The Door

Eh bien voilà ! Alors que l'on attendait désespérément que la programmation officielle de cette année décolle enfin de son siège, puisque rien n'avait concrètement de quoi rehausser le niveau (exception faite du très beau Moon de Duncan Jones), The Door redore (sans mauvais jeu de mot) enfin le blason de cette 17ème édition du Festival du Film Fantastique de Gerardmer. Quatrième film du réalisateur allemand Anno Saul, jusque là spécialisé dans la comédie pure, The Door confirme les excellentes percées du cinéma en provenance d'Outre-Rhin dans le cinéma de genre. Soignant son image tout au long du film sans jamais chercher à reproduire des tics américains, le cinéaste s'attèle à une modernisation de la culture fantastique et de science fiction des années 60, sans prétendre la révolutionner. En somme, il a moins le melon que Richard Kelly et impose une sensibilité proche de celle de M. Night Shyamalan. Cinéaste dont il revendique clairement s'inspirer.

Débutant comme un mélodrame, puis basculant tour à tour dans le fantastique mystérieux façon Twilight Zone et le pur thriller paranoïaque, The Door introduit avec malice les codes du cinéma alternatif dans un cadre familial, jouant à combiner les genres pour livrer une intrigue d'une grande efficacité. Un pitch plutôt bateau mais captivant du ''reboot'' social, ou un homme trouve l'opportunité de revenir en arrière pour modifier un élément de sa vie passée, sans se douter des multiples conséquences que cela provoquera. Il s'engage alors dans une fatidique escalade de situations qui empirent à mesure qu'il tente de les arranger... Entre jeux de paradoxes temporels et jonglage des dimensions (sans basculer dans la fantaisie SF poussive), The Door maintient en tout cas un véritable suspens constant, à peine essoufflé par de légères longueurs, imposant encore et toujours un Mads Mikkelsen exceptionnel.

La preuve s'il en fallait une que l'on peut toujours proposer en Europe de véritables thrillers fantastiques sans pour autant perdre son identité. A découvrir en tout cas avant que les Américains ne se le réapproprient.