe de The Descent, et pour cause puisque l'intrigue débute quelques minutes après la (supposée) fin de ce dernier, The Descent : Part 2 est confié à Jon Harris, monteur sur le premier opus mais aussi de quelques symapthiques pièces de cinéma anglais (Snatch, Layer Cake, Eden Lake) et qui signe ici son premier long métrage. Le problème, c'est que faire la suite d'un film comme The Descent a d'emblée pour grave inconvénient d'invalider le dénouement du précédent, qui appelait justement à une double interprétation. Cela dit, The Descent : Part 2 aurait largement pu se présenter comme une variation acceptable si seulement l'entreprise avait été menée avec un peu plus de sérieux.

Sarah Carter (Shauna MacDonald) émerge tout juste des profondeurs quand elle est miraculeusement retrouvée. A l'hôpital, elle est rapidement soupçonnée d'avoir assassiné elle-même ses amies, dont le sang tapisse grassement ses vêtements. Le moins que l'on puisse dire est que les policiers ne s'embarassent pas de lourdeurs procédurières puisqu'ils décident de l'emmener sans tarder - et alors même qu'ils la prennent pour une psychopathe - sur les lieux afin qu'elle guide une équipe de sauvetage. Comme on s'en doute, la situation va vite dégénérer. Trop vite. En effet, là où The Descent faisait habilement monter la tension psychologique pendant une bonne heure avant de donner libre cours à un déchaînement de violence (un principe que l'on retrouve dans un film comme Eden Lake), The Descent : Part 2 ne prend pas le temps d'installer un quelconque semblant d'atmosphère et nous plonge tout de suite dans l'action.

Suivant un cahier des charges destiné à nous resservir chacune des situations ayant contribué au succès de la première partie, The Descent : Part 2 ne s'embarrasse pas d'un scénario et n'affiche aucun effort d'écriture des personnages. Certes, le premier film ne reposait pas sur des enjeux complexes, mais il avait au moins pour mérite de donner une direction à toute cette tuerie à travers un propos foncièrement pessimiste sur la nature humaine, doublé d'une dimension métaphorique sur l'univers mental de Sarah. Autant de niveaux de lecture qui tombent ici dans les profondeurs de l'oubli : The Descent : Part 2 opte pour une approche résolument premier degré. Ce qui aurait pu être une bonne idée, excellente même, si seulement un véritable metteur en scène avait pris les commandes. Jon Harris se contente de filmer platement le massacre sans aucune inspiration et les horreurs ont beau se succéder à l'écran, l'adrénaline ne monte pas. On est loin du retour à l'état sauvage viscéralement mis en scène dans le film de Neil Marshall. Ajoutons à cela des décors carton-pâte et des créatures plus drôles qu'effrayantes, les lumières ayant la fâcheuse tendance à faire ressortir l'aspect caoutchouteux des maquillages. Et le pire, c'est que tout cela se prend terriblement au sérieux et tente de tempérer le nihilisme du premier opus en apportant une lueur d'espoir sur l'humanité. On rigole.

Si raté soit cet opportuniste The Descent : Part 2, il n'en comporte pas moins quelques petits moments de bravoure. Le film remplit au moins son contrat sur un point : délivrer des scènes d'affrontements sauvages particulièrement gores. Entre les arrachages de boyaux, les coups de perceuse dans la tête et les écrabouillements de tête, le bilan est lourd en termes de litres d'hémoglobine pissant et dégoulinant sans aucune grâce mais avec une certaine générosité. Les créatures en sont les principales cibles mais les hommes et femmes invités à la fête ne sont pas pour autant épargnés. Le manque de subtilité est lui aussi à l'honneur puisque les plus méchants subissent les traitements les plus atroces, tandis que la gentille mère de famille échappe à toutes les situations extrêmes. Le spectacle est garanti, la terreur un peu moins puisque l'hilarité pointe plus d'une fois le bout de son nez aux moments les plus incongrus. Mention spéciale à la première apparition à l'écran de Juno (Nathalie Jackson Mendoza), un moment qui ne fait pas dans la dentelle mais confère au personnage un côté "superhéroïne" qui en deviendrait presque sympathique. Et il en fallait bien une, de superhéroïne, pour mettre de l'ordre dans tout ce capharnaüm et mettre fin à l'hystérie collective qui s'est emparée de tout ce beau monde coincé dans un gouffre dont il s'avèrera finalement assez facile de trouver la sortie. Pour couronner le tout, cette suite déjà inutile s'achève par une séquence appelant clairement à un troisième chapitre et dans laquelle on peut presque voir quelques relents de Humains. Les grands esprits se rencontrent.

Critique publiée à l'origine le 1er Juin 2009