Critique : Chiko, l'héritière de Cent-Visages - Episodes 1 à 11

Chiko, l'héritière de Cent-Visages est une série en 22 épisodes issue du manga Nijû-Mensô no Musume créé par le mangaka Shinji Ohara. Commencé en 2003, le manga compte huit volumes à l'heure actuelle au Japon. La série animée a quant à elle été diffusée entre avril et septembre 2008. Il fallait oser reprendre le thème d'Arsène Lupin créé en 1901 par l'écrivain Maurice Leblanc pour le réinterpréter de cette manière. Déjà exploité à maintes reprises, ce sujet avait en l'occurrence été animé avec brio par la truculente série Lupin III alias Edgar de la cambriole. On note à ce titre que le talentueux réalisateur de Chiko, l'héritière de Cent-Visages, Nobuo Tomizawa, a justement collaboré aux films Lupin III. La série revisite le mythe du gentleman cambrioleur, mais contrairement à son confrère Lupin, Chiko ne joue pas sur le comique de situation et préfère se pencher avec plus de réalisme sur la nature humaine, avide de reconnaissance et de richesses.

Chizuko Mikamo est une jeune orpheline de 11 ans élevée par son oncle et sa tante. Afin de s'accaparer la fortune familiale des Mikamo, ils tentent peu à peu de l'empoisonner. C'est alors que 100 visages (Nijû Mensô), un célèbre voleur, lui propose de rejoindre son groupe de bandits au grand coeur...

Chizuko est une jeune fille effacée et repliée sur elle-même, qui parvient à s'évader de son cruel milieu familial en dévorant des romans policiers. Grâce à ses lectures, elle découvre les tentatives d'empoisonnement à répétition de son oncle et de sa tante sur sa personne. Le premier volume de Chiko, l'héritière de Cent-Visages évoque dans toute sa splendeur Arsène Lupin, l'élégance et le flegme du gentleman cambrioleur incarnés. Le thème musical en fond à consonance jazzy de Kazunori Miyake, rappelle de son côté instantanément celui de Lupin III. Si la légèreté est de mise dans les premiers épisodes, la tonalité devient ensuite beaucoup plus sombre et s'oriente vers le fantastique, certains des personnages ou plutôt créatures hybrides n'étant pas sans évoquer Fullmetal Alchemist. L'interdiction au moins de 12 ans préconisée par l'éditeur pouvait au départ sembler inappropriée, mais elle trouve par la suite sa justification par les événements tragiques animés de façon réaliste qui surviennent brutalement à partir du sixième épisode.

On suit avec beaucoup d'intérêt les aventures de cette sympathique et attachante bande de voleurs. Ce premier coffret se déroule sur une période de deux ans, et on prend plaisir à voir grandir et évoluer les personnages, notamment celui de Chiko, la plus jeune du groupe. Timide et effacée dans un premier temps, elle prend de la consistance et s'affirme au gré de ses tribulations. Curieux mélanges de genres, Chiko, l'héritière de Cent-Visages allie avec une certaine réussite le drame, le policier et le fantastique. On admire par ailleurs le chara design élégant et épuré de Koichi Horikawa qui avait collaboré à la série Witch Hunter Robin en tant qu'animateur clé et à Wolf's Rain au poste de directeur d'animation.

Chiko, l'héritière de Cent-Visages ne paie pas de mine au premier abord, mais au fil des épisodes cette série fascine de plus en plus tout en nous réservant de belles surprises.