Twilight Chapitre 5

CRITIQUE : TWILIGHT CHAPITRE 5

Jusqu'à présent, donner un avis sur un film estampillé Twilight sans se mettre une partie du lectorat à dos relevait de l'épreuve de force. Une époque révolue avec ce Twilight  Chapitre 5 : Révélation 2e partie, un épisode qui devrait faciliter la tâche des critiques... Le quatrième film rompait radicalement avec le genre du teen-movie et faisait entrer le trio (Edward, Bella et Jacob) dans l'âge de raison. Le temps de la maturité et de l'engagement était venu. La série avait habilement négocié ce virage en proposant un spectacle plus mature, en partie libérée de la mièvrerie qui caractérisait les débuts de la saga. Le film comportait des moments tragiques, durs comme l'impact que la vie peut avoir sur chacun d'entre nous lors de l'entrée dans l'âge adulte (on pense surtout à la terrible scène de l'accouchement de Bella). Bill Condon, qui reste aux manettes de cet épilogue, a donc tout loisir de poursuivre dans la direction qu'il a lui-même initiée. Alors Twilight Chapitre 5 : Révélation 2e partie, s'avère-t-il un final aussi mémorable qu'annoncé ?

Cette fois ça va vraiment saigner !

Twilight 5 reprend exactement là où l'opus précèdent s'était arrêté à savoir au moment où Bella, sur son "lit de mort", ouvre les paupières dévoilant des iris rouges sang, témoignage de sa métamorphose en vampire. Dès le départ, le réalisateur oscarisé pour Ni Dieux Ni Démon titille la corde sentimentale et la nostalgie des fans en leur assénant un medley des thèmes musicaux issus des films précédents. Naturellement, la première partie de ce chapitre final est consacrée à la nouvelle Bella. La jeune femme redécouvre le monde à travers les yeux de la créature qu'elle est devenue. Ses sens sont exacerbés, sa force décuplée, tout comme sa vitesse. Visiblement épanouie, la jeune fille autrefois austère et fragile est devenue une prédatrice à la sensualité (et la sexualité) débordante. Kirsten Stewart (Bella) est resplendissante. Elle affiche un réel plaisir à évoluer avec l'aisance d'un vampire. Extravertie comme jamais (dans Twilight s'entend), la jeune actrice enterre avec un plaisir non dissimulé l'adolescente un poil barbante qu'elle incarnait dans les quatre premiers films. Autant de temps que l'interprète de Blanche-neige a mis à profit pour véritablement s'approprier le rôle.

Les différences désormais aplanies, les amants aussi se redécouvrent, s'en donnant véritablement à cœur joie pour la première fois de leur histoire. La naissance de leur fille, Renesmée (Mackenzie Foy), n'a pas seulement scellé l'union du couple, elle a également apaisé les tensions entre Jacob et Edward et, plus globalement, entre loups-garou et vampires pour finalement transformer les différents clans en une seule et même famille, unie dans l'adversité. Cette belle cohésion va néanmoins rapidement être mise à l'épreuve lorsque les Volturi apprennent la naissance de la petite, qu'ils croient immortelle (ce qui est formellement interdit et synonyme de mort pour l'ensemble du clan Cullen). Le temps est alors venu de protéger la famille qu'ils ont tant bien que mal réussi à fonder. C'est là tout le propos de ce Twilight 4 bis.

Twilight, une histoire de famille

Car il s'agit ni plus ni moins d'un « Twilight 4 bis ». Comme si Bill Condon et la scénariste Melissa Rosenberg avaient eu bien du mal à occuper les deux heures que durent le film avec ce que l'histoire originale avait encore à raconter. On ressent clairement que l'œuvre de Stephenie Meyer n'en a plus beaucoup sous la couverture et on en vient à se demander si l'histoire n'aurait pas pu être bouclée en prolongeant simplement le film précédent. Conscient du problème, le metteur en scène mise tout sur LA bataille finale. L'intégralité du film n'est que la préparation de ce moment fatidique (rassemblement des troupes, entraînement...). L'apogée est atteinte avec la tant attendue confrontation dans la neige avec les Volturi (on a tous vu les bandes-annonces). Rencontre qui dégénère en une scène complètement folle offrant certaines images étonnamment violentes. Mais force est de le reconnaître, ce grand déballage répond plus au besoin de fournir une aura épique et, plus accessoirement du contenu à la bande-annonce, qu'à une quelconque nécessité scénaristique. Cela dit, ne nous voilons pas la face, ce que tout spectateur (hors fans absolus) attend de l'épilogue d'une saga d'une telle ampleur, c'est du sensationnel, de l'époustouflant, de l'épique bref, quelque chose qui laisse sur le cul ! (Harry Potter et les Reliques de la Mort Partie 2 avait mis la barre très haut dans son genre, l'été dernier...) Eh bien qu'on se le dise, les têtes tombent par dizaines lors du combat final ! Mais que les plus puritains se rassurent, grâce à un twist disons...osé (et validé par Stephenie Meyer), l'esprit propret de la série est finalement sauf.

Twilight Chapitre 5 : Un final musclé

Twilight Chapitre 5 : Révélation 2e Partie bénéficie en plus d'une photographie extrêmement soignée. L'hiver qui s'abat sur les forêts de l'État de Washington (celles de Colombie Britannique en réalité), initialement propices à la contemplation, offre matière à des plans d'une beauté indéniable. C'est tellement dommage qu'une si belle toile de fond soit altérée par des effets spéciaux toujours un peu cheap (l'une des éternelles faiblesses de la série, malgré le budget croissant), exception faite de l'apparence des loups-garou, grand merci au studio Tippet. Les mouvements des vampires peinent à convaincre ce qui, fatalement, nuit à l'immersion, a fortiori lorsque le script inclue un règlement de compte entre une cinquantaine de suceurs de sang. Pas la peine d'évoquer le modèle 3D de Baby-Renesmée, tout droit sorti d'un cauchemar de James Cameron. Mais peut-être est-ce être trop exigeant envers une série qui n'a jamais fait des effets spéciaux son fond de commerce. Cet ultime Twilight est donc, à l'image de la pas-si-petite Renesmée, un épisode hybride. Il conserve l'identité propre à sa lignée, et malgré quelques faiblesses, s'impose comme le film le plus accessible et divertissant de la saga.