The Revenant : un revenge movie sublimé [Critique]
Le 12/11/2020 à 14:19Par Lara Kornel
Sorte de western d’une violence éblouissante, splendide ode à la nature, The Revenant est un spectacle visuel et sensoriel sans égal, porté par un Leonardo DiCaprio au sommet de sa carrière.
Une éloquence silencieuse
Leonardo DiCaprio est Hugh Glass, et s’il n’a pas plus d’une douzaine de lignes dans le film, sa performance est saisissante et palpitante dans son éloquence silencieuse. Il traine son corps mutilé dans la neige, tombe d’une falaise, est emporté par des torrents gelés et se fait attaquer par des Indiens dans une suite impitoyable de péripéties qui seraient presque comiques si elles n’étaient pas aussi terribles... Une traversée de l'enfer qui se transforme au fil du temps en un regard sur la solitude et l’endurance, physique comme psychologique, de l’Homme.
Tourné de manière chronologique et uniquement en lumière naturelle, dans des régions reculées et des conditions de froid extrême, The Revenant a déjà acquis un statut de légende de par les récits de son tournage, qualifié par les acteurs comme un des plus intenses et des plus difficiles de leur carrière. Or c’est justement cette idée de la confrontation entre l’homme et la nature qui est au centre du film.
En effet, The Revenant est d’abord un hymne brutal au monde naturel et à son pouvoir hypnotisant qui nous entraine dès les premières images. Iñárritu et Emmanuel « Chivo » Lubezki, le chef-operateur à qui l’on doit notamment Birdman et Gravity, ont ainsi crée une expérience visuelle et sensorielle immersive, que ce soit lors de cette première bataille épique filmée en plan-séquence, lors de cette scène mythique dans laquelle Glass se fait torturer par un ours, ou tout simplement lorsque l’haleine froide du trappeur vient embuer la caméra. Ce qui aurait simplement pu être un autre drame man versus wild devient un véritable prodige cinématographique, dont le seul inconvénient serait peut-être que nous en sommes constamment conscients.
Si The Revenant cherche la transcendance à travers l’intensité, c’est justement grâce à sa beauté visuelle éblouissante qu’il l’atteint. Le film devient alors véritablement ce « poetic epic » qu’Iñárritu disait rechercher : une histoire poétiquement épique dont la puissance est toute entière dans la violence humaine et naturelle qu’elle parvient à sublimer.
Au cinéma le 24 février 2016.