Tulsa King : le Sylvester Stallone mafia show - notre critique

Le 13/02/2023 à 23:13
Par Olivier Portnoi

 

Depuis 30 ans, Sylvester Stallone ne cesse de signer des comeback. Sly est increvable. Milieu des années 90, on l’avait dit dépassé et transformé en relique de la masculinité d’une autre époque. A tel point que même l'excellent Copland n'était pas parvenu à relancer sa carrière.

 

Mais fin des années 2000, Sly réalise et écrit coup sur coup Rocky Balboa et John Rambo, deux immenses films sur ses deux héros les plus mythiques.  Il enchaîne avec le concept Expendables puis se perd à nouveau dans les projets plus oubliables.

 

Jusqu'à Creed en 2015. Nouveau comeback de la légende Sly qui prouve une fois de plus que bien dirigé, il sait être touchant, juste et authentique. Son rôle dans le film de Ryan Coogler lui vaut une nomination aux Golden Globes et aux Oscars.

 

 

Mais Sly se perd à nouveau. Jusqu'à Tulsa King, énième retour d'une star increvable. A 76 ans, l'acteur ne semble jamais s'être autant amusé.

 

Aujourd’hui Stallone est en paix avec lui-même. Il n’a plus rien à prouver, s’impose comme l’un des derniers monstres vivants d'une certaine idée du cinéma de divertissement américain, s’excuse pour ses comportements d’antan sur ses tournages, regrette d'avoir été trop 'connard' pour collaborer avec de grands réalisateurs et est devenu BFF avec Schwarzy.

 

Stallone est désormais un papy tranquille (mais barraque) qui va à la gym, traine sous le soleil de Californie et de Floride et passe autant de temps que possible avec ses trois filles... sans jamais cesser de travailler et d 'annoncer des projets qui pour la plupart ne verront probablement jamais le jour (Demolition Man 2, Tango and Cash 2, un énième Rocky sans Creed, une série préquelle de Rocky et de Rambo, un film de boxe avec un jeune mexicain, son biopic rêvé d’Edgar Alan Poe….).

 

 

Il aura juste fallu un coup de fil de Taylor Sheridan (scénariste de Sicario, réalisateur de Wind River et désormais grand manitou des séries US depuis le carton de Yellowstone avec Kevin Costner) pour convaincre Sly d'accepter le rôle de Dwight Manfredi, dit le Général, vieux capo de 75 ans de la mafia new-yokaise qui vient de purger 25 ans en prison sans moufter.

 

Libéré, Dwight est envoyé malgré lui à Tulsa en Oklahoma, soit le "trou du cul du monde" pour un new-yorkais, encore plus un capo de la mafia.

 

 

Le Général va devoir bâtir un nouvel empire et s'entourer d'une bande de voyous atypiques et mal fagotés. Mais Dwight n’a plus les codes de son époque, est dépassé par le wokisme, les connaissances technologiques, les évolutions sociétales. Le décalage générationnel est flagrant pour ce vieux capo qui régle ses problèmes aux coups de poing.

 

De plus les gangs locaux, notamment les bikers, n'apprécient pas son arrivée sur leur territoire.

 

 

Pour la première fois de sa longue carrière, Stallone mène une série télé. Et grand bien lui en a pris !

Pour les fans, Tulsa King est un plaisir absolu, soit plus de 5 heures de Sly (9 épisode de 35 minutes) la gueule cabossée et botoxée, la démarche un peu raide mais toujours cool, l'air éternellement mélancolique, ses lunette de soleil sur le nez, buvant son café ou son whisky avec son air de cocker meurtri à qui il ne faut pas la faire à l'envers, balancant des punchlines dignes des années 90, séduisant les femmes et grimaçant le visage pétri par colère quand il faut envoyer les bourre-pifs de boxeur poids lourd.

 

 

Tulsa King permet à l’acteur de 76 ans d’user de tout son charme. Stallone, étriqué dans ses costards qu’ll ne cesse de remettre en place avec ses grosses paluches, donne vie avec un naturel et une aisance bluffante à Dwight Manfredi. Le septuagénaire n’a pas été aussi attendrissant depuis Rocky.
 

Stallone n’est jamais aussi bon que quand il incarne des personnages qui lui ressemble. Et Manfredi a beaucoup de Stallone. L’acteur a d’ailleurs exigé que le rôle soit moins violent qu’initialement prévu. Manfredi est certes un gangster à l’ancienne, mais ce n’est pas un psychopathe. Il a un sens de l’honneur, de la famille et fait office la plupart du temps de figure paternelle.

 

 

Stallone aime les anti-héros en quête de rédemption. Manfredi voit en Tulsa une chance de se racheter. Notamment auprès de sa fille qu'il a délaissé. Vous l'aurez compris, Sly est l'atout essentiel de cette série qui n’est pas la grande fresque mafieuse que l’on aurait rêvé de la part de l'auteur de Yellowstone et du showrunner de Boardwalk Empire.

 

Tulsa King surprend par son côté léger parfois proche de la parodie. Le scénario a clairement été écrit pour permettre à Stallone de développer toutes les facettes de son jeu d'acteur.

 

Bourrin quand il le faut (malgré un manque d'écriture flagrant en ce qui concerne les méchants), souvent fun, Tulsa King cabotine parfois mais se révèle attachante et diablement divertissante.

 

 

Le naturel de Sly nous fait d'autant plus regretter qu’on ne l’ait jamais vu chez un Tarantino, un Scorsese ou un De Palma. 

 

 

Aux côtés de la légende, Andrea Savage (iZombie) campe Stacy Beale, flic de l'ATF, Jay Will (Evil) est Tyson, un chauffeur de taxi apprenti mafieux, Martin Starr (Silicon Valley, Party Down) est Bohdi, gérant d’un magasin de weed. On retrouve aussi Vincent Piazza (Boardwalk Empire), Domenick Lombardozzi (The Wire), Garrett Hedlund (Triple Frontière) ou encore Dana Delany (Desperate Housewives, Body Of Proof).

 

Tulsa King marque le début d’une collaboration entre l'acteur et Paramount+. Non seulement une saison 2 de Tulsa King est annoncée (sans Terence Winter néanmoins parti pour des "différends créatifs"), mais une série de télé réalité en 8 épisodes autour de la famille Stallone est programmée pour 2023. 

 

 

 

 

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