X-Men Days of Future Past : le blockbuster de l'été ? [Critique]
Le 20/05/2014 à 19:48Par Romain Duvic
X-Men: Days of Future Past : la critique du film
Propos : Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants.
"Magneto et le Professeur X abattent leur dernière carte : Wolverine"
Le prologue est sombre, brumeux : c'est un futur proche post-apocalyptique, peu reluisant... Les mégalopoles ne sont plus que ruines, vestiges d’un affrontement planétaire sans-pitié. Traqués inlassablement par les Sentinelles - des robots indestructibles – les mutants, de même que l’espèce humaine, qui a osée se rallier à sa cause, dépérissent désormais lentement, entassés dans de gigantesques camps de concentration. Bryan Singer est de retour aux commandes, et cela se sent. Si les juifs d’Auschwitz, ceux qu’il représentait en introduction d’X-Men il y a quatorze ans, n’ont eu aucun répit, une poignée d'irréductibles, parmi lesquels nos héros, parvient cette fois encore à retarder l'inévitable. Il n'y a cependant plus aucun futur pour eux dans ce monde-là, au point que Magneto et le Professeur X, alliés de circonstances, décident d’abattre leur ultime carte : envoyer Wolverine les alerter un demi-siècle plus tôt afin de tuer dans l’œuf le projet Sentinelle… Et éviter la Troisième Guerre mondiale.
"Le rapport très personnel de Singer au comics est une nouvelle fois prégnant"
Parler d'X-Men: Days of Future Past, c’est évoquer une oeuvre profondément ambivalente. A la fois suite linéaire du rafraîchissant X-Men : Le Commencement – un temps considéré comme simple prequel à part - et petit frère spirituel du formidable X-Men 2, ce cinquième opus (en omettant les 2 spin-off consacrés à Wolverine) mêle en effet le casting du premier aux thématiques du second. Outre l’incontournable Hugh Jackman, qui n’est pour une fois qu’une star parmi les autres, on retrouve ainsi, dans les premiers rôles, les convaincantes têtes d’affiche du précédent opus (Michael Fassbender, James McAvoy et Jennifer Lawrence), une décennie plus tard. La Crise des missiles de Cuba fait partie du passé, place maintenant au seventies et ses versions altérées de la Guerre du Vietnam et de l’assassinat de JFK. Les onze années écoulées ont cependant fait éclater le trio. Charles Xavier est un homme brisé, encore plus moralement que physiquement. Magneto est tenu à l’écart de la société et n’a jamais semblé aussi impuissant. Mystique, elle, s’apprête à commettre l’irréparable. À Wolverine donc, diminué une fois encore par de douloureuses réminiscences, de faire comprendre au deux premiers, particulièrement sujets aux réactions épidermiques, qu’il est impératif d’intercepter la métamorphe à temps, s’ils souhaitent s’offrir un futur différent du sien. Le rapport très personnel de Singer au comics est ainsi une nouvelle fois prégnant, alors qu’il dépeint une époque où les mutants, métaphore à ses yeux de tous les peuples opprimés, commencent à être progressivement désignés comme la plus grande menace de la société. L’occasion rêvée pour le cinéaste de remettre au cœur de la saga la rivalité entre les deux leaders de la race X, aux idéologies contraires, et de raconter leur ascension.
"Les terribles affrontements face aux Sentinelles jouissent d'une chorégraphie ingénieuse"
C’est donc avec une trame très ambitieuse, adaptée par Simon Kinberg, que le réalisateur des deux premiers volets fait son come back. Et s'il n'y a, à priori, rien de plus risqué que d’incorporer des voyages temporels dans une saga qui compte déjà tant de faits établis, on ne peut que constater au terme des 2h10 de spectacle la cohérence sans faille du récit. Mieux, en se fixant ce véritable défi, Singer donne à son blockbuster une envergure bien supérieure à nombre de ses concurrents. Loin de se cantonner au simple registre du film de super-héros, Days of Future Past est un véritable film d’anticipation à la fois sombre et fun, s’autorisant même quelques embardées vers des sous-genres plus exotiques (buddy movie, film de casse). Si les terribles affrontements futuristes face aux Sentinelles, à la chorégraphie ingénieuse, iront jusqu’à impressionner les plus jeunes par leur brutalité - Bishop, Iceberg, Blink et consort y laissent quelques plumes - d’autres séquences apportent au contraire une touche d’humour irrésistible. C’est notamment le cas d'une grandiose scène consacrée au Vif-Argent, tournée à l’aide d’une caméra Phantom capable d’enregistrer 3600 images par secondes, nous rappelant au passage que nous sommes face à ce qu’il se fait de mieux à l’heure actuelle d’un point de vue technologique.
"L'épisode le plus abouti de la franchise"
Véritable lettre d'amour aux fans de la première heure qui multiplie clins d'oeil et références aux précédents opus, X-Men: Days of Future Past constitue sans l'ombre d'un doute l'épisode le plus abouti de la franchise. Et le miracle veut que, s'il se suffit amplement à lui même, on attende déjà avec impatience sa suite, annoncée dans la furtive scène post-générique...