The Ward
Le 23/06/2011 à 22:00Par La Rédaction
Notre avis
CRITIQUE THE WARD
Comment ne pas "trop attendre" de John Carpenter? Définitivement passé maître dans le film de peur, entre l'indémodable The Thing, le très tourmenté Antre de la Folie, le discutable mais incontestablement culotté Ghost of Mars ou encore les classiques Halloween ou Christine, John Carpenter ne pouvait qu'être attendu au tournant avec The Ward, annoncé comme un thriller réunissant tous les ingrédients du classique : la section "ravissantes jeunes femmes" d'un asile psychiatrique en proie à d'étranges manifestations surnaturelles...
Et le film démarre sur les chapeaux de roue, avec un enchaînement de scènes codées caractéristiques du genre : orage et éclairs illuminant par intermittence un inquiétant hôpital, des personnages aux pathologies stéréotypées (la névrosée, la bizarre, la terrorisée...), un personnel soignant glacial dont on suspecte d'entrée de jeu le sadisme et un scénario vu et revu : le héros (en l'occurrence la sexy Amber Heard), interné "sur un malentendu" et s'épuisant à démontrer "qu'elle n'est pas folle"...
En bref, un amoncellement de clichés qui aurait vite pu s'avérer fatal si sa maîtrise n'avait pas été parfaite, ce qui est, fort heureusement, l'une des qualités de John Carpenter. Une fluidité renforcée par l'impeccable jeu des actrices transcendant à merveille l'étroitesse de leur personnage, du moins sur le papier. L'impression de "déjà vu" ou de "déjà ressenti" devient ainsi très confortable, augurant un bon vieux film, sans forcément de grosse surprise, mais comme on les aime, sentant même déjà le cultissime. 10 ans après sa dernière réalisation, enfin : un nouveau John Carpenter ! L'excitation est au rendez-vous...
[ATTENTION : SPOILERS]
Une fois passé la captivante visite de l'hôpital et de ses "charmants" occupants, l'intrigue prend alors place mais sent vite, très vite, le coup fourré, autant en terme de réalisation que de scénario. Pour faire court : une ancienne pensionnaire, qu'on imagine décédée dans de bien vilaines conditions, hante les lieux et s'est mise en tête d'éliminer toutes ses anciennes camarades, pour on ne sait quelle raison. Pourquoi ? On ne vous le dira pas. Comment ? D'une manière exasperante: apparitions surprises au tournant d'un couloir, passages éclair à contre-jour et séances de tortures clichés vont rendre cette créature très rapidement insupportable. Manquant cruellement de charisme et sans aucun relief psychologique, la vilaine et méchante pensionnaire n'est finalement qu'un pion inspide dans un scénario qui, là encore, pêche à tous niveaux. D'abord parce qu'il ne nous tient franchement pas en haleine mais aussi, et surtout, à cause de son ambition : proposer un total retournement de situation en fin de film. Ces fameux twists, tant réussis dans quelques chefs d'oeuvre comme le Sixième sens (rappellez-vous : le mec est mort depuis le début, du coup ça change tout ! ) et autres Fight Club, Shutter Island et comparses. Malheureusement trop tardif (c'est aussi le principe) pour redonner un éclat au film, ce rebond s'assimile plus à une tentative de sauvetage qu'à une véritable ambition scénaristique.
Aurélien Kievitch